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Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre…

Publié le 20 janvier 2020 par Fredcolantonio

A Lyon, la veille du marathon, avec mon ami d’enfance « Coach »​ Pierre Leclercq

  • 06 Octobre 2019, 9h25 : c’est l’heure du départ.
  • 42,195 : ce sont les kilomètres à parcourir. Avec l’espoir, pour la ligne d’arrivée, de la franchir.
  • 17 mai 2010 : c’est le point de départ qui rend cette épopée possible.

Bref rappel des faits : un défi de presque 10 ans de ma vie

Je ne suis pas runner, je pars de presque 0 au niveau sportif et je reviens de presque 100kg sur la balance. Si vous voulez l’historique, je vous invite à lire mon article précédent : « Terminer un semi-Marathon : comment passer de [presque] 100kg sur la balance à une ligne d’arrivée quand on part de 0 ? »

J’ai retrouvé la date à laquelle j’ai dit STOP au surpoids, à l’obésité et au laisser-aller physique : c’est le 17 mai 2010 que j’ai entrepris de me faire accompagner pour un rééquilibrage alimentaire qui allait me mener, 9 ans plus tard, sur la ligne de départ à Lyon pour me mesurer à l’épreuve du marathon.

Les enjeux de mon défi

Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre…

Comme pour le premier semi-marathon couru en septembre 2018, j’ai comme objectifs pour ce marathon lyonnais :

  1. Terminer
  2. En bon état
  3. Sans marcher une seconde

Sauf qu’ici, on parle de doubler la mise par rapport au semi. Je n’ai jamais parcouru une telle distance et je n’ai honnêtement par la moindre idée de comment y arriver.

Je me suis entraîné malgré un agenda avec d’autres priorités, j’ai imposé à mon entourage des contraintes d’horaires, de disponibilités, d’attentions alimentaires. Pour toutes ces raisons, je veux y arriver.

Je suis entouré : depuis plus d’un an et demi, je m’entraîne avec l’app ForMyFit et je bénéficie des conseils et de l’encadrement professionnel de Pierre Leclercq, alias « Coach Pierre ».

Je suis soutenu : beaucoup de personnes, après une conférence au cours de laquelle je parle de mon défi, m’évoquent leurs propres prouesses sportives (c’est fou le nombre de gens qui courent aujourd’hui…) Mes proches aussi sont avec moi.

Je fais aussi l’objet, en coin, de railleries. A la fois par l’un ou l’autre pro de la discipline pour qui courir un marathon est une promenade de santé – mais c’est rare, car les runners sont généralement encourageants et très solidaires d’une telle démarche de dépassement de soi – et surtout, par plusieurs personnes pour qui j’incarne certainement ce qu’elles n’aiment pas.

Peu importe, je le cours pour moi, ce marathon. Pour toutes les personnes qui me soutiennent et croient en moi aussi. Pour toutes celles à qui ça peut donner de l’espoir, enfin.

Que ce soit à travers les accompagnements stratégiques, les conférences, les livres : je porte les principes de vie et de business que je transmets, et j’ai à cœur de montrer que je me les applique.

Les 3 éléments de mon mental le jour J

J’ai avec moi 3 éléments forts pour m’aider :

  • « Je peux courir jusqu’à demain » : c’est la phrase que je me mets en tête et que je répète à Pierre quand il me demande comment ça va. C’est ma manière de me motiver en me rappelant la citation de Charles Augustin Sainte-Beuve que mon Papa m’a fait découvrir en rédigeant la préface de mon livre de L’attitude des Héros SIGNIFICATION – Raviver la flamme qui nous anime : « Il faut dépasser le but pour l’atteindre. »
  • « How can I be lost if I’ve got nowhere to go? » : ces paroles de la chanson de Metallica « Unforgiven III » me hantent depuis le début de la semaine – particulièrement durant la nuit où je dors mal. Je sens une pression forte sur ce jour qui arrive, alors que je ne la veux pas et que je préférerais dormir. Si j’y arrive tant mieux, mais si je ne termine pas dans les conditions que je me suis fixées, je pourrais très bien m’y reprendre à une prochaine fois. Surtout, je ne suis pas perdu puisque je sais où je vais : il y a une ligne d’arrivée qui ne m’attend pas mais que je suis bien décidé à rencontrer.

  • Le km 34 : chiffre fétiche de mon fiston Livio, je me dis que si j’y arrive, je pourrai terminer les 8 restants même si je dois racler le bitume. J’aurais parcouru le plus gros de la distance. Dans tous les cas, j’aurai couru plus que je n’ai jamais couru d’affilée.

