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Présentations Super Rugby 2020 – Nouvelle-Zélande

Publié le 28 janvier 2020 par Sudrugby

Le point sur la conférence – En avant vers le futur

Avant, le rugby néo-zélandais fonctionnait comme ça et c’était simple : les franchises recrutaient les meilleurs espoirs du pays parmi le vivier des équipes provinciales, ils faisaient les beaux jours des franchises en Super Rugby et finissaient en trombe en sélection nationale chez les All Blacks. La réalité est différente aujourd’hui, au point de dire que l’on est peut-être arrivé à un point de non-retour après une année 2019 synonyme de pillage des meilleurs talents au pays du long nuage blanc (Read, Retallick, Franks, les frères Whitelock, Nanai, Crotty, Hemopo, Naholo, Milner-Skudder, Proctor, Todd). On connaissait le processus mais il s’est quelque peu accéléré, notamment en raison des changements de contrats pour les transferts au Japon : les joueurs choisissent désormais de jouer soit la Top League, soit le Super Rugby et ne font plus les deux saisons d’affilée, ou alors que très rarement. Les joueurs quittent le pays de plus en plus tôt et vont tenter une expérience en Europe alors même que leur carrière avec les All Blacks est à peine lancée (Fekitoa, Piutau, Sopoaga par exemple) ou par surplus de concurrence à leur poste. L’intérêt financier est plus vrai que jamais à jouer dans la vielle Europe ou au Japon et l’intérêt sportif n’est plus aussi différent qu’il a pu l’être auparavant.

On est à mi-chemin entre une crise du modèle et une phase classique de renouvellement : de quel côté flancher ? D’un côté, on a peut-être atteint un niveau de non-retour dans l’équilibre vendre ses meilleurs joueurs à l’étranger/garder des équipes locales compétitives. Ce qui nous fait suggérer aussi une perte de vitesse, c’est que le niveau s’est largement resserré l’année passée avec les franchises australiennes et surtout sud-africaines, sans parler des Jaguares. Après un cycle 2015-2018 où les franchises roulaient vraiment sur le Super Rugby au point de poser profondément la légitimité sportive de la compétition – les moins bonnes franchises néo-zeds étaient souvent plus performantes que les meilleures sud-africaines ou australiennes – le rapport de force a changé. Ce qui semble faire peur, c’est bien les perspectives pour les 10 prochaines années. New Zealand Rugby fait le dos rond et arrive à conserver ses meilleurs éléments souvent in extremis ou en faisant des compromis, par exemple en autorisant des congés sabbatiques à Whitelock, Retallick ou Barrett avec une clause leur permettant à la fois de jouer une saison au Japon tout en restant sous contrat avec la fédé néo-zed. NZRFU a aussi mis en place une nouvelle fois des repos répétés pour les All Blacks et une reprise tardive par rapport aux joueurs (limitation de temps de jeu au 1er match à 40 minutes, 60 au 2ème, 80 au 3ème). Le constat est d’autant plus alarmant quand on voit comment les All Blacks peinent à se renouveler à certains postes (piliers, deuxième-ligne, n°8 voire centre) sous fond de Coupe du monde ratée. On sent donc une certaine crispation au pays du rugby avec forcément une attention particulière portée sur le Super Rugby quand l’équipe nationale va « mal », toutes proportions gardées.

De l’autre côté, on peut comprendre cette phase d’exode comme un processus classique post-Coupe du monde avec son lot de départs de joueurs d’expérience mais aussi sa part de renouvellement dans les franchises avec l’arrivée de jeunes joueurs issus de la Mitre 10 Cup. Les leaders d’hier laissent la place à de plus jeunes joueurs autrefois sur le banc et s’imposent progressivement dans chaque franchise et finalement pousser la porte de la sélection un jour, pour certains d’entre eux. On connaît la boucle, les boss du rugby néo-zélandais ont toujours capitaliser là-dessus et sur le papier les Will Jordan, Josh Ioane, Dalton Papali’i, Quin Tupea, Brayden Ennor, Xavier Numia, Pari Pari Parkinson, Emoni Narawa sont sans doute les All Blacks de demain. Chaque franchise a ses pépites et tentera de les élever au niveau du Super Rugby, potentiellement plus. Le renouvellement doit aussi se faire dans le staff, à une heure où le technicien néo-zélandais s’exporte partout dans le monde et notamment en équipe nationale et où les All Blacks sont allés piocher dans chaque franchise de Super Rugby hormis les Blues (Ian Foster, John Plumtree, Scott McLeod, Brad Moar). Quoi qu’il en soit, la compétition qui nous attend sera forcément intéressante pour ça : voir l’évolution du rugby néo-zélandais, voir si l’on est dans une crise du modèle ou dans une logique de renouvellement de celui-ci, voir des nouvelles têtes, des équipes expérimentales mais forcément alléchantes. En avant le jeu !

 Les franchises dans le détail

Retrouvez ici l’ensemble des squads des franchises en images avec staffs, carrières des joueurs, stats.

Crusaders

Scott Robertson

Scott Robertson

Les Crusaders débutent l’année 2020 avec le squad le plus faible sur le papier depuis 4 ans. Et pour cause, avec les pertes de Ryan Crotty (Kubota Spears), Kieran Read (Toyota Verblitz), Sam Whitelock (Panasonic Wild Knights), Matt Todd (Toshiba Brave Lupus), Owen Franks (Northampton), Isarel Dagg (retraite), Jordan Taufua (Leicester) ou encore Mitch Hunt (Highlanders), la franchise perd une bonne partie de son ossature qui l’a menée aux derniers titres consécutifs. Au-delà des options tactiques nécessairement chamboulées, Scott Robertson perd ses principaux hommes d’expérience. La franchise avait bien entamé son renouvellement l’an dernier avec la révélation de plusieurs joueurs prometteurs (Ennor, Reece, Dunshea, Jordan, Harmon) mais la transition s’annonce forcément compliquée du côté de Christchurch. Avec trois titres de champions dans les jambes, les Saders vont entamer cette saison avec double profil de favori/équipe en transition en même temps. L’équation est donc complexe pour Robertson et son staff : garder l’hégémonie dans l’Hémisphère Sud sans les joueurs des années passées et avec des équipes qui peuvent désormais les regarder dans les yeux.

