Magazine Société

Montalembert, d'Aimé Richardt

Publié le 10 janvier 2020 par Francisrichard @francisrichard
Montalembert, d'Aimé Richardt

Charles de Montalembert est né le 15 avril 1810 à Londres. Il est le fils d'un émigré français de noblesse ancienne, pauvre mais catholique, et d'une anglaise, Elise Forbes, riche mais protestante.

D'abord élevé par son grand-père maternel, il rejoint ses parents à Paris, où il entre au lycée Bourbon à la fin de 1819. En 1826, il est admis en classe de rhétorique au collège Sainte-Barbe.

Quoique choqué par l'ambiance irréligieuse, il s'y révèle excellent élève et obtient le second prix de français au Concours général en 1827. En 1828, il devient bachelier et commence des études de droit.

L'Avenir

Au retour de vacances passées en Irlande, pendant lesquelles Charles X a abdiqué, en 1830, il propose ses services à un nouveau journal, L'Avenir, dont la devise lui correspond: Dieu et la liberté

Ce journal catholique, fondé par l'abbé Gerbet et Lamennais, a pour but de défendre des idées qui sont chères, telles que la liberté religieuse, la liberté d'éducation, la liberté de la presse.

Dans l'équipe de jeunes gens du journal, il fait la connaissance de Lacordaire qui sera dès lors pour lui comme un frère et avec lequel il partagera les idées politiques de ce journal catholique de combat.

Les idées politiques des rédacteurs

Dans le numéro du 29 novembre 1830, ces idées sont exposées:

Voici ce que nous demandons:

- La séparation absolue de l'Église et de l'État, telle qu'elle existe aux États-Unis.

- Que le clergé ne soit plus payé par l'État.

- Que nos églises soient inviolables comme la maison des citoyens.

- La liberté de nous associer pour la défense de nos droits.

- Le droit de nommer nos évêques et de ne pas les recevoir de la main d'un ministre qui peut être ennemi de nos croyances, parce que cela est absurde.

- La liberté d'enseignement... parce que le monopole de l'instruction [par l'État] est contraire à la liberté des cultes, à la liberté d'opinions.

Nous demandons ces choses... nous les demanderons tous les jours.

Montalembert fait ce qu'il dit

La vie de Montalembert est conforme à ces idées politiques, qui lui vaudront hostilité d'évêques, condamnations de papes et poursuites judiciaires des pouvoirs politiques de son temps.

A l'appui de nombreux documents, Aimé Richardt le montre dans cette biographie, où Montalembert apparaît comme une âme d'élite, qui connaît sans fléchir aussi bien succès que revers.

Quoi qu'il en soit, il essaie d'accomplir son devoir individuel jusqu'au bout, d'agir plutôt que d'avoir des paroles de discorde, d'émeute, de guerre civile, de révolution... c'est-à-dire de misère...

Les dangers de la démocratie

Si Montalembert défend la démocratie, il n'en en dénonce pas moins les dangers que sont:

- la confusion avec l'esprit révolutionnaire

- la soif désordonnée de l'égalité qui fomente une défiance haineuse contre tout ce qui s'élève ou se redresse...

- la centralisation insensée

- la passion universelle et furibonde des places qui fait de la société une proie dont vivent des générations entières de parasites...

- l'assimilation graduelle entre les législations et les institutions de tous les pays...

Les périls dans la vie morale

A ces dangers s'ajoutent les périls, plus graves, dans la vie morale:

- la passion exclusive et universelle du bien-être

- la disparition du frein de l'honneur

- le culte dépravé du succès immoral

- l'humilité chrétienne remplacée par la servilité...

- l'éducation de nos enfants, celle même de nos filles, convoitée, disputée par la main insatiable d'incrédules...

- la religion victime de l'indifférence des masses, de l'acharnement des lettres, de la défiance et de l'hostilité du pouvoir

Les remèdes?

Les remèdes se trouvent dans les libertés publiques telles que le suffrage universel, l'égalité devant la loi, l'égale répartition des charges civiles et sociales, la liberté d'enseignement, la liberté d'association ou... la liberté de la presse.

Cependant ce catholique libéral sait se soumettre, même par anticipation. Par exemple, il se soumet d'avance à l'infaillibilité du Pape si elle est votée par le Concile du Vatican: elle le sera le 18 juillet 1870 (après sa mort survenue le 13 mars 1870).

Il a en effet répondu à un membre de sa famille que, dans ce cas-là, il n'arrangera rien du tout, c'est-à-dire avec ses idées et avec ses convictions, et qu'il y soumettra sa volonté comme on la soumet à d'autres questions de foi.

Francis Richard

Montalembert, Aimé Richardt, 276 pages, Artège (sortie le 12 février 2020)

Livres précédents:

Chez François-Xavier de Guibert:

La vérité sur l'affaire Galilée (2007)

Calvin (2009)

Saint François de Sales et la Contre-Réforme (2013)

Jean Huss, précurseur de Luther (2013)

Bossuet, conscience de l'Eglise de France (2014)

Lacordaire - Le prédicateur, le religieux (2015)

Chez Artège:

Lamennais le révolté 1782-1854 (2017)

Zwingli le réformateur suisse 1484-1531 (2018)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine