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Si je dis la vérité, je serai aimé? Alors non.

Publié le 27 juin 2007 par Marc Gauthier
ee3b7b766f593bf07d879c1952cda877.jpgC'est la phrase qu'on peut lire tout en haut du blog de Katar, juste en dessous du titre.     Elle m'a intrigué pendant quelques temps, j'avais l'impression de ne pas bien la comprendre. J'y voyais l'intention de quelqu'un de dire les choses telles qu'elles sont, mais dérangé que cela lui vale l'amour des autres, et le refusant donc. Parce que cela lui apportait l'amour des autres. C'est cela qui me dérangeait.   Puis avant hier je l'ai lu différemment, et tout à coup j'ai eu l'impression de la comprendre avec clarté, comme une évidence, comme si je tenais enfin le seul message qu'elle offre véritablement à lire. Je l'ai lu ainsi : "Si je dis la vérité, alors je serai aimé? Alors non." Je l'ai lu comme indiquant le refus de la condition exprimée comme cause de l'amour des autres. C'est-à-dire en fait, refusant qu'il existe une condition pour pouvoir être aimé.   Comme si ce "si ?" était en réalité un "seulement si ?". La lisant de cette façon, j'ai tout à coup trouvé cette phrase très juste, frappant vraiment là où il faut. Car l'amour que l'on donne, ou que l'on reçoit, n'en est à mon avis pas un s'il se trouve conditionné par quoi que ce soit.   On loue souvent, et je me demande si je n'ai pas déjà fait ce commentaire ici, la capacité de ceux qui savent aimer les autres "pour ce qu'ils sont", et pas seulement pour leur physique. Je trouve pour ma part que cette représentation des choses est bien mauvaise, et qu'elle ne fait en réalité que faire tomber les gens dans un nouveau piège, peut-être un peu plus subtil que celui de l'attachement à l'apparence, mais guère plus reluisant.   Car tant que l'on aime les gens "pour ce qu'ils sont" je crois qu'on ne les aime pas vraiment. Ce que l'on aime alors, c'est notre façon de les voir, c'est l'interprétation que nous avons fait de "ce qu'ils sont", et qui est toujours susceptible de varier avec le temps. Cette phrase en effet, aimer quelqu'un pour ce qu'elle est, signifie que l'on connait cette personne. Sinon comment l'aimerait-on "pour ce qu'elle est" ? Cela fait donc l'aveu que nous avons fait entrer cette personne dans notre cadre de pensée, que nous l'avons définie, caractérisée, que nous l'avons entourée d'épithètes et d'attributs qui sont autant de barrières posées pour aboutir à une soi-disant connaissance de l'autre.   C'est l'antithèse exacte du comportement amoureux, celui que décrit notamment Lévinas, par lequel, sans cesse, l'on doit renouveler la quête de la découverte de l'autre, tout en sachant toujours que cette quête restera insatisfaite, impossible à mener, car le visage aimé se dérobe toujours sous notre regard inquisiteur. C'est cette acceptation de l'altérité irréductible de l'autre qui constitue à mon avis le fondement le plus vrai de l'amour. J'y reviendrai.   Si l'on aime, donc, on n'aime pas quelqu'un "pour ce qu'il est", mais parce qu'il est. Aucune condition ne pouvant interférer dans l'existence de ce sentiment. 

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