Scott Barrett

Scott Barrett

Les Crusaders gardent cette année à coup sûr un pack dense, technique, colonne vertébrale de leur rugby de possession fait de temps de jeu répétés et de réalisme dans le camp adverse. Deux zones d’ombre subsistent : en conquête et notamment en touche ou dans les rucks mais surtout dans les propositions offensives en troisième-ligne car les Saders perdent le trio Taufua-Todd-Read. L’enjeu sera de garder des avants cliniques, précis et techniques pour lancer les offensives derrière et limiter au maximum les fautes de mains/pénalités pour ne pas rendre le ballon à l’adversaire, et ainsi se garantir une possession de balle aux alentours des 60% comme les années dernières. Malgré des joueurs qui changent, on imagine que le plan de jeu général restera le même. Pour ça, Robertson devrait compter sur un front row Moody-Taylor-Ala’alatoa au centre de toutes les rotations d’effectifs. Taylor aura notamment un rôle essentiel dans la force de frappe du paquet d’avant en attaque, excellent à la percussion, à la passe ou même en bout de ligne. Les seconds couteaux d’hier devraient être les remplaçants d’aujourd’hui : George Bower à gauche, Olivier Jager à droite et Andrew Makalio au talon sont amenés à avoir pas mal de temps de jeu. En seconde-ligne, Scott Barrett va logiquement prendre la place et le rôle de Sam Whitelock dans le leadership du paquet d’avant avec accessoirement le capitanat par la même occasion. Il devrait être épaulé des jeunes Quitten Strange (23 ans) et Mitchell Dunshea (24 ans) qui peuvent prétendre à une place dans un squad des All Blacks un jour si ce n’est cette année. Luke Romano offre de l’expérience à ce poste mais sportivement Strange et Dunshea ont plus à offrir.

En troisième-ligne, beaucoup d’options possibles et pas mal de doute après les départs de Read, Taufua et Todd. Whetu Douglas – plutôt en n°8 – est quasiment le seul à déjà avoir sa place de titulaire. En n°6 plusieurs options tactiques avec un registre plus lourd, plus physique avec Ethan Blackadder ou Tom Sanders, quasiment des « troisième deuxième-lignes » et dans un registre plus mobile et plus offensif, l’espoir Tom Christie (21 ans, Canterbury) est pressenti pour faire forte impression cette année. En n°7 Billy Harmon fait figure de spécialiste mais peine à vraiment être un plaqueur/gratteur à l’activité de Matt Todd. Là-encore, le profil d’un Tom Christie pourra lui être privilégié, d’autant que Harmon manquera les 4/5 premiers matchs pour blessure. Comme pour Christie, le profil d’un Sione Havili (22 ans, Tasman) est le bienvenu pour tenter de pallier aux pertes en attaque de Taufua et Read. Le rendement sera forcément différent et moindre mais on demande à voir !

Bryn Hall

Bryn Hall

A la charnière on retrouvera Byrn Hall et Richie Mo’Unga à la commande de l’attaque des Crusaders. Tactiquement leur rôle est absolument essentiel dans le plan de jeu proposé par Scott Robertson : de la précision et de l’intelligence dans le jeu au pied d’occupation, des sorties propres pour ne pas dire impeccables et une alternance menée de main de maître. L’efficacité du jeu d’attaque va encore une fois reposer sur les transversales et les passes décisives de Mo’Unga quand ce n’est pas Hall lui-même. Mo’Unga débute l’année la plus importante de sa carrière avec une place de n°10 chez les All Blacks à confirmer. On surveillera de près les prestations de Brett Cameron (23 ans) à l’ouverture et d’Ere Enari (22 ans) à la mêlée en sortie de banc, tous deux promis à de grandes carrières en Nouvelle-Zélande.

L’inconnu est en n°12 cette année pour les Crusaders après le départ de Ryan Crotty. Tactiquement, Robertson perd la tour de contrôle de son attaque, défenseur parfait et option sécurité à l’extérieur de Mo’Unga. Jack Goodhue aurait les qualités pour le remplacer sur le papier mais ça impliquerait qu’il soit plus juste techniquement. Bien qu’il ait rarement joué à ce poste, c’est sans doute l’option n°1, bien que par défaut plus qu’autre chose. Dallas McLeod peut malgré ses 20 ans prétendre à pas mal de temps de jeu à ce poste, c’est le seul spécialiste en tant « 1er centre » avec Inga Finau. McLeod a fait une forte première impression en match de présaison contre les Hurricanes et sera un des rookies à suivre cette année. David Havili peut être une option intéressante, on l’a vu souvent occuper ce poste avec Tasman, d’autant que Will Jordan prétend sérieusement au n°15. Robertson a donc pas mal d’options tactiques à portée de main, d’autant si l’on considère que Brett Cameron pourrait jouer n°12, un peu à la Dan Carter comme par le passé. En n°13 Braydon Ennor devrait avoir plus de temps de jeu cette année, il apporte beaucoup de vitesse sur les extérieurs et des propositions balle en main.

Will Jordan

Will Jordan

Sur les ailes, on devrait retrouver la paire George Bridge-Sevu Reece, propulsée titulaire pendant la Coupe du Monde avec les All Blacks. Bridge est un des joueurs les plus importants du squad par sa capacité à gagner les duels aériens, à relancer et à avancer dans toutes les zones du terrain et par la profondeur de son jeu au pied. Sevu Reece est lui impressionnant dans ses qualités de finisseur en bout de ligne et peut encore progresser dans ses propositions en attaque. Mataele est une option dans le même registre sur l’aile droite. Dans des registres plus polyvalents, Will Jordan surtout et Brayden Ennor sont des possibilités. Jordan a profité de la blessure d’Havili l’an dernier pour exploser en début de saison. La sélection nationale l’attend, à voir quel poste il joue et s’il peut pousser Havili sur le banc. Quoi qu’il en soit, les Crusaders vont garder un troisième rideau assez impressionnant, sans doute le meilleur du championnat.

