Steven Moffat et Mark Gatiss, les créateurs de Sherlock, se sont attaqués pour BBC One (et Netflix chez nous) au chef d’oeuvre éponyme et culte de Bram Stoker racontant les aventures du vampire… Dracula. C’est donc un projet ambitieux de trois épisodes d’une heure et demie que l’on nous propose mais le résultat n’est peut-être pas vraiment celui que j’attendais. Le premier épisode notamment qui prend son temps et laisse alors la série un peu ramer par moment, sans véritablement trouver une façon intelligente d’accélérer le processus. Surtout que dans la volonté de moderniser l’oeuvre, Steven Moffat et Mark Gatiss ajoutent un humour douteux qui ne fonctionne pas vraiment. Pourtant, le second épisode parvient à réellement lancer la série et à propulser les personnages dans des intrigues plus efficaces. Avant que tout ne retombe comme un soufflé mal cuit dans le troisième et dernier épisode.
Je m’attendais à ce que les deux créateurs puissent apporter quelque chose à cette histoire, mais malheureusement on est très loin de l’adaptation réussie de Francis Ford Coppola. On se retrouve alors face à un truc qui mélange des influences en tout genre, ce qui colle finalement très bien à l’ambiance Moffat/Gatiss déjà développée dans la modernisation de Sherlock.
Transylvanie, Roumanie. 1897. Le Comte Dracula boit du sang tout en dessinant ses futurs projets contre le Londres victorien.
Les deux premiers épisodes sont cependant les plus réussis. Ils mélangent malgré tout des ingrédients qui font le boulot, sans pour autant que cela soit de la grande télévision non plus. Surtout que globalement, les personnages sont charismatiques et permettent de faire bouillonner la machine durant ces trois heures de spectacle. Puis tout d’un coup Dracula part dans tous les sens et casse alors son délire en nous offrant un troisième épisode complètement raté. Il déconstruit ce que les deux premiers passent trois heures construire sans jamais avoir d’égard pour le téléspectateur investi.
Certaines scènes viscérales de l’adaptation de Coppola ne pouvaient probablement pas être reproduite dans une version télévisée pour la BBC mais je dois avouer que j’aurais apprécié qu’ils créent quelque chose d’un brin plus funky et moins plongé dans un délire où seul les créateurs pédales, sans prendre en considération le fait que les téléspectateurs ont peut-être envie d’avoir un spectacle à la hauteur du roman de départ. La point d’humour n’est pas dérangeante dans le sens où cela permet de nous plonger dans un univers un brin plus comique qu’à l’accoutumée quand on parle de Dracula. Sauf que la façon de gérer les intrigues et les personnages ne fonctionne malheureusement pas comme j’aurais aimé que cela fonctionne.
A trop vouloir coller à Sherlock (c’était sûrement l’idée dans la tête des créateurs), Dracula est alors ridiculisé et transformé en une sorte de Lucifer de bas étage (en parlant du personnage de la série), sans avoir le même humour efficace ou des intrigues captivantes. Pourtant tout commençait bien et tout d’un coup, la série s’égare et perd alors le fil. Après une introduction poussive mais sympathique, qui permet de poser les bases, la série traine des pattes durant les deux épisodes suivants (et surtout dans le troisième où tout part en sucette). Si l’on oublie la raison, alors le second épisode est même très réussi sur certains points mais quand on voit où cela nous emmène, alors Dracula m’a fait perdre patience. Je garde alors tout de même un peu de place pour le casting, plutôt solide, même si le matériel avec lequel ils jouent n’est pas formidable pour un sou et ne leurs permet donc pas de sortir du lot.
Note : 3/10. En bref, un accident industriel.