En bonus, j’ai les encouragements de toutes les personnes qui croient en moi et à qui j’ai demandé, via les réseaux sociaux, de m’écrire un mot.

Je ne m’y attends pas, mais durant la course, j’aurais aussi une grosse pensée pour toutes les personnes qui voudraient courir mais ne le peuvent pas, peu importe la raison.

La course en soi

Le jour J, tout y est :

  • Les conditions météo optimales
  • Un tracé PLAT pour m’éviter des difficultés supplémentaires
  • Un ami d’enfance pour m’épauler (j’étais à l’école de 3 à 12 ans avec Coach Pierre)

Puisqu’un marathon n’est jamais que deux semi-marathons en enfilade, j’envisage mentalement de couper ma course en deux.

Le premier semi-marathon

Les 5 premiers kilomètres me paraissent lents, très lents alors que je ne vois pas passer les 10 suivants. Nous sommes à 15km et environ 1:45 de course. J’ai l’impression que je viens de terminer l’échauffement.

Même si je le sais – j’en joue très souvent lorsque j’accompagne des entrepreneurs et des entreprises dans leur stratégie pour innover, se dépasser et se démarquer –, je suis étonné de voir à quel point le changement de contexte opère : j’arrive au 21km en me disant que ce n’est que le début, que j’ai encore toutes les ressources et que mon corps est bien là.

Il y a un dans de cela, à Nivelles, je terminais sur cette distance mon premier semi-marathon. Et quelques semaines avant Lyon, je réitérais – toujours à Nivelles – dans le cadre de la fin de la préparation.

« L’autre semi » qui débute va être décisif, c’est maintenant que tout va se jouer.

La deuxième moitié de course : mon deuxième semi-marathon

Jusqu’au km 25-26, tout passe bien et vite. A 28, ça commence à tirer un peu. Je poursuis mais je sens que ça travaille. Surtout, je pers un peu les repères : le parcours est moins balisé et il y a quelques passages (parc, quais…) où je « perds » l’impression d’être en course. À partir de là, j’ai l’impression que le temps suspend son cours. Pas grave, je peux courir jusqu’à demain.

Et puis, à 30km, un panneau indique : « Bravo, vous avez dépassé le mur des 30km. » Surprise : certes, je sens que je vis, mais je n’ai pas souffert et je ne crois pas avoir nié quoi que ce soit. Tant mieux. On continue

Une variante du mantra « je cours jusqu’à demain » me vient en tête : « j’abandonne demain. »

Quoi ? Abandonner ? A l’heure des winners sur Internet et des coaches gourous qui nous disent de ne rien lâcher, voilà que j’utilise le mot tabou : abandonner ? OUI. Parce que ça peut arriver d’une part (nous ne sommes pas des machines) et parce que je trouve que ça allège la pression de se dire « J’abandonne… demain. » Vous ne trouvez pas ? Moi, la formulation me fait sourire et elle me permet de garder la même détermination avec moins de charge. On peut se répéter ça tous les jours : demain nous permet de garder le cap puisque chaque jour, je peux me dire que j’abandonne demain. C’est un peu l’inverse du « je commence demain ». Bref, je sais où je vais, et j’abandonne demain.

Arrive le fameux km34, je n’ai toujours pas de repère spatio-temporels : où en est-on ? Est-on « dans le bon » (même si je ne sais pas bien ce que ça pourrait vouloir dire) ? Physiquement, mon corps est là : je commence à bien le sentir. Mais j’avance et sans marcher. J’ai à peine l’impression d’aller plus vite.

Pourtant le coach m’annonce : « Tu cours ton 2e semi-marathon plus vite que tu as couru le premier. » Ok, y a plus qu’à garder ce cap-là, et pourquoi pas cette allure.

Les km 35-40 sont à la fois interminables (je marcherais bien) et en même temps passent vite, parce que c’est pour moi à ce moment précis que j’ai toutes les images, sensations et éléments de mémoire qui s’invitent dans ma course : d’où je viens, pourquoi j’y suis, comment ça se passe.

Quelque part vers les km37-38, une pancarte annonce : « Courage, bientôt tu seras marathonien. » Wouaw, pour la toute première fois, je prends conscience que ce défi constitue aussi quelque chose qui me définit.

Bientôt, peut-être, je pourrai me dire : « je suis marathonien. »

Je n’avais jusque là encore jamais imaginé ce défi comme ça. C’était pour moi à faire, pas à être. Et pourtant, cette pancarte dit vrai : cette épreuve est, à sa manière, en train de changer qui je suis.

