Magazine Société
Je le disais dans mon article précédent : Macron va tenter de nous enfumer avec une nouvelle sorte de grand débat.
Voilà qui est fait : Il vient de sortir du chapeau la « Conférence de financement des retraites ».
Calcul aventureux et mensonger.
Aventureux parce que l’épisode des gilets jaunes a clairement démontré que, par les temps qui courent, les syndicats, même les plus exigeants, sont facilement dépassés par la base. L’abandon de la réforme des retraites, ce n’est plus une revendications syndicale, mais une revendication populaire. La CFDT risque d’y perdre des plumes, à défaut de devenir un syndicat de banquiers et de nantis.
Mensonger parce que le pouvoir a déjà laissé entendre que si la dite Conférence de financement des retraites ne parvenait pas aux conclusions qu’il attend, il sifflerait la fin à la récré à coups d’ordonnances…
Cette pompeuse conférence est surtout destinée à gagner du temps, le pouvoir comptant sur l’incapacité pécuniaire des grévistes à maintenir leur mouvement pendant de nouvelles semaines.
Tous ces calculs ont également pour objectif d’élargir le fossé entre la notion de fruit du travail et la notion de travail brut. L’establishment financier persiste à penser (et à imposer) que le seul fruit du travail doit être le salaire. Cela ne tient pas debout. D’où viennent les 64 milliards que les entreprises du CAC 40 ont distribué à leurs actionnaires en 2019 si ce n’est du travail ? Que seraient les financiers sans les entreprises que font tourner les travailleurs ?
D’ailleurs, cette vision partielle et partiale les amène à des exigences contradictoires que personne ne relève de manière assez explicite.
On nous explique « qu’un bon gouvernement » va créer des emplois », alors que les patrons qui le marionettisent n’ont de cesse d’en supprimer en remplaçant les travailleurs par des machines, et en exportant les travaux non mécanisables dans des pays pauvres.
On nous explique que, comme on vit plus longtemps, on va devoir travailler plus longtemps, alors que les plus de cinquante ans sont impitoyablement écartés du marché du travail et remplacés par des esclaves plus jeunes et plus dynamiques. On veut les faire cotiser plus longtemps, mais on ne veut plus les employer…
Il faut que tout cela cesse, et l’insurrection qui, avec des motifs divers mais convergents, commence à poindre dans de nombreux pays contre l’impérialisme financier finira par rendre le schéma évident.
On gave les gens à coups de nationalisme et de patriotisme. Mais ces valeurs sous-entendent une cohésion nationale qui ne peut durer que si les devoirs sont assortis de droits.
En France, cela se traduit par le mot « fraternité » qui figure dans notre devise nationale.
Ce n’est pas le salaire qui est le fruit du travail, mais la richesse nationale….
Ce que ces messieurs de la finance ont bien compris en tentant de privatiser dans la hâte tout ce qui relève encore du bien public.
C’est à la richesse nationale, globale, d’assumer la vieillesse de tous ceux qui ont passé leur vie à la créer.
Le salaire n’est que le prix du travail, pas le fruit. Et avec la retraite, le travail s’arrête et avec lui sa rétribution. Après, il faut récolter et manger les fruits. Les travailleurs ont créé la richesse globale, elle doit les prendre en charge.
Là sont les enjeux. De là viendra l’explosion généralisée qui remettra les pendules à l’heure.
J’entends déjà les légalistes du système ironiser sur « le grand soir ».
Je n’en rêve pas : je leur annonce solennellement qu’ils sont, par leur obstination, en train de le faire éclore. Un jour, ils riront moins.
Je préférerais pour ma part que ça se passe autrement : dans la douceur et l’intelligence.
Les convulsions sociales font toujours des dégâts dont les petits souffrent plus que les grands.
Qui va freiner avant que le « système » ne s’écrase dans le mur ?