Le XV type probable :

1. Joe Moody – 2. Codie Taylor – 3. Michael Ala’alatoa – 4. Scott Barrett – 5. Michell Dunshea – 6. Ethan Blackadder – 7. Billy Harmon – 8. Whetu Douglas – 9. Byrn Hall – 10. Richie Mo’Unga – 11. George Bridge – 12. Jack Goodhue – 13. Braydon Ennor – 14. Sevu Reece – 15. David Havili

Hurricanes

Jason Holland

Jason Holland

Aux Hurricanes grosse année de transition annoncée après une intersaison extrêmement compliquée après avoir perdu John Plumtree (staff des All Blacks), Beauden Barrett (Blues) et Ardie Savea sur blessure, qui manquera la majorité du Super Rugby. En comptant les départs de Milner-Skudder (Toulon), Jeff Toomaga-Allen (Wasps), Matt Proctor (Northampton), Sam Lousi (Scarlets), Toby Smith (retraire pour commotion cérébrale), la franchise perd en fait son ossature de ces dernières années depuis le titre de 2016, surtout si on prend en compte l’indisponibilité de Savea. Aussi, les changements de coachs commencent à être sérieusement redondants, après le départ de Chris Boyd l’an dernier, c’est John Plumtree qui part maintenant au chevet des All Blacks et l’adjoint Richard Watt aux Tonga, la franchise perdant en expertise technique et en leadership. Même si la continuité est assurée – l’adjoint des dernières années Jason Holland devient head coach – on peut difficilement dire que ça avantage les Canes, le projet de jeu des années 2015 s’étiole et s’éloigne un peu plus…

Pour parler franchement, la vie sans Barrett s’annonce compliquée dans l’animation offensive et le projet de jeu. Les Canes 2019 fonctionnaient globalement de la même façon depuis 2015 avec la même recette : créer du décalage sur des situations de turnovers ou en première main et ainsi mettre hors d’état de nuire ses adversaires avec seulement 2/3 temps de jeu et une poignée de passes éclair bien senties, le tout via une technique chirurgicale. Il est rare de trouver des essais des Canes dans lequel Barrett n’a pas été impliqué, soit par une transversale, soit par un décalage quand ce n’est pas lui qui finit les actions. Les Canes 2020 risquent de faire du Barrett sans Barrett et du Plumtree sans Plumtree… A Jason Holland de se renouveler tout en capitalisant sur l’âge d’or des années passées et de proposer un projet de jeu séduisant autour de l’identité du club : l’attaque à tout prix et à toute vitesse. Carlos Spencer en tant que premier adjoint aura un rôle essentiel à jouer dans cette mission dans sa jeune carrière d’entraîneur. Et au vivier de Wellington et aux leaders des années dernières de s’affirmer et de combler le manque de l’enfant du pays.

Tyrel Lomax

Tyrel Lomax

La transition va commencer devant. Le jeu d’attaque des Canes demande paradoxalement beaucoup d’engagement et de précision dans les soutiens/phases de rucks en plus d’exiger une technique individuelle au-dessus de la moyenne. La deuxième ligne y est coureuse plus que nulle autre en Nouvelle-Zélande, soutien oblige, en plus des tâches habituelles de l’attelage et la première ligne doit amener beaucoup de percussions et des passes en pivot. Avec un trio 100% Wellington Numia-Aumua-Fidow en première ligne qui culmine à même pas 22 ans, les Canes disposent justement de ce qu’il y a de plus prometteur en Nouvelle-Zélande à ce poste, alliant densité physique et mobilité hors norme ballon en main. Les trois devraient avoir pas mal de temps de jeu et Numia est même propulsé potentiellement titulaire après la retraite anticipée de Toby Smith. Fraser Armstrong à gauche et Tyrel Lomax à droite sont plus classiques dans le style, le dernier est attendu au tournant en Nouvelle-Zélande après une saison en demi-teinte aux Highlanders l’an dernier. Il est candidat au poste de titulaire chez les Blacks après la retraite d’Owen Franks. En deuxième ligne, la lutte pour le temps de jeu s’annonce assez rude mais Scott Scrafton, James Blackwell et Isaia Walker-Leawere devraient se partager la majeure partie des places de titulaire. Pas mal d’incertitudes en touche pour autant.

Dans le back row, impossible de combler le vide laissé par Ardie Savea en raison de sa blessure au genou qui le tiendra éloigné des terrains jusqu’à fin avril minimum. Comme pour Barrett derrière, les Canes sont orphelins de leur meilleure arme offensive devant, en plus de devoir compenser son abatage en défense et dans les rucks. Du Plessis Kirifi (23 ans en mars) après des sorties très prometteuses va devoir s’y coller en spécialiste n°7. A côté Vaea Fifita et Gareth Evans apporteront plus d’arguments balles en main et plus de densité physique. A Evans aussi de faire parler son jeu de main et de pouvoir être un appui dans le jeu d’attaque des Canes cette saison. Reed Prinsep et Murphy Taramai sont utiles aussi bien en n°6 que n°8 dans un registre plus simple, plus flanker. Le Baby Black Devan Flanders a une carte à jouer en n°8 aussi, là-encore plutôt dans un registre plaqueur/ball carrier que technique.

Fletcher Smith

Fletcher Smith

A la charnière on retrouvera bien sûr TJ Perenara, solidement secondée par Jonathan Taumateine, gros espoir à ce poste au pays (23 ans). Mais les ennuis sont bien sûr ailleurs, au poste de n°10. Sans Barrett, plusieurs options sont possibles. James Marshall fait figure de joueurs le plus expérimenté et colle à l’esprit du jeu des Canes même s’il est plus à l’aise à l’arrière. Il est sur le papier le n°1 mais étant en double contrat avec les Red Sparks au Japon, il manquera le début de saison. Avant ça, Fletcher Smith (24 ans, Waikato) et Jackson Garden-Bachop (25 ans, Wellington) sont les deux spécialistes au poste du squad. Smith apporte précision au pied et sait animer assez proprement sans forcément s’aventurer dans des percées pour autant. Garden-Bachop a lui un jeu au pied plus long, il est meilleur défenseur et est plus costaud, il couvre d’ailleurs le poste de n°12. On peut penser qu’avec Laumape en inside centre, Holland privilégiera un n°10 éjecteur, fluide et précis pour envoyer sur les extérieurs, plutôt du Fletcher Smith alors. Chase Tiatia est aussi une option dans un profil plus offensif après une saison 2019 enfin convaincante en Super Rugby pour un joueur prometteur, avec des appuis électriques et un goût de la prise de risque. Enfin pour être complet, Jordie Barrett a pu être évoqué comme une solution pour remplacer son frère en n°10, après avoir occupé ce poste à la Coupe du monde très furtivement. Il paraît quand même bien plus à l’aise en n°15 mais devrait dans tous les cas plus peser dans les décisions d’attaque pour soulager un n°10 qui aura beaucoup de pression à Wellington… En tout cas la franchise ne manque pas d’options tactiques ni de potentiel, Spencer aura un rôle important pour façonner techniquement son n°10.

