Magazine Société

Prendre le signalement de l'univers, de Françoise Gardiol

Publié le 28 décembre 2019 par Francisrichard @francisrichard
Prendre le signalement de l'univers, de Françoise Gardiol

Le titre de ce livre de pérégrinations en Iran, l'ancienne Perse, Prendre le signalement de l'univers, est tiré d'une formule lumineuse de Théophile Gautier, ce voyageur enthousiaste du XIXe siècle.

L'auteure, Françoise Gardiol, ethnologue, s'est rendue en 2016 dans ce pays diabolisé, en compagnie de Gérard, un ami complice en expérience professionnelle. C'était pour faciliter rencontres et démarches...

Elle est ainsi partie à la découverte de ce carrefour des événements de l'Histoire, comme était surnommée la Perse au XVIIe siècle, certes en compagnie de Gérard, mais sans guide:

Comment communiquer avec des interlocuteurs aux parlers inconnus, comment goûter une cuisine nouvelle, comment se déplacer en bus locaux, comment repérer son chemin sur un territoire étranger, autant d'initiations passionnantes.

Ce sont des initiations passionnantes parce qu'elles permettent la rencontre de l'autre et l'échange. Françoise Gardiol suit en cela ce que disait Montaigne: Je voyage sans livre ni en paix ni en guerre.

Ce n'est qu'après le voyage effectué qu'elle lit sur le pays visité et s'inspire très modestement de ce qu'en disent les pages des philosophes, des historiens et des poètes d'hier et d'aujourd'hui.

Hormis au bord de la Caspienne, lors de ses rencontres elle est frappée par la douceur du parler de chacun dans un farsi [qu'elle] écoute comme une musique et par une attention bienveillante qui ouvre sur l'échange.

Dans un musée à Chiraz, elle est éblouie par une galerie impressionnante de quarante savants et penseurs, qui ont écrit des ouvrages érudits entre le IXe et le XVe siècle, dans la continuité de la science grecque:

Une totalité de savoirs, une plénitude de pensée, une ouverture d'esprit, une créativité intellectuelle, une curiosité scientifique, un talent d'innovation.

(Les sciences se sont développées effectivement bien plus tard en Occident et ont alors dépassé celles d'Orient, avant qu'elles ne soient peut-être à leur tour dépassées par elles...)

De même, autre exemple, est-elle impressionnée à Yadz par la vie souterraine en étages des habitations et par leurs tours carrées ou rectangulaires qui pointent vers le ciel: c'est, dit-elle, ébouriffant d'air et d'inventivité.

Ces particularités architecturales sont effectivement une adaptation climatique, car l'air frais y descend et l'air chaud en remonte à partir d'un petit bassin d'eau situé tout en dessous...

Dans ce livre, l'auteure raconte son périple dans l'Iran d'aujourd'hui, de Téhéran à la Caspienne, en passant par Chiraz, Persépolis, Yadz et alentour, Esfahân, Kashan. Mais elle ne voyage pas seulement dans l'espace mais aussi dans le temps: 

Quand mes yeux regardent un paysage, ils ne s'attachent pas à un instant photographique du présent.

Son intention est à la fois de fouiller l'humble tissu de la vie quotidienne et de plonger dans l'épaisseur de l'Histoire. Comme elle n'en reste pas au stade de l'intention, elle peut affirmer:

Les lieux visités, au contraire de cimetières, se révèlent des paysages composites de signes et de passions, vibrants de vie et ouverts sur le futur.

Et, comme l'accompagnent le respect pour l'humain, la dignité de l'autre, la tolérance du différent, elle ne peut que s'enrichir personnellement et les autres avec elle:

Le voyage c'est aller de soi à soi en passant par les autres, comme l'expriment les Touaregs.

Francis Richard

Prendre le signalement de l'univers, Françoise Gardiol, 304 pages, Éditions de l'Aire


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine