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679_ Coup de sang et sang d’encre

Publié le 21 janvier 2020 par Ahmed Hanifi
 Coup de sang et sang d’encre - Mais qui a tué qui, qui a fait quoi ? à vous M.M. (1)
Comme de l’eau claire, comme des ombres, les certitudes que vous avez faites vôtres dans les années 90, et que vous n’avez de cesse de répéter, vous collent au corps et à l’esprit, vous aveuglent toujours. Pourtant, ceux qui menaient d’une main de fer et de sang le pays (pas que « le clan Bouteflika », « le régime Bouteflika », il faut arrêter avec ces autres mensonges) et qui récusaient tout questionnement sur leurs méfaits et turpitudes, ceux auxquels vous et vos semblables avez prêté vos plumes et vos bras (merci WikiLeaks), ceux qui (au cœur même de vos rédactions) vous encourageaient dans vos écrits tout en vous mettant vivement en garde, sous peine de sanction financière ou autre, d’évoquer les disparitions forcées, d’évoquer l’implication indirecte ou directe d’éléments de « la Sécurité » dans les crimes contre les civils, ceux qui étaient prêts à « éradiquer trois millions d’Algériens » (et qui ont été dénoncés de l’intérieur même de l’Armée), ceux qui liquidèrent sous vos applaudissements les journaux qui posaient ces questions qui vous empêchaient/empêchent de dormir, ceux-là (les vivants) sont en fuite ou croupissent en prison pour des faits divers très graves, tous ces généraux, vous savez ? Vous vous souvenez, c’était l’époque où d’aucuns (soutenus ceux-là par une autre aile du vrai régime) proposaient de débarrasser l’Algérie de tous ses islamistes et de leur réserver un Bantoustan (à nos nouvelles frontières). Mais qu’est-ce que ces certitudes, ces vérités ? Je ne vous donne qu’un exemple : parmi les vérités et certitudes qui sont les vôtres, il y la terreur qui a sévi durant les années 90 dont vous (et vos semblables) serinez qu’elle était du seul fait du « terrorisme islamiste », loin, très loin de « Rab Dzaïr ». Votre jugement est fait, peu vous chaut le Droit. Poser la question relevait et relève encore du blasphème (si vous me permettez). S’interroger sur qui tuait dans les années 90 signifiait (menaces à l’appui) et signifie encore, pour vous et vos semblables, être complice des assassins que sont les islamistes (ceux-là mêmes qui manifestent aujourd’hui à vos côtés dans le Hirak), poser des questions c’est par conséquent les dédouaner. Vous êtes expéditif, je traduis : « il n’y a pas question qui vaille ». C’est limpide et la chose entendue. Et vous êtes – bien évidemment – républicain démocrate, pour les libertés, pour une Algérie libre, et pour des institutions fondées sur le Droit.
Mais tout cela vous le savez, c’est pourquoi vous êtes intellectuellement malhonnête. Vous n’êtes pas crédible, pas sérieux. Vous n’êtes pas journaliste, mais un scribe, un secrétaire idéologique. Vous mentez lorsque vous écrivez entre autres que « les “qui tue qui” (ont) politiquement disculpé (le) terrorisme islamiste. » (Liberté, 20 janvier 2020) Quant à nous, nous les « qui-tue-quistes », « les Droitsdel’hommistes » comme vous et vos semblables nous désignez pour vulgairement nous diminuer, pensez donc ! nous continuerons de poser inlassablement aux côtés entre autres des mères de Mai encore en vie, ces mères-courage de la place du 1° Mai, ces mêmes questions qui fâchent les radicaux dont vous êtes. Des questions simples : « Où sont passés nos enfants ? Qui a ordonné ou exécuté les disparitions forcées, avec quelles complicités ?  Qui a fait quoi durant la décennie de terreur ? Qui a tué ?… » Nous continuerons de poser ces questions simples jusqu’à ce que Justice se fasse, sous les yeux de tous les Algériens, dans le respect du Droit. Dans une Algérie horra réellement démocratique débarrassée pacifiquement, Silmiya, silmiya…, du Pouvoir des généraux.
Ahmed Hanifi.

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1_ à la suite d’un article du quotidien Liberté du 20 courant, intitulé « Islamisme et révolution démocratique » signé Hammouche Mustapha que voici:

Liberté, 20 janvier 2020

Islamisme et révolution démocratique

Des militants de l’ex-FIS, structurés ou pas dans le mouvement Rachad, entourés de jeunes manifestants que fascinent parfois les formules islamistes, squattent, çà et là, la tête de carrés de marcheurs pour tester la prégnance de leurs slogans sur la foule. N’ayant pas trop de reproches à faire au régime qui a tout de même octroyé l’immunité aux terroristes islamistes et n’ayant pas subi quelque “martyre” particulier pour cause de hirak, ils n’ont que les entraves aux déplacements d’Ali Belhadj à dénoncer et ils s’en contentent, pour l’heure. Ils appellent donc, tous les vendredis, à la levée des contraintes de mouvement dont souffre l’ancien dirigeant du Front islamique. “Ali Belhadj khellouh issalli !”
En début de mouvement, ces anciens militants et actuels nostalgiques du FIS, probablement gênés par le compromis signé entre la partie armée de la mouvance islamiste et le régime, sous forme de loi pour la “réconciliation nationale”, ont hésité à tenter le détournement du hirak, une manœuvre qui sied tant à leur doctrinal opportunisme. Au demeurant, le régime, dans la perspective de son redéploiement post-Bouteflika, leur a même aménagé une place dans sa famille recomposée, le compartiment “badissia” de son projet.
Ils ont du mal à s’en prendre à ceux qui ont assumé le dédouanement judiciaire du terrorisme islamiste, après que les “qui tue qui” l’eurent politiquement disculpé. Comme on se retrouve, pourrait dire tout ce beau monde !
Ces irruptions sporadiques des slogans islamistes et de la “dawla islamia” dans les manifestations suscitent parfois l’inquiétude des citoyens sortis briguer la rupture avec le système politique en place. Ces derniers revendiquent la fin du régime militaire et de la cooptation autoritaire des responsables et des “élus”. Mais pas seulement : le pouvoir, dont les militaires doivent enfin se dessaisir, doit revenir à son bénéficiaire
légitime, le citoyen. C’est cela le processus de restitution de la souveraineté au peuple. La souveraineté nationale n’est effective que si elle est aussi une souveraineté populaire, citoyenne. La revendication du mouvement est, de ce point de vue, explicitement démocratique. Il est, en ce sens, frappant de clarté dans ses revendications. C’est cette absence d’ambiguïté sur la nature démocratique de ses revendications — de “sa” revendication, la seule en fait, le passage de la dictature à la démocratie — qui fait obstacle à l’islamisme dans ses assauts discrets mais répétés, non pas pour phagocyter la révolution démocratique — la tâche s’avère ardue — mais pour au moins y banaliser sa présence et son discours. Cela dit, la société algérienne n’a pas été au bout de son explication politique avec l’islamisme, malgré deux cent mille morts, trente ans de retard de développement, économique, culturel et politique et vingt ans d’un régime antinational.  La révolution démocratique doit triompher. Mais ce ne sera pas “la fin de l’Histoire”.  Il  restera  ce contentieux à solder.
C’est le drame des démocrates en terre d’islam : pour vaincre, ils doivent gagner deux guerres en une. Et pacifiquement, dans notre cas !

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