Ben Lam

Ben Lam

Au centre, Laumape paraît indéboulonnable en premier centre et sera encore le fer de lance de l’attaque, en premier receveur et la base de la défense des 3/4. Un second centre plutôt régulateur/passeur devrait l’épauler et là-encore beaucoup d’options sont possibles après le départ de Matt Proctor. La première, c’est son frère Billy qui du haut de ses 20 ans est sans doute le meilleur espoir du squad cette année, titulaire avec Wellington en NPC et Baby Black dès 18 ans. Il peut être le pendant plus mobile de Laumape sur les extérieurs. Dans la même veine, l’espoir Umaga-Jensen est présent dans le squad depuis 3 ans mais n’a quasiment pas joué, il cherchera à gagner du temps de jeu. Vinse Aso reste une option sûre, dans un style complet, très rapide, bon finisseur toute comme Wes Goosen. Le Sud-africain Kobus Van Wyk a remplacé à l’intersaison Proctor, difficile à dire comment il s’intégrera dans l’équipe après une saison avec peu de temps de jeu aux Sharks. Ces trois joueurs peuvent aussi jouer à l’aile et devront alterner. Ben Lam sur l’aile gauche sera de nouveau une arme essentielle dans l’attaque des Hurricanes, essentiel dans le réalisme par ses qualités exceptionnelles de finisseur.

Le XV type probable :

1. Xavier Numia – 2. Dane Coles – 3. Tyrel Lomax – 4. James Blackwell 5. Isaia Walker Leawere – 6. Vaea Fifita – 7. Du Plessis Kirifi – 8. Gareth Evans – 9. TJ Perenara – 10. Fletcher Smith – 11. Ben Lam – 12. Ngani Laumape – 13. Billy Proctor – 14. Wes Goosen – 15. Jordie Barrett

Chiefs

Warren Gatland

Warren Gatland

Pas mal de départs côté Hamilton mais les Chiefs accusent largement moins le coup que les Crusaders, Highlanders et Hurricanes. La franchise perd quand même Retallick pour un an (Kobelco Steelers), Taleni Seu (Toyota Industries Shuttle) ou Kane Hames (libre) pour l’essentiel. On pourrait presque dire que les Chiefs ont réussi leur intersaison avec le recrutement du revenant Aaron Cruden (Montpellier), du vétéran Adam Thompson (Otago) mais surtout des espoirs Quinn Tupaea (Waikato), Kini Naholo (Taranaki) et Naitoa Ah Kuoi (Wellington). Ce qui s’apparente à un renforcement – et à un changement de style en perspective – tient en fait principalement dans le staff avec les arrivées de Warren Gatland (entraîneur principal) et de David Hill (adjoint), complétement un panel de techniciens déjà bien garnis avec Tabai Matson (défense), Andrew Strawbridge (skills) ou Neil Barnes (avants). Ancien talonneur emblématique de Waikato dans les années 80/90, Gatland revient sur ses terres d’enfance avec un objectif à sa hauteur : replacer les Chiefs dans la hiérarchie en Nouvelle-Zélande après une saison 2019 et potentiellement redonner le titre aux champions 2012/2013. Le défi sportif claque sur le papier : comment le coach le plus expérimenté de ces dernières années en Europe – 12 ans au Pays de Galles, 2 tournées des Lions – fait-il pour réussir dans l’hémisphère Sud ? Rien que pour ça, les Chiefs méritent le détour cette année, en plus d’avoir dans leurs rangs les quelques joueurs les plus impressionnants du championnat.

Le 5 de devant des Chiefs va devoir faire ses preuves face aux cylindrées sud-africaine, argentine et bien sûr face aux autres franchises kiwi, le tout sans Brodie Retallick. Le trio Ross-Harris-Laulala accompagné d’un attelage Ardron-Allardice permet de combiner densité avec Laulala, métier et technique d’avant avec Ross et Allardice et mobilité balle en main avec Ardron et Harris. En sortie de banc Gatland pourra compter sur Atu Moli et Angus Ta’avao en pilier droit et Ryan Coxon à gauche, bon espoir à ce poste en Nouvelle-Zélande. En deuxième-ligne, là-aussi il y a des jeunes joueurs prometteurs avec Naitoa Ah Kuoi (20 ans, Wellington) qui intègre le Super Rugby après seulement une année de NPC (c’est souvent la marque des futurs grands) ou Tupou Vaa’i (20 ans, Taranaki). On imagine que les compositions d’équipe devraient souvent bouger, les Chiefs vont devoir trouver leur rythme.

Luke Jacobson

Luke Jacobson

Idem en troisième-ligne avec un peu plus de certitudes pour autant. Le capitaine Sam Cane fait figure de taulier une nouvelle fois et il apportera solidité défensive et activité au-dessus de la moyenne en n°7. Il devrait souvent être épargné, ce qui donnera du temps de jeu à Mitch Karpik, plus mobile, plus technique ballon en main. Côté fermé, Lachlan Boshier offre là-aussi pas mal d’activité en plus d’être une proposition en touche et parfois dans la ligne d’attaque. Quant au poste de n°8, Luke Jacobson aura un rôle essentiel dans le jeu offensif des Chiefs et dans la transmission avec les 3/4. Il fait figure de favori pour le moment avec Akira Ioane pour remplacer Read chez les All Blacks, il est sérieusement attendu au tournant en Nouvelle-Zélande. Le Fidjien Pita Sowokula est aussi une option en n°8, Jacobson pouvant glisser en n°6 mais on imagine bien Jacobsen prendre de la place et toucher plus de ballon en n°8. Quant à Adam Thompson, sa nomination en Super Rugby à maintenant bientôt 38 ans fait figure de surprise après une année aux Etats-Unis. S’il peut faire quelques apparitions, son apport devrait surtout être dans le vestiaire et à l’entraînement pour coacher les jeunes pousses de la région.