Km 40. Il me reste 2,195km à parcourir. Je n’ai pas marché une seconde, ce n’est pas pour commencer maintenant. Ca m’a traversé l’esprit mais ce n’est plus une option, hormis pépin « mécanique » de fin de course (ex : crampe).

Pierre me dit : « Fred, tu sais ton objectif inavoué, finir sous les 5h, c’est possible. Continue comme ça et tu y es. »

À ce moment-là, je ne sais pas encore si c’est possible. Oui, il reste moins de 3km mais mes jambes commencent à me faire sentir qu’elles apprécient moyennement que je les aie un peu prises par surprise en ce dimanche d’octobre, lendemain de l’anniversaire du décès de Steve Jobs (dont j’ai étudié le parcours entrepreneurial parmi les figures inspirantes de L’attitude des Héros).

Bizarrement peut-être, ces 3km m’ont paru les plus éprouvants. J’avais hâte que ça se termine, même si j’aurais pu encore courir. Certainement un mélange de beaucoup de choses, dont le fait, peut-être, de me dire que si les moins de 5h étaient possibles, autant donner à fond pour y être.

Le verdict

Comme lors des deux semi à Nivelles, je suis ému par les personnes dont la seule présence en bord de parcours est d’encourager celles et ceux qui, comme moi, passent à leur hauteur.

De parfaits inconnus dont le regard se croise, dont les mains se tapent l’une dans l’autre, en signe de reconnaissance, de soutien, d’entraide m’a extrêmement touché.

« Bravo », « Allez, allez », « Bon courage », « Bonne continuation », « Vous êtes admirables » : j’ai les larmes aux yeux en recevant tant de gentillesse et tant de signes tangibles, une fois de plus, que le dépassement de soi est manifestement ressenti de manière universelle.

Même s’il a beaucoup d’histoires et d’anecdotes à partager durant une course, mon ami Pierre n’a pas beaucoup parlé durant ces presque 5h d’efforts communs (surtout pour moi, lui avait l’air de se promener à mes côtés…) Pourtant, sa présence a eu une influence énorme : sans lui, j’aurais sans doute marché. Je lui dois d’avoir voulu être à la hauteur de notre amitié et de sa confiance. Je lui dois d’avoir couru sans m’arrêter.

Normal qu’avec un spécimen comme moi, il ait bien mérité son repos après la course 🙂

Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre…

La médaille, je l’avais en quelque sorte déjà gagnée : les encouragements, les témoignages d’affection et de soutien, le parcours pour arriver là, l’aventure humaine, l’entraînement, les émotions… Mais ce message m’a marqué quand même.

Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre…

4:56:15. C’est le temps qu’il m’a fallu pour courir, sans marcher une seule seconde, sans mourir sur le pavé, sans m’égratigner ou me blesser, les 42,195km lyonnais, un dimanche d’octobre 2019. Et j’en suis tout retourné :

Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre… Comment j’ai fini par franchir la ligne d’un marathon ? Partage d’expérience d’un défi de vie comme un autre…

Depuis que les contenus de L’attitude des Héros sont entrés dans ma vie début 2012, je me lève chaque matin pour contribuer à faire une différence dans la vie de celles et ceux que je rencontre. Bien humblement, en sachant que

Je ne suis ni quelqu’un, ni grand-chose et les rencontres sont bien furtives à l’échelle d’une vie.

Mais si je peux aider, inspirer, exhorter à voir grand et donner envie, alors je fais ce qui me correspond, en partant du principe que je préfère échouer et apprendre et ne rien faire et attendre.

Ce marathon était mon défi. Ce n’est peut-être pas le vôtre. Comme je l’ai souvent répété :

Chacun sa montagne, chacun son sommet.

Derrière toute histoire se cache des enseignements, des « principes de vie » en quelque sorte, qui nous sont disponibles si nous acceptons de les laisser se révéler.

Je fais le vœu qu’il y ait, dans les lignes qui précèdent, un mot, une phrase, un moment qui vienne chercher quelque chose en vous. Un infime quelque chose qui peut tout changer si vous acceptez de vous y attarder pour le regarder, le comprendre, l’apprivoiser. Une étincelle, une petite flamme, un feu.

Si, par cette histoire, certains d’entre vous aspirent à vivre leurs rêves et relever leurs défis en espérant en réussir quelques-uns, alors, décidément, j’ai vraiment bien fait de courir ce marathon.


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