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Vipère au poing de Hervé Bazin

Par Rambalh @Rambalh
Vipère au poing est de ces livres qui ornent la longue liste des romans français que j’espère lire un jour. J’ai sauté le pas avec celui-ci grâce à Epo9 qui souhaitait le lire aussi l’été dernier et nous nous sommes lancées dans une petite lecture commune.
Vipère au poing de Hervé Bazin

Quatrième de Couverture
Vipère au poing, c’est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.
Mon avis
Roman décrit comme autobiographique, Vipère au poing conte les aventures de Brasse-Bouillon, jeune garçon qui grandit en détestant sa mère au plus haut point. Rejetant tout ce qu’elle représente, il passe son enfance et son début d’adolescence à s’opposer à celle qu’il nomme Folcoche. Des bêtises enfantines aux tentatives de meurtre, Brasse-Bouillon se construit autour de son envie de nuire à cette mère, son but ultime finit par résumer l’intégralité de son existence au sein de cette famille.
Hervé Bazin possède une plume fine, infiniment drôle, qui rend la lecture divine, qui donne aux mots une saveur à laquelle je ne m’attendais pas. J’ai adoré le ton utilisé, l’humour, le choix dans le vocabulaire. C’est réellement le point fort de ce roman, c’est ce qui fait que cette lecture m’a beaucoup plu. Le regard acéré que porte le héros sur le monde qui l’entoure se marie parfaitement aux mots piquants choisis par l’auteur. Chaque petite action du quotidien de cette famille est dépeinte avec précision et une pointe d’humour qui se savoure sans retenue. Un véritable plaisir pour l’esprit.
L’histoire, cependant, est plus complexe à apprécier. En fait, c’est très bon à lire mais le malaise créé au fil des pages rend la lecture ambivalente. Brasse-Bouillon va de plus en plus loin, tout comme sa mère. Ces deux être que tout semble opposer s’avèrent en fin de compte faits du même bois et c’est ce qui les pousse à être incompatibles. Folcoche est consciente qu’il s’agit du fils qui lui ressemble le plus et c’est sûrement en ça qu’elle est impitoyable avec lui : il représente la seule réelle menace à son autorité parce qu’aussi fort qu’elle, si ce n’est plus. Brasse-Bouillon, lui, met du temps à comprendre qu’il est elle, qu’elle est lui : ce dégoût d’elle va le pousser à devenir ce qu’il a toujours détesté et à finalement l’assumer. Il devient profondément mauvais et l’accepte parce qu’il se défausse : pour lui, tout est de la faute de sa mère et non de la sienne.
Lorsque la haine mène aux tentatives de meurtre, la lecture devient laborieuse, non pas par le style mais par les sentiments qu’elle fait naître chez le lecteur : le monstre que devient Brasse-Bouillon dérange, le fatalisme dans lequel il plonge, l’impression que c’est son destin et que rien ne peut s’y opposer… Finalement, c’est une sorte de tragédie qui s’offre à nous. Voir un enfant jovial devenir plus horrible que cette mère qu’il voulait fuir à tout prix à quelque chose de tragique, génère une sensation d’immuabilité qui met mal à l’aise et nous soulage une fois l’histoire terminée.
Je sais désormais pourquoi Vipère au poing est un roman qui a su traverser le temps. Écrit par un auteur à la plume efficace et fascinante, il montre les travers familiaux qui se transmettent malgré nous. Il dérange parce qu’il prend le parti de dire que nous ne pouvons réellement lutter contre notre héritage de sang et qu’il transforme un enfant en boule de haine et rancœur.
« Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu'il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur !
Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m'avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi.
Merci ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing.
»
Vipère au poing de Hervé Bazin
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