Te Toiroa Tahuriorangi

Te Toiroa Tahuriorangi

Comme depuis maintenant quasiment 10 ans, les 3/4 des Chiefs continueront à être les plus techniques du circuit, capables de jouer à deux ou trois postes différents et cumulant un gros niveau de skills dans le squad. Gatland aura à sa portée une force de frappe assez significative sur situation de turnovers, avec des avants habitués à toucher des ballons dans le couloir des 15m. Le choix est fait de privilégier la vitesse, la qualité de passe et les déplacements sur la puissance, avec des gabarits quasi systématiquement à moins de 100kg, les exemples de McKenzie et Cruden étant les plus évidents. La marque de fabrique des années Cruden première génération donc (2012, 2013, 2014) a fait école pourrait-on dire, au point de rester jusqu’au retour du n°10. On le retrouvera cette année à priori en tant que titulaire, sa venue ayant quand même comme gros atout de permettre le replacement de Damian McKenzie en n°15, son poste naturel. Son acclimatation au Super Rugby après des années montpelliéraines sera intéressante à regarder. Tiaan Falcon (22 ans) cherchera à gratter du temps de jeu après une année 2019 prometteuse mais pas forcément pleinement toujours convaincante. A la mêlée Brad Weber et Te Toiroa Tahuriorangi se partageront le poste, le premier apportant plutôt en contre et dans le jeu débridé, le second dans un rôle éjecteur avec une passe exceptionnelle.

Quinn Tupaea

Quinn Tupaea

Au centre, on retrouvera l’impeccable Anton Lienert-Brown qui a encore franchi un niveau de jeu l’an dernier avec les Chiefs et les All Blacks. Aussi à l’aise en 12 qu’en 13, il apporte dans tous les secteurs de jeu et sera le pendant « cérébral » d’Aaron Cruden derrière. En premier centre Alex Nankivell et Orbyn Leger ont pu être des options intéressantes bien que pas forcément toujours concluantes pour autant. C’est pourquoi le jeune Quinn Tupaea (20 ans) est pressenti pour avoir beaucoup de temps de jeu en n°13 après une excellente saison à Waikato. C’est un des rookies les plus attrayants à suivre cette année. Grosse densité d’effectif ensuite dans le back three avec énormément de vitesse et de précision technique chez Solomon Alamailo, Shaun Stevenson, Etene Nanai-Saturo, Sam McNicol et Damian McKenzie, forcément. L’espoir Kini Naholo – frère de Waisake – devrait être une option de choix sur l’aile gauche, ici dans un registre plus massif, finisseur et percuteur. Là-encore les Chiefs ont donc pas mal de choix.

Le XV type probable :

1. Aidan Ross – 2. Nathan Harris – 3. Nepo Laulala – 4. Tyler Ardron – 5. Michael Allardice – 6. Lachlan Boshier – 7. Sam Cane – 8. Luke Jacobson – 9. Brad Weber – 10. Aaron Cruden – 11. Kini Naholo – 12. Anton Lienert-Brown – 13. Quinn Tupaea – 14. Solomon Alaimalo – 15. Damian McKenzie.

Highlanders

Tony Brown

Tony Brown

Les Highlanders ont eux-aussi connu une inter-saison tourmentée pour ne pas dire chaotique avec les pertes successives de Liam Squire (Red Hurricanes), Ben Smith (Pau), Waisake Naholo (London Irish), Luke Whitelock (Pau), Tevita Li (Suntory Goliath), Tom Franklin (Kobelco Steelers), Jackson Hemopo (Mitsubishi Dynaboars) ou encore Tyrel Lomax (Hurricanes). Parlons franchement : les Highlanders ont perdu la moitié de leurs titulaires et compte un squad avec beaucoup de rookies et une formation expérimentale à venir malgré la stabilité du staff (retour de Tony Brown). La différence avec les autres franchises réside dans le fait que les Highlanders comptaient déjà peu d’All Blacks à part les deux Smith. Et depuis la victoire en 2015 autour du pack des « no bodies », la franchise s’est assez peu renouvelée, capitulant plutôt sur des joueurs d’expérience, partis depuis en Europe ou au Japon, donc. On a le sentiment que  sur le papier les Landers ont le squad le moins garni en Nouvelle-Zélande et vont devoir batailler pour garder leur statut d’outsider. Là-encore on ne demande qu’à être démenti : Aaron Mauger pourra compter sur des jeunes prometteurs et sur quelques hommes d’expérience (Dixon, Smith, Lentjes, Thompson, Lienert-Brown, Coltman). A voir le projet de jeu que développe Mauger, les Highlanders étant plutôt eu ces dernières années une approche variée soit du jeu de transition soit du rugby de possession avec beaucoup d’alternance en attaque.

Pari Pari Parkinson

Pari Pari Parkinson

En première-ligne le trio Lienert-Brown-Dixon-Tokolahi devrait être au centre de toutes les rotations d’effectifs. L’association combine défense, percussion en attaque en plus des tâches classiques de première ligne. Andrew Johnstone à gauche (122 kg) et Josh Iosefa-Scott à droite (133 kg) apporteraient du poids pour densifier un peu plus le paquet d’avants. Liam Coltman aura un rôle important dans le vestiaire, gage d’expérience. La mêlée et la conquête restent des zones d’ombre assez importantes pour le staff après une sortie peu convaincante en présaison contre les Waratahs (défaite 40-21). En deuxième-ligne, Pari Pari Parkinson (23 ans) a les All Blacks devant lui s’il confirme après une année 2019 prometteuse, alliant mobilité et densité. Josh Dickson et Jack Whetton (fils de Gary, passé par Nevers) se partageront le poste. Clairement les Landers affichent quelques doutes à ce poste mais à leur décharge, c’est aujourd’hui un problème récurrent et sérieusement préoccupant en Nouvelle-Zélande…

