Titre : American Dream
Scénario et dessins : Bazil
Editions : Bang. ediciones
Année : 2019
Nombre de pages : 176
Résumé de la BD "Américan Dream" de Bazil :
Bison assoiffé et Castor Perplexe sont deux frères indiens Lakotas de la tribu des Oglalas. Lors d'une chasse au bison, il tombent sur le symbole de la décadence et de la colonisation de l'homme blanc à leurs yeux : un fast food " Crazy Burger " installé en plein cœur de leur réserve... Il n'en faut pas moins à Castor Perplexe pour déterrer la hache de guerre et décimer tous les clients du jour restaurant à coup de tomahawk, puis prendre la fuite avec son frère et en compagnie de sa bienaimée " Rosée de printemps ", bannie de la tribu, qui se trouvait être une employée du snack.
Hibou Véreux, grand chef de la tribu Oglala et propriétaire du parc d'attraction Crazy Horse Park, quant à lui est le père de Castor Perplexe et Bison Assoiffé. Il vient d'apprendre la tragédie et va tout faire pour protéger ses enfants.
De son côté, l'avocat Powell vient de faire le plus mauvais procès de sa carrière, un échec des plus honteux à cause d'une astuce foireuse lors du jugement qui lui a valu le déshonneur de sa profession...
Ce jeune homme n'a qu'une solution se racheter. Il tombe sur le cas des deux indiens et décide ainsi de relancer sa renommée.
Le shérif Kuster et son équipe quant à eux doivent mener l'enquête sur le massacre du fast food...
Mon avis sur la BD "Américan Dream" de Bazil :
Qu'est-ce que ça fait du bien de voir des éditions étrangères partir à la conquête du marché franco-belge.
Bang Ediciones nous arrive de Barcelone et nous livre un premier titre dit " adulte " (dont le lecteur cible est plutôt adulte) de toute beauté, plein d'imbroglio, d'humour noir, de caricature envers les Etats-Unis et leur Histoire.
Cet éditeur nous arrive donc avec des titres bien engagés d'auteurs hispano-américains.
Et à la lecture de ce premier titre, il va falloir les suivre de près.
Le scénario de la BD "Américan Dream" de Bazil :
Bazil a un humour cinglant et bien tranchant vis à vis du fameux rêve américain.
Son récit totalement alambiqué et loufoque est une satire profonde et particulièrement humoristique de la soi-disant glorieuse Amérique.
Presque tout y passe : Fast food, Alcoolisme, Business, Politique, Ségrégation et Racisme, Colonisation, Sexe, Carriérisme, Education etc...
Tout est sujet à critique par l'humour et ça fonctionne ! On sourit, on rit, on se régale de l'absurde poussé à son paroxysme.
La plaisanterie est tantôt lourde et grotesque, tout comme elle en devient par la suite fine et exquise.
Tout type et méthodologie d'humour graphique est présenté dans ce livre : comique de situation, comique de répétition, blagues et jeux de mots, références historiques etc...
Mais, derrière cette légèreté désopilante, le lecteur avisé y lira de nombreuses vérités toutes plus catastrophiques et peu reluisantes les unes des autres sur cette Amérique rêvée.
Les personnages sont tous facilement identifiables avec des caractères bien tranchés à l'image du cosmopolitisme légendaire et historique de ce continent américain.
Au-delà de la maîtrise de l'ironie par Bazil, celui-ci semble maîtrisé la narration avec maestria. Dès les premières pages, on se pose beaucoup de questions pour savoir ou celui-ci compte nous mener.
On change régulièrement de protagoniste à suivre, tout semble désordonné mais on se prend au jeu, et l'ensemble finit par s'imbriquer sans que le lecteur ne perde une seule seconde le fil de l'histoire.
Bazil a réussi à impliquer l'image des Etats-Unis aussi dans son découpage narratif : en bref, c'est un gros merdier mais ça fonctionne à merveille !
Le dessin de la BD "Américan Dream" de Bazil :
Le dessin de Bazil convient parfaitement à son récit.
Son trait est très humoristique. Les personnages sont caricaturés et représentatifs du melting-pot transatlantique.
L'ensemble dessin et couleurs reste très minimaliste mais cela est particulièrement efficace. Il y a peu de plan large ou d'ensemble.
Ce genre de satire ne doit effectivement pas s'encombrer de détails superflus dans le but de toucher vite et bien là où ça fait mal.
Les couleurs choisies sont simples, unies avec de 3 à 4 teintes différentes par vignettes. A noter quand même une dominante bleue presque constante...
Le découpage reste classique en gaufrier variant de 7 à 12 cases.
Les bordures de case sont tracées à la main et parfois n'existent pas, mais cela donne un charme fou à l'ensemble et s'associe bien avec le désordre rocambolesque de l'aventure.
Les effets visuels sont peu nombreux et se limitent souvent à de petites onomatopées bien placées.
En final, je ne peux que vous conseiller d'absolument lire cet ouvrage à l'humour décapant et incendiaire.
Cette BD est tout simplement une perle d'humour, rappelant (ou évoquant) de tristes réalités en usant de dérision.
Un véritable "must have" à toute bonne bibliothèque.