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Lève-toi et pense

Publié le 03 février 2020 par Alexcessif

Lève-toi et pense J’ai re-re-re-rencontré la femme de ma vie et la pudeur me vint comme une évidence. Donc cette aventure sera cryptée. J’étais dans ma septième vie de midi-chlorien aux manettes du Millénium Falcon virant à droite sur le bord intérieur du nuage de Oort quand je décidai, par hasard plus que par nécessité de faire le plein, d’amorcer ma descente sur Pandora où je connaissais l’existence d’une station Total.
Je la vis accroupie pour capter à l’aide d’un appareil photo l’image de Fourvière dans le miroir d’une flaque d’eau place Bellecour tandis que les pans de sa veste trois quart de Serge noire affleuraient la latérite du sol souillant son vêtement. Affairée au cadrage de cette prise de vue audacieuse, elle ignorait le dommage que pouvait apporter la salissure à son élégance. Le temps de bloquer le frein à main de ma navette spéciale en terminant mon créneau entre deux trottinettes électriques, le mal était fait. J’engageai donc la conversation par défaut sur le thème du danger que comporte la concentration indispensable à la créativité extrapolant sur celui de l’intégrité physique ainsi menacée. J’évoquais l’actualité riche du nombre des victimes de Selfies tombées dans des ravins accaparées comme elle par la recherche du cliché ultime. Elle surenchérit en évoquant sa mésaventure récente sur un banc de la place des Jacobins voisine d’où elle avait chuté, sans séquelles, sacrifiant involontairement son équilibre pour le bon angle digne de cette magnifique fontaine. Son vocabulaire, sa diction, son langage me plaisait. Notre conversation s’éternisait de mon fait, ravi de cet échange thermique où je m’emplissais de ses ondes alpha. La biodiversité féminine d’un coup cessa de me décevoir. Je lui racontais "mon" miroir d’eau bordelais face au Palais de la Bourse à Bordeaux qui, à l’instar de sa flaque, permettait de belles photos spéculaires. Elle connaissait ! Nous étions dans le même fuseau horaire, me sembla-t-il pour ce que je pu observer de ce spécimen sans artifice, la bouche très doucement colorée rehaussant de quelques Kelvin la chaleur de sa carnation naturelle. Son visage harmonieux, sa taille raisonnable, sa mise discrète, suggéraient à ma vue les caractères sexuels féminins secondaires sans tendances exagérées pour la prédation. Je n’en saurais pas plus ! Il me fallut conclure cet échange que toutes tentatives de prolongement eussent rendu vulgaire. Nous étions dans une urbanité non genrée entre deux êtres humains seuls au monde ravis de communiquer sans autre intention que le plaisir tautologique de la conversation. La moindre interrogation de l’une ou de l’autre aurait rendu vil ce qui devait rester innocent. J’avais encontré cet été une passante de celles que l’on ne retient pas. A son contact, j’ai saisi en un instant que tout ce j’avais modélisé dans le roman de mon affect et que j’avais attribué inconsidérement à d’autres, existait réellement. Le CV laborieux de toutes mes rencontres n’était en réalité qu’une lettre d’enfant au Père Noël. Il y avait chez cette passante la forme d’absolu de la figure féminine bien au delà de la fertilité de mon écriture hyperbolique. Alors, heureux de ce constat qu’existait en double exemplaire celle pour qui j’aurai cédé un peu de mon autonomie et que cette fois encore je n’étais pas prêt, j’avais atteint l'équanimité un chouïa vénère néanmoins. Je passai mon chemin dans cette galaxie en m’engageant rue Victor Hugo vers Les Terreaux par la montée de la grande côte via le plateau de la Croix Rousse et la ceinture de Kuiper, espérant, dans le secret de mon âme, que le hasard voudrait bien me placer une bonne fois pour toutes dans le time code propice.

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