En troisième-ligne, un peu plus de profondeur d’effectif déjà avec un back row Fritzell-Lentjes-Ben Nicholas qui sur le papier est assez alléchant et très complémentaire, cumulant activité défensive, mobilité, percussion et jeu de passes en attaque. James Lentjes est le capitaine surprise du squad, après un début de carrière en demi-teinte, souvent dans l’ombre que meilleur que lui aux Highlanders. C’est un spécialiste openside, bon chasseur et intéressant au contest. A l’inverse Shannon Fritzell est la meilleure option offensive du pack, il est attendu au tournant cette année avec potentiellement une place de n°6 titulaire chez les Blacks qui l’attend. Teariki Ben Nicholas est lui un espoir (24 ans) au poste de n°8, on l’a vu très remuant avec Wellington ces dernières années. Jese Parete, passé par les Chiefs, est aussi une option en n°8 et le Tongien Zane Kapeli un autre choix en n°6, très gros plaqueur. Fritzell a le potentiel et la technique pour jouer aussi n°8.

Mitch Hunt

Mitch Hunt

Dans l’animation offensive, Aaron Mauger pourrait partir sur une association Aaron Smith/Mitch Hunt/Josh Ioane avec un repositionnement de Ioane au centre donc et non pas au poste de n°10 comme c’était attendu. C’est en tout cas l’option tactique qu’ont laissé profiler Mauger et Tony Brown à l’issue du match de présaison contre les Waratahs. Mettre Hunt en n°10 et faire glisser Ioane dans un registre de « second five-eight » permet de maximiser l’animation offensive des Highlanders et d’avoir un jeu de passe plus développé, surtout avec Smith à la distribution. Hunt est un demi assez peu académique, très remuant, pas forcément élégant à voir jouer mais assez tranchant dans ses initiatives, il anime bien. A voir selon les  oppositions mais le staff avait l’air convaincu de cette possibilité. Ioane reste une valeur assez sûre à l’ouverture même s’il doit confirmer son rôle de n°3 dans la hiérarchie des All Blacks. Byrn Gatland est une autre option intéressante, dans un registre cette fois-ci plus classique, éjecteur et gestionnaire. A la mêlée on devrait revoir Kayne Hammington qui a fait de bonnes sorties l’an dernier mais la pépite Folau Fakatawa (20 ans) demande clairement à voir.

Jona Nareki

Jona Nareki

Au centre on était habitué à voir Walden titulaire en n°12, ça devrait moins être le cas si on en croit le glissement de Ioane au centre. Ioane devrait être logiquement associé à Rob Thompson, très bon les années passées et combinant efficacité défensive et vitesse de jeu. Palesio Tomkinson devrait aussi bénéficier d’un peu de temps d’autant que l’espoir Umaga-Jensen (22 ans) est blessé pour une bonne partie de la saison déjà. Dans le back three, on peut penser que Mauger privilégiera la vitesse et la capacité à créer des breaks autour de l’axe Hunt-Ioane qui distribue. Jona Nareki rentre dans ce profil de « poids-plume » (82kg) avec de bons appuis, une bonne vision du jeu et des qualités de finisseur. Tima Fainga’anuku pourrait lui être son pendant « poids lourd » sur l’autre aile permettant de davantage fixer les défenses. Nabura est aussi une option, légèrement plus expérimenté après deux saisons à Dunedin. A l’arrière deux options avec un Michael Collins animateur, pouvant suppléer au pied Hunt ou Ioane mais pas toujours décisif dans ses choix et à côté Josh McKay plus dans un profil relanceur/coureur, meilleur marqueur d’essai du dernier NPC. Hunt est aussi une sérieuse option à l’arrière s’il peine à convaincre à l’ouverture. Au final, pas mal d’expérimentation à venir mais si l’axe Smith-Hunt-Ioane tient ses promesses, on peut imaginer que sur les extérieurs les breaks se fassent. A Mauger et Brown de trouver de l’équilibre dans le jeu de transition et en défense aussi… On ne demande qu’à voir !

Le XV type probable :

1. Dan Lienert-Brown – 2. Ash Dixon – 3. Sione Tokolahi – 4. Pari Pari Parkinson – 5. Josh Dickson – 6. Shannon Fritzell – 7. James Lentjes – 8. Teariki Ben Nicholas – 9. Aaron Smith – 10. Mitch Hunt – 11. Jona Nareki – 12. Josh Ioane – 13. Rob Thompson – 14. Josh McKay – 15. Michael Collins

Blues

Leon MacDonald

Leon MacDonald

Il ne faut pas le dire trop vite mais cette année, les Blues est l’équipe la plus stable par rapport à l’année dernière. C’est bien la première fois depuis au moins 5 ans, tant la franchise d’Auckland nous a habitués chaque année aux grandes manœuvres en interne, joueurs, coachs et directeurs compris. Comparées aux exodes massifs de leaders dans les autres franchises, les Blues gardent leur quelques All Blacks et laissent uniquement filer Melani Nanai (Worcester), Michael Collins (Highlanders) Scott Scrafton (Hurricanes), Augustine Pulu (Hiho Red Dolphins) tout en recrutant sévère avec l’arrivée de Beauden Barrett bien sûr et un mix de très bons espoirs (Emoni Narawa, Bay of Plenty ; Tanielu Tele’a, North Harbour ; Waimana Kapa, Auckland), de joueurs étrangers (Tony Lamborn, un des meilleurs Américains pendant la Coupe du Monde ; Joe Merchant, grand espoir en Angleterre) et de joueurs habitués du Super Rugby en sortie de banc (Finlay Christie, James Tucker). La franchise court après la continuité et la recherche de performances stables depuis maintenant 4/5 ans, elle a cette année les joueurs et un plan de jeu relativement fixe (le staff reste le même) pour capitaliser autour d’une saison 2019 encourageante, la meilleure depuis bien longtemps. A défaut de refaire le coup du « cette année c’est l’année des Blues » la bande à Leon Macdonald a de quoi rivaliser à armes égales avec les autres franchises du pays.

