Certains de mes billets donnent lieu à des interprétations erronées. Ce qui est facile à expliquer. Je me parle à moi-même. Mes billets sont donc une étape de ma réflexion. Mais les étapes d'avant n'apparaissent pas toujours. Ce qui est d'autant plus traître que j'avance généralement par contradiction avec moi-même.
Il semblerait que Proudhon ait souffert de ce type de difficultés. Par exemple, on a cru qu'il soutenait Napoléon III, lorsqu'il l'attaquait. Mais, plus étrangement, alors qu'il publiait comme il respirait, et que chacune de ses oeuvres comptait des centaines de pages, que l'on a encore du mal à percer, il semble avoir été compris par les gens les moins éduqués, justement ceux à qui il s'adressait.
Il y a plusieurs façons d'interpréter un texte. Le facteur déterminant est la confiance en celui qui l'a recommandé, ou en son auteur. Surtout, le texte arrive chargé de tout ce que l'on sait de ce dernier. Savoir que Marc Aurèle était (plus ou moins) un stoïcien change tout au décryptage de son oeuvre, par exemple.
Voilà pourquoi il n'y a pas d'oeuvre sans vie, et se prétendre historien est une gageure ?