L’émergence du « véhicule numérique » comme nouveau moyen de transport de la connaissance sur un mode « de tous vers tous » est perçue comme une révolution. Les auteurs de sciences-fictions nous auraient pourtant prévenus que cette nouvelle étape dans le sens de l’histoire était prévisible et qu’avec elle l’homme pourrait exercer son besoin de conquête sur un nouvel espace. Une nouvelle expérience utilisateur se fait jour à travers un espace de communication avec ses propres règles, sa propre physique, ses avatars et aussi, ses propres légendes (Kevin Mitnick, Edward Snowden). Il devient donc un nouvel espace convoité où se côtoient idéalistes, révolutionnaires, mercenaires, armées régulières, et acteurs économiques plus ou moins légaux. Un no man’s land où tout le monde se retrouve pour échanger la nouvelle drogue tendance, l’information, qui s’échange contre un peu de temps de cerveau disponible, quelle que soit la qualité du produit.
L’internet 2.0 et l’âge des réseaux sociaux ont généré des Espaces Informationnels Autonomes, en permettant l’exploitation massive des biais cognitifs de la population. Certains affirmeront d’ailleurs que ces réseaux sociaux sont la nouvelle cause de tous nos maux Qu’ils participent à la baisse de l’attention de l’individu, ou à la déstabilisation de nos démocraties. Ces constats négatifs sont souvent adossés à leurs opposés tels que le « bienfait » révolutionnaire permis par les regroupements virtuels des opposants dans des pays n’acceptant pas les rassemblements physiques dans des lieux, ou encore le placebo qu’est le pseudo lien social conservé en remplacement des « bars du village » ou autre lieu de rencontre.
En très peu de temps, les plateformes numériques sont devenues les catalyseurs des anciens rapports de force entre états, entreprises, ONG, ou activistes, et pouvant servir leurs propres intérêts en influençant les opinions. Les campagnes de communications réalisées par la Russie lors de l’annexion de la Crimée, les tentatives de recrutements par un groupe comme DAESH, ou encore la désinformation massive lors du référendum du BREXIT illustrent bien le propos. Cependant, le traitement qu’en fait la presse ne permet pas d’en comprendre les rouages complexes. En effet, les médias se concentrent principalement sur les conséquences, et rarement sur les causes. Ainsi l’avantage est donné aux « révolutionnaires communiquant » qui bénéficient d’un espace informationnel autonome traversant de multiples théâtres d’opérations.
par Jean-Michel Barbier, Laurence Bault, Clément Chevignon et Fabien Renaudin
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