Magazine

Fin de Moi difficile

Publié le 04 janvier 2020 par Alexcessif
Fin de Moi difficile Au début du Moi j’étais à Orléans et la fin de celui de Décembre s’annonçait difficile.
Mon mouroir de Chartres était à portée de bus mais j’avais envie d’une gare. Paris encore, Paris toujours, Paris clignotait. J’optais pour le rail et entrais avec les loups dans Paris. A Montparnasse la meute était en grève et je marchais vers une autre gare.
Lyon ! Il y avait un train pour la ville éponyme. Sans brosse à dents, sans autre vêtements que ceux que je portais mais avec mon pépin qui me protégerai de la pluie et des emmerdements, je prenais un aller simple pour cette ville.
Une Lyonne innocente et solitaire avait attiré mon attention et m’ouvrit la porte de sa chambre après quelques négociations autour d’une pinte aux pieds de La Croix Rousse. J’étais un clébard affamé sans gite et sans couvert et nous bûmes jusqu’à la lie l’altérité de nos deux désespoirs. Pour soigner ma dernière rupture j’avais choisis sans trop réfléchir la calinothérapie plutôt que la longue jachère habituelle. La chatte est devenue chienne à s’éprendre à mon cou énamourée et comblée que j’en tire autant avec enthousiasme. La lionne était une tigresse une laisse dans la poche et moi un chien sans collier qui n’aimait pas les indiscrétions sur mes vies antérieures et sa curiosité par-dessus mon épaule. Cela faisait une semaine que j’habitais chez elle et le même slip. Je prenais donc la fuite par le midnight express en oubliant mon parapluie. Cette ville était le témoin d’autres de mes crimes pas de sang mais de dérobades …
…Bien décidé à ne plus faire de prisonnières, je n’entendrais plus la douleur des cœurs qui se brisent. Même si je n’en avais pas moins du sang sur les mains, j’avais décidé de ne m’agenouiller que pour cueillir des roses. Je sortais de la gorge de diva d’une Vénus issue de la cuisse de Jupiter et je ne supportais plus désormais que des rires écorchent mes oreilles.
Cette fois j’avais posé une grosse valise et mon envie de solitude à Bordeaux Galerie Tartry.
Comme à Orléans, Paris et Lyon j’étais au bord des rails. Locavore de ceux du tram, je prendrai le sens de la marche du premier qui arrivera.
Berges de Garonne ou Saint Michel ?
Berge de Garonne !
Je croyais franchir le Rubicon au pied de la cité du vin, c’était l’Achéron.
Nous étions samedi et les résistants bataillaient encore il y a peu pour la survie du bureau de poste de Bacalan.
A la station Brandenburg je devenais le périèque écoutant la leçon péripatéticienne de ce boulevard périphérique : la poste était ouverte et je constatais leur victoire. Ils avaient gagné et moi perdu une occasion toute neuve de come back . La Garonne, le port des pêcheurs, la vie de quartier s’écoulait sans moi et mes remous.
C’était la première leçon.
Il était presque midi. Un quignon de pain acquis chez Laugery plus tard je repartais vers Saint Michel.
Dans le tram un enfant que je fus dévisageait mystérieusement le vieux qu’il sera. Une jeune femme détaillait discrètement ma béatitude désabusée, à mon insu crût-elle. Dans ma vision périphérique l’ animal de compagnie dont elle était armée, ou encombrée, de taille standard avec une barbe de rebelle monocouille qui s’arrête aux feux rouge, marquât son territoire en l’enlaçant.
Nos regards se croisaient chaque fois qu’elle scannait la fréquence des mâles aux alentours victimes consentantes de l’effet discret de sa beauté, heureuse de la charmante certitude d’être aimée d'un seul et de plaire à plusieurs en toute innocence. Ses lèvres d’un rouge Picasso nuance Paloma, seul artifice de son visage, m’offrirent un sourire clandestin et nous nous quittâmes avec un dernier regard de complice sans forfaits vers la station Saint Michel.
Place Meynard je passais devant le Chat vert/ Chat noir, omettant son thé à la menthe et quelques souvenirs puis entrais chez Georges où je savais trouver un café à un euros afin de marquer un juste équilibre avec celui du Royal Cambronne cinq fois plus cher dans la capitale.
Je me demandais s’il y avait des barricades cet après midi à République puisque j’avais raté la banderole de Bacalan ce matin quand je sentis dans ma poche une main qui ne m’appartenait pas : j’avais ainsi la confirmation rédhibitoire, déprimante et irréversible que je ressemblais à un touriste.
Je n'étais plus bordelais!

C’était la seconde leçon !
De ce constat je décidais de partir et d’aller déranger les pierres, d’aller faire la peau à d’autres mystères pour sauver la mienne.
D’aller ailleurs mourir les yeux ouverts, le nez au ciel comme un mendiant, changer le visage de mes nuits et du temps faire mon affaire*.
Paris encore, Paris toujours, Paris clignote plus que jamais

*Quelques paroles de chansons: "Déranger les pierres"

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alexcessif 80 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte