Magazine Société

La guerre à huit ans, de Nicolas Bouvier

Publié le 19 janvier 2020 par Francisrichard @francisrichard
La guerre à huit ans, de Nicolas Bouvier

Ce volume contient trois textes de Nicolas Bouvier:

- Souvenirs, souvenirs (1996)

- Thesaurus pauperum ou La guerre à huit ans (1988)

- Bibliothèques (1996)

Le premier est une introduction à la lecture du second, qui parle de son enfance, et le troisième une évocation de son père.

Dans le premier texte, il précise que l'écrivain voyageur, en tout cas tel que lui, n'écrit pas ou peu pendant qu'il voyage: On va, on vient, on revient, on se souvient... et on raconte. C'est une occupation sédentaire.

C'est l'occasion pour lui de dire pourquoi les souvenirs d'enfance sont plus présents à la mémoire que ceux de la veille: L'enfance est un état de convoitise et de peur où tout ce qui arrive pour la première fois, cadeau ou blessure, laisse une marque indélébile.

C'est l'occasion pour lui de dire ce qu'il pense de l'enfance à laquelle il n'a consacré que peu de lignes. Dans son cas, elle l'a frappé une ou deux fois

Au passage il dit ce qu'il fait quand sa mémoire s'esquive: Je la rappelle en apprenant par coeur des poèmes de Nerval, de Hölderin, de Toulet ou de Michaux. C'est de la musculation, des haltères et, dans une large mesure, ça marche.

Dans le deuxième texte donc, il raconte quand son enfance l'a frappé une ou deux fois. La première de ces occasions  n'est pas banale: il s'agit de son premier Thesaurus pauperum qui lui permit lors de la seconde de gagner sa guerre à huit ans contre Bertha, sa gouvernante prussienne: Un ouvrage édité par quatre fabricants de chocolat suisse, L'Album NPCK qui réunissait les initiales des firmes Nestlé, Peter, Cailler, Kohler.

Comment cela fonctionnait-il? On envoyait des coupons prélevés sur des emballages de chocolat et l'on recevait un in-folio Grandes figures de l'histoire mondiale avec des encadrés vides pour coller les vignettes coloriées qu'on recevait dans un deuxième temps, contre un deuxième envoi.

Dans le troisième texte, il rend grâce à son père, bibliothécaire, qui parlait quatre langues, de même que sa mère qui était la plus piètre cuisinière à l'ouest de Suez: C'est dire que, dans mon enfance, le coupe-papier l'emportait sur le couteau à pain et que cette constellation familiale a fait de moi un grand bouffeur de livres et un voyageur à l'épreuve de n'importe quelle tambouille.

Dans un traité du XVIIIe siècle d'un de ces abbés hydro-électro-mécaniciens, à la Bibliothèque universitaire de Genève, dont son père fut le directeur, il trouve un jour, par exemple, de quoi épater ses savants collègues du Musée d'histoire de la Réformation:

Petite échelle, fort officieuse, pouvant se rouler en la poche et propice aux entreprises galantes...

Francis Richard

La guerre à huit ans, Nicolas Bouvier, 80 pages, Zoé Poche (à paraître en février 2020)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine