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L’âge adulte.

Publié le 01 janvier 2020 par Toiletteintime @toiletteintime

Et 2020 vint.

Dans les années 80 (qui sont un peu la préhistoire pour la génération Z et les fans de Stranger Things), 2020 était surtout de la science-fiction pour nos yeux d’enfants troublés par les écrits de Ray Bradbury, George Orwell, par Blade Runner, Alien ou Star Wars (les 2 premiers, les seuls et uniques !!)

Des planètes habitables, des fusées, des robots et des voitures qui volent.Aujourd’hui la planète est quasi inhabitable, les humains sont devenus des robots et on nous vole toujours nos voitures diesel. 2020, dans la réalité, ressemble plus au Moyen-Age qu’à un bon film d’anticipation. L’être humain, ne sachant pas, à priori, anticiper quoi que ce soit. Son mode de vie actuel est archaïque. Mais confortable. Alors pourquoi en changer ? (attention, ce texte s’adresse aux nantis qui ont accès à Internet et accessoirement à l’eau courante !).

Mais comme Mask Singer, comme la transparence en politique, la monogamie, la renaissance de la gauche, le retour de Sheila ou la victoire du PSG en Ligue des Champions, tout ça est voué à l’échec. L’humanité ne pourra jamais être heureuse en cherchant un paradis ailleurs que celui qu’elle est en train de défoncer tranquillement depuis des siècles en attendant la retraite à 78 ans. L’humanité ne pourra pas s’épanouir raisonnablement tant qu’elle n’aura pas atteint l’âge de raison. L’âge adulte. Qui lui permettra, enfin, d’utiliser la globalité de son cerveau pour des causes plus grandes que la chasse aux Pokemons, les soldes du Black Friday, les films Marvel, les filtres Snapchat, le menu du réveillon, les visites à Disneyland, les vacances au Cap D’Agde, les parties de Fortnite, les rides en trottinette ou les visites à l’Eléphant Bleu le dimanche.

L’humanité a 14 ans d’âge mental, cet âge ingrat où tout est noir, où l’on ne sait pas qui l’on est, où l’on veut mourir un jour et devenir star le lendemain. Puis remourir. Cet âge médiocre où l’on ne regarde plus les choses avec ses yeux d’enfant, mais avec ceux d’un presque adulte que la vie, l’éducation et la rue sont venus salir à coup d’idées et de concepts plus ou moins viables, plus ou moins violents, plus ou moins constructifs. A coup d’habitudes, d’éducation, de routine et de traditions qu’il ne faut en rien changer parce que c’est notre ADN (la misogynie, la torture, l’esclavagisme, les guerres, la tauromachie, la prière, la lapidation, Noel, la pédophilie, les vœux, la beauferie, le racisme, la Ve République…)

Cet âge où l’on ne sait rien, mais où l’on pense tout connaître et tout maîtriser pour devenir quelqu’un. 200 000 ans d’évolution, d’apprentissage pour arriver à ça. Une régression sans précédent : en 2020 on continue à manger ses crottes de nez en attendant les Tuche 4, une nouveau Top Gun, la dernière console Nintendo ou la reformation d’Oasis. Triste monde qui ne vit que dans la nostalgie, le regret de n’avoir pas vécu, de n’avoir pas pu faire, de n’avoir pas su dire, de n’avoir pas aimé…Qui ne vit que dans la peur de la mort en refusant de vivre à fond l’instant présent. En 2020, Jean-Jacques Goldman est toujours la personnalité préférée des français. Devant Sophie Marceau. Comme si rien ne s’était culturellement passé depuis 1986. A part Jul et Plus Belle la vie je veux dire. Pas de Benalla, pas de Balkany, ni de Manuel Valls…Avec Matzneff et Carlos Ghosn, la France finit 2019 à son meilleur. Avec ses plus dignes représentants. Mais peut-on encore élever le débat quand on file la Légion d’Honneur à Gilbert Montagné ? Qui ne l’a pas vue venir.

L’être humain n’a aucun avenir. Et le fait qu’il le sache le rend encore plus con. C’est plus rassurant de construire des abris anti atomiques, de faire des stocks de sucre, de bâtir des murs et de protéger sa propriété privée avec des pièges à loups plutôt que d’envisager sereinement de changer un peu ses habitudes, de rencontrer « l’autre », ce fils de pute puis d’aller voter pour Bernie Sanders ou n’importe quelle personne qui n’aurait aucune accointance avec ce monde politique en déliquescence, avant qu’elle n’ait un accident de vélo…

La bêtise est l’unique fléau qui détruira ce monde. La culture et le rire sont les seules armes qu’il nous reste pour la combattre. Et on le fera tant que des scènes, des micros et des bras resteront ouverts pour nous accueillir. Pour en ressortir grandis, plus légers et plus riches, il est des valeurs simples dans lesquelles on peut encore investir. Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid, ni d’acheter un dvd des Enfoirés. Donnez un peu de votre temps et de votre argent pour les autres : je vous rappelle que l’on est tous intermittent du spectacle.

En espérant que nos routes se croisent alors cette année ici ou là, et que dans un grand éclat de rire, 2020 ne soit pas une année en vain.

Take Care.

L’âge adulte.


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