Tout commence devant avec un pack quasiment inchangé par rapport à l’an dernier autour de joueurs massifs, gros porteurs de balles et techniquement souvent impressionnant à l’image d’un Akira Ioane à qui le poste de n’°8 semble promis chez les All Blacks, en tout cas sur le papier. Le pack manque sans doute un peu de métier, de régularité et de discipline, à chercher dans des matchs références dans le début de saison. La première ligne arrive à une vraie forme de maturité, mêlant expérience et jeunes joueurs ayant maintenant une bonne poignée de caps en Super Rugby. Le trio Tu’inukuafe-Parsons-Tu’ungafasi est sur le papier l’association la plus sûre, que l’on retrouvera le plus souvent avec comme couvertures à gauche Alex Hodgman et Sione Mafileo à gauche, à droite Marcel Renata et le grand espoir Ezekiel Lidenmuth (22 ans) et au talon des joueurs habitués du NPC (Kurt Eklund, Raymond Niuia).

Dalton Papalii

Dalton Papalii

En deuxième-ligne, l’attelage Tuipulotu-Tuioti-Mariner seront là pour faire le travail avec Goodhue et Tucker en back up et Pierce (22 ans) dans la peau de l’espoir. Mais le plus important n’est pas là dans l’effectif des Blues : il est en troisième ligne. C’est là où se concentrent l’animation offensive, la densité et le caractère, poste qui sera essentiel aux performances des Blues cette année, quand la deuxième ligne sera plus cantonnée aux tâches de l’ombre. MacDonald dispose de la meilleure troisième ligne du pays après les départs de Read, Todd, Taufua aux Crusaders et de Whitelock, Squire et Dixon aux Highlanders. Les compositions d’équipes devraient (comme souvent) beaucoup bouger mais le back row Robinson-Papali’i-Ioane devrait être l’association de départ pour le staff, très complémentaire avec un Tom Robinson très remuant (rookie de l’année aux Blues) qui cherchera à faire accélérer le jeu, notamment sur phase débridée, un Dalton Papali’i qui a une place à se tailler chez les All Blacks dans le style d’un flanker complet, gros défenseur et un Akira Ioane que l’on ne présente plus. L’association est expérimentale car trop peu souvent alignée mais ne demande que du temps de jeu pour faire parler la poudre. Blake Gibson, de retour de blessure, devrait avoir pas mal de temps de jeu en n°7 dans le style de Sam Cane, flanker racé, gratteur et bon défenseur, Papali’i couvrant en n°6 aussi. L’Américain Lamborn et les espoirs Sotutu et Kapa apporteront de la profondeur de banc dans un effectif finalement bien concurrentiel.

Otere Black

Otere Black

A la charnière, le chantier des Blues recommence une fois encore après des lacunes énormes dans l’animation ces dernières années, vrai manque de la franchise. Et disons-le clairement : le recrutement en grande pompe de Beauden Barrett ne doit pas voiler la face : Barrett commencera à reprendre l’entraînement début avril pour congé sabbatique et ne sera même pas là en 2021, il jouera au Japon. Il ne faut donc pas voir Barrett comme la recette miracle aux problèmes des Blues, l’adaptation de Barrett dans une nouvelle équipe et son engagement (on l’a vu moins en forme ces deux dernières années en Super Rugby) étaient d’ailleurs hypothétiques. Ce choix de carrière (congé sabbatique de 4 mois + accord de la NZRU d’assouplir son contrat en jouant un an au Japon) relève pour le meilleur n’°10 du monde autant de la recherche du second souffle et de l’exotisme sportif que de la mission de sauvetage des Blues. Les Blues font donc devoir recomposer avec une charnière Jonathan Ruru/Otere Black forcément moins attractive. On parle beaucoup du souci lancinant du n°10 aux Blues mais le n°9 n’est pas moins problématique. Ruru ou Nock n’ont pas offert beaucoup de garanties et l’arrivée de Finlay Christie des Hurricanes ne tient pas non plus de l’homme providentiel même s’il peut finalement être assez vite l’option n°1. Les trois joueurs sont du même niveau, tout dépendra de la forme du moment et des associations avec le n°10. Otere Black étant très attendu  l’an dernier, il a plutôt déçu et est resté assez sobre dans son animation quand un Harry Plummer proposait plus de choses mais n’échappait pas à quelques maladresses. Quant à Stephen Perofeta après une année 2019 blanche en raison d’une grosse blessure, son potentiel est plus à trouver en n°15. Gros chantier pour Macdonald en tout cas et son adjoint Halangahu.

Stephen Perofeta

Stephen Perofeta

Si on ne peut se passer d’une charnière qui tourne bien, il faut dire que les arguments des Blues sont comme souvent ces dernières années sur les ailes et au centre. Macdonald a annoncé que Rieko Ioane jouerait cette saison au centre, avec dans l’optique l’idée d’améliorer son rugby et notamment sa défense pour redevenir titulaire chez les All Blacks après une omission en bonne et due forme à la Coupe du monde. On le voit bien s’associer avec TJ Faiane en premier centre, cadre à Auckland et qui a fait de bonnes sorties l’an dernier en n°13 chez les Blues. Beaucoup d’alternatives sinon avec l’Anglais Joe Merchant qui sur le papier cherchera à gagner du temps de jeu en n°13 avec dans l’optique un retour immédiat aux Harlequins et la visée une potentielle place de titulaire en équipe d’Angleterre. Tanielu Tele’a (21 ans) est un crack en devenir mais comme pour Merchant, sa place semble bouchée par Ioane en n°13, à moins que Ioane soit aligné en n°12 comme ça a pu se voir quelques fois mais cela impliquerait d’avoir un n°10 qui tient vraiment la route et qui combine défense et animation. A voir. Aux ailes plus de certitudes dans les qualités de finisseur et de débordement des rookies Tele’a et Narawa bien qu’ils aient besoin d’abord de temps de jeu. Narawa est l’un des meilleurs espoirs du pays, meilleur joueur de Mitre 10 Cup cette année avec Bay of Plenty si l’on regarde les mètres parcourues, les breaks et les défenseurs battus. Un All Blacks en devenir, à condition de disposer de bons ballons, on a vu beaucoup de 3/4 des Blues se saborder ces dernières années et ne pas progresser. Matt Duffie est une option plus sûre bien que pas forcément plus talentueuse sur l’aile, il apporte jeu au pied, couverture du terrain et technique balle en main. Caleb Clarke aura pu percer un peu plus et gratter du temps de jeu cette année mais il en disposera de peu, étant au chevet de la sélection à VII pour les JO. A l’arrière, c’est l’heure de Perofeta qui après une saison 2018 encourageante et une saison blanche en 2019 n’en manque plus de faire parler la poudre. Jugez-en par vous-même ci-dessous mais la ligne d’arrières des Blues a beau être assez expérimentale et complétement inédite, elle promet beaucoup sur le papier.

