La version de
toi que je n'ai pas rencontré est déjà et trop tard l'amplificateur de mes
envies. En ce qui me concerne, tu es, à confirmer, une odeur, une chevelure, un
graff de Basquiat, une esquisse de Manara, un tag de Miss Tic, un buste noir et
blanc de Doisneau, une image dans le rétro car, si tu freines au panneau stop,
quand à moi c’est souvent au panneau trop tard.
Définitivement tu m’as donné l’envie de te
renaître et de te recommencer, de te calmer et de te combler, d’être et de
devenir un marque page entre tes rêves ou un index obéissant, j’ai des envies
de garde à vie, de répondre à toutes tes questions à genoux, les mains attachées dans le
dos, un spot et des baffes dans ma tronche de petit frimeur et je te dirais
tout, que tu sois la petite marchande d’allumette qui met le feu au bûcher de
ma vanité, d’être au chevet de ta table, sous ta coupe, dans la lie jusqu’au
cou, dans ton lit, dans tes draps, dans tes bras, que je paie à toi et à toi
seule pour celle(s) que j’ai abandonnée, qu'enfin j'expire pour le pire et j'exhale le meilleur, de te faire des
pennes aux légumes croquants pendant que tu corriges ma copie, que tu mettes
des compléments d’objet à mes phrases qui manquent de souffle, que tu
m’étrécisses et que tu m’allonges, d’essuyer tes lunettes et trier tes
lentilles devant les larmes de mes ratées, de nettoyer tes philtres de pouvoir
et les filtres de mon enthousiasme, de prendre les patins et de t’en rouler un à s’en
lasser la langue parce que l’on achève bien les chevaux, de haïr les dimanches
et d’aimer les bacs à sable, d’avoir un chien docile et ta féline impudique, un
frigo plein et une télé éteinte, que tu me rappelles ce que je ne savais pas,
que tu sois ma mémoire et mon avenir, d'être ce couple déjanté, asymétrique et
étrange, pas pour choquer mais juste parce que c’est comme ça un point c’est
tout, d'être rebelle et docile, d’avoir 11 ans de moins et un monospace avec un porte gobelet et des entailles pour mettre la monnaie, des
mômes sur la banquette arrière et partir dans les embouteillages avec les
autres cons, tenir ma promesse de te faire la higway Los Angelès/ Tijuana à
fond les ballons avec Poncherello aux fesses, j’ai aussi des envies de
cocktails officiels et de bals masqués libertins, caresser et jaillir, plonger,
éclabousser, tarir et étancher, froisser et repasser, aller et venir, de bander
et de fondre, danser avec les stars on the dark side on the moon , être dans
tes bras et un film de Woody Allen à danser sous la pluie un jour à New York avec toi et Jean Louis Aubert, chanter la Marseillaise et faire le
tour du monde dans tes valises d'Azzopardi, être l’eau de ta soif et toutes les
pintes des comptoirs de Paris avec modération, cesser le braconnage mais
garder une balle pas perdue pour tout le monde, de courir en zig zag pour les
éviter, mentir dans mes jours mais jamais dans tes nuits, tondre ton gazon
maudit, balayer devant ma porte et sonner toujours deux fois en jouant au
facteur sur la route de Madison, être celui qui posera sa veste sur tes épaules
quand tu auras froid et la vague qui te soulèvera quand tu auras chaud, la
fenêtre dans ton mur, la porte de ta chambre, la clé de ta serrure, deviner la
faiblesse cachée de tes peurs enfantines et soigner tes genoux écorchés, être
ton voisin de plumard quand
l’intense besoin de protection parfois étreint la femme la plus forte à l’extinction
des feux et savoir être inébranlable quand tu voudras être impénétrable
D’être ta montagne et mon sommet en pente douce D’être le piton de ta fournaise et la ré-union de nos désirs
D'être le découvreur des sources de ton Nil
D’être les 21 grammes de ton âme envolée D'être les mots et l'eau à ta bouche
D’être magnanime quand je serai cocu
D'être fier et d’avoir honte
D’être l’eau de parfum à la source de ton cou et merci la pesanteur
D’être ton prochain et ton futur
D’être
