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Les Rois Mages. Souvenir du 1er octobre 1862. Un poème de foi divine et d'amour humain

Publié le 05 janvier 2020 par Luc-Henri Roger @munichandco

Les Rois Mages. Souvenir du 1er octobre 1862. Un poème de foi divine et d'amour humain

L'adoration des mages par Matthias Stomer


LES ROIS MAGES
SOUVENIR DU Ier OCTOBRE 1862.
PARIS — LE TROISIÈME JOUR DE JANVIER 1863.
A vous pour qui je passerais  La nuit à chercher votre étoile,  Espérant y trouver vos traits  Que le sommeil, hélas ! me voile ,  Touchants attraits !
I.
Le monde était en deuil; le Fils de la promesse  N'avait point vu le jour, et dans l'obscurité,  Le regard vers le ciel, l'homme cherchait sans cesse  L'Homme-Dieu qui devait sauver l'humanité.
Les temps étaient venus! —Des quatre points du monde,  Quatre rois, dans la nuit, virent l'étoile aux cieux;  Et, bravant les déserts, les montagnes et l'onde, I Ils suivirent l'étoile apparue à leurs yeux.
Ils apportaient l'encens, l'ambre, l'or et la myrrhe,  Dons les plus précieux de leur royal trésor.  Pour le Messie, heureux, ils quittaient leur empire,  Et leurs cœurs entraînés eussent fait plus encor.
Et plus ils avançaient, plus l'air chantait l'ivresse;  Plus leurs pleurs d'autrefois s'essuyaient en marchant,  Plus leur âme s'ouvrait à la chaste allégresse;  L'amour chantait en eux comme un Noël touchant.
Au bourg de Bethléem, l'étoile enfin s'arrête!...  Sur la crèche elle jette un éclat merveilleux;  De la rédemption l'oeuvre sublime est prête;  L'enfant est né! Jésus resplendit devant eux!
Ils se sont prosternés dans leur amour immense;  L'étoile se confond avec le feu divin;  Ils offrent leurs présents, et leur tendresse encense  Celui-là que jamais on ne supplie en vain!
II.
Vous en souviendrait-il? — Aux jours de l'espérance,  Quand l'étoile, à mon ciel, brillait dans sa splendeur,  Du mage j'avais pris le rôle en ma croyance,  Et vous étiez l'enfant promis par le Seigneur!
Avant que de vous voir, Stella, la nuit obscure  Entourait mon esprit, enveloppait mon cœur,  Et quand à mes regards, étoile douce et pure,  Je vous vis rayonner, oh! ce fut le bonheur!
Un nuage en passant vint me voiler vos charmes;  Tout pour moi devint sombre, hélas! vous avez fui.  La douleur.en mon âme a jeté bien des larmes;  L'étoile se cachait, à peine elle avait lui !...
Hier j'étais-heureux, aujourd'hui je suis triste,  Chêne altier, je bravais le souffle de l'amour;  Je restais droit et fort, car le calme résiste.  Aujourd'hui l'aquilon me renverse à son tour.
Hier j'allais riant au travers de la vie,  Je n'avais point pâli sous l'éclair de vos yeux;  Je vous vis, et mon âme aussitôt fut ravie.  L'amour vint à ma porte, hôte mystérieux.
J'ai marché, cependant, j'ai suivi les rois mages;  Derrière eux, je me jette en tremblant à vos pieds;  Stella, j'apporte aussi l'encens de mes hommages.  Je n'attends qu'un regard..., mes genoux sont pliés.
Si d'un mot échappé l'imprudente hardiesse  A pu vous offenser, je fus à vos genoux;  Et mes chants chaque jour, inondés de tendresse,  Ont dû de vos beaux yeux apaiser le courroux.
Je vous aime, Stella, c'est pourquoi l'espérance,  Malgré tous mes tourments, reste au fond de mon cœur,  Car l'amour, c'est l'espoir, c'est la ressouvenance  Des jours où près de vous je rêvais le bonheur.
Tous ces chers souvenirs, gravés dans ma mémoire,  Me parlent de mon ange et charment ma douleur.  Oh! je ne puis douter, — l'amour seul ferait croire!  Stella n'a pas juré mon éternel malheur.
Vous saurez pardonner ; —Dieu lui-même pardonne!  Dieu, qui sur votre front a mis son sceau divin,  Dieu, qui vous a créée et noble et douce et bonne,  Dieu, qui dans votre amour a placé mon destin!
Dieu, qui de mes douleurs a sondé les abîmes,  Dieu, qui sait que pour vous mon coeur est l'encensoir,  Dieu, qui sait pénétrer mes sentiments intimes,  Dieu, qui mit tant de feu dans votre grand oeil noir !
                                                                              H.
Paris, — lmpr. de Ad. R. Laine, rue des Sts-Pères, 19.
Note du blogueur : je pensais aux Rois Mages ce matin, avant l'aube, alors que brillaient encore les étoiles,  et à leur arrivée tardive à la crèche ou était né l'enfant. Arrivés quelques jours plus tôt, avant l'accouchement, ils auraient pu offrir à la mère en fin de grossesse le confort de la meilleure auberge .... Le premier texte qui est apparu sur mon écran de fouineur archiviste est ce poème en alexandrins bien rythmés et rimés, signé d'une seule initiale, qui raconte d'abord l'arrivée des Rois Mages avant de transposer leur histoire en une grande métaphore amoureuse qui célèbre l'amour et les souffrances du poète éconduit pour une certaine Stella, l'étoile de sa vie. 
Je n'ai pu déterminer l'auteur du poème, mais l'ai trouvé charmant. Aussi l'ai-je retranscrit pour les happy few qui visitent ce blog, et qui je l'espère le trouveront à leur tour à leur goût.

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