Le XV type probable :

1. Karl Tu’inukuafe – 2. James Parsons – 3. Ofa Tu’ungafasi – 4. Patrick Tuipulotu – 5. Gerald Cowley-Tuoti – 6. Tom Robinson – 7. Dalton Papali’i – 8. Akira Ioane – 9. Jonathan Ruru – 10. Beauden Barrett – 11. Tanielu Tele’a – 12. TJ Faiane – 13. Rieko Ioane – 14. Emoni Narawa – 15. Stephen Perofeta

Perspectives et pronostics – Vers un rééquilibrage des forces en présence

Bien heureux à qui saurait trouver le n°1 de la conférence néo-zed à l’issue de ce Super Rugby. Car au pays du long nuage blanc, la lutte sera rude pour ne pas dire cannibale cette année. Les départs inédits de cadres des Crusaders, Hurricanes ou Highlanders nivelle le niveau par le bas avec des Blues toujours dans la peau des fouteurs de trouble avec une année 2019 encourageante, après bientôt une décennie à louper les playoffs (2011) et des Chiefs bien outillés. Le tout promet un rééquilibrage des forces en présence au sein de la conférence dans un Super Rugby lui-même plus homogène que jamais et promis à une concurrence dantesque. Car le chamboulement du rugby néo-zélandais n’a pas que des conséquences en interne : désormais des équipes comme les Stormers, Sharks, Bulls, Rebels, Brumbies sans compter les Jaguares devraient quasiment être à armes égales avec les franchises néo-zélandaises et disposer d’un avantage conséquent pour les matchs à domicile. Les tournées en Afrique du Sud et en Australie devraient de nouveau accoucher de belles oppositions après une année 2019 où l’on a vu tour à tour Chiefs, Crusaders, Highlanders, Blues, Hurricanes se casser les dents voir se casser complètement la gueule sur leurs adversaires étrangers (6 défaites 4 nuls des franchises néo-zeds sur l’année 2019 contre des équipes sud-africaines en ajoutant les Jaguares). La chose était nouvelle après plusieurs années de domination totale (hormis Blues) de la conférence néo-zélandaise et faiblesse des cylindrées sud-africaines (hormis Lions) et australiennes. 2019 semblait déjà l’un des Super Rugby les plus disputés de son histoire, 2020 devrait encore pousser le processus plus loin avec des Crusaders qui n’auront de toute façon pas la même assise que ces trois dernières années. Après 7 titres sur les 8 dernières années (dont les 5 derniers), la Nouvelle-Zélande va devoir batailler pour garder le titre dans son pays dans une compétition plus ouverte plus que jamais, où des Jaguares semblent malgré-eux favoris au titre, en tout cas sur la base de la saison dernière. C’est donc dans l’inconnu que l’on plonge en 2020 dans l’hémisphère Sud, avec toute l’excitation et l’attente qui vont avec.

Du style, toujours du style !

Du style, toujours du style !

Mais comme toujours, l’essentiel dans un championnat sans relégation comme le Super 18 ne se joue pas tant au bilan comptable qu’au niveau de jeu produit sur le terrain et sur la qualité rugbystique des joueurs. 2020 est pour le coup une année extrêmement charnière pour le rugby néo-zélandais et le Super Rugby sera la première phase de ce processus de reconquête du leadership mondial pour les All Blacks, assurant son rôle de tampon entre le rugby semi-professionnel et le rugby international. Ou plutôt, la tenue des franchises kiwis devrait nous donner un enseignement majeur sur la santé du modèle néo-zélandais à l’heure de départs massifs vers l’Europe ou le Japon et d’un changement de génération un peu hésitant. Clairement les générations 96/97/98 vont devoir accoucher de nouveaux joueurs susceptibles de jouer chez les All Blacks quand des Akira Ioane, Sevu Reece, Jordie Barrett, Rieko Ioane, Damian McKenzie, Shaun Fritzell, Nepo Laulala sont attendus au tournant pour devenir les leaders de demain en sélection. A ce petit jeu, des équipes comme les Blues et les Chiefs possèdent les meilleurs espoirs du pays, notamment derrière, et seront donc à ce titre à suivre de près cette saison. La qualité du pack All Black – mise à mal à la Coupe du monde et décimée en première et deuxième lignes – va aussi se jouer sur la qualité des sorties des packs des Crusaders, Highlanders et Hurricanes qui ont dans leurs rangs quelques-uns des All Blacks de demain. 2020 sera aussi l’année de revanche pour tout un tas de joueurs en manque de temps de jeu ces dernières années, de retour de blessure ou tout simplement de retour au pays comme Cruden. Bref, les temps ont beau changé, les joueurs partir et les franchises se modifier en profondeur, le Super Rugby nous promet en 2020 toujours la même chose : de l’intensité, des grandes oppositions et du spectacle !

Le XV type des joueurs à suivre

On vous propose pour finir un XV des joueurs à suivre dans chaque conférence, pas forcément le XV type par définition mais une équipe de joueurs un peu moins connus, prometteurs, audacieux ou qui reviennent cette année après des blessures ou des changements de clubs. Un XV de connaisseurs si vous préférez !

1. Karl Tu’inukuafe (Blues) – 2. Asafo Aumua (Hurricanes) – 3. Tyrel Lomax (Hurricanes) – 4. Tyler Ardron (Chiefs) – 5. Pari Pari Parkinson (Highlanders) – 6. Shannon Fritzell (Highlanders) – 7. Dalton Papali’i (Blues) – 8. Luke Jacobsen (Chiefs) – 10. Aaron Cruden (Chiefs) – 11. Solomon Alaimalo (Chiefs) – 12. Josh Ioane (Highlanders) – 13. Rieko Ioane (Blues) –– 14. Emoni Narawa (Blues) – 15. Will Jordan (Crusaders)


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