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Hergé et Eddy Mitchell

Publié le 06 février 2020 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Dans quelque temps (sans doute fin mai, début juin) sortiront mes Mémoires chez Racine. En ce moment même, l’éditrice relit le texte et nous discutons de l’objet-livre… Je me propose de vous livrer jusque-là quelques courts extraits de l’ouvrage (qui remue en moi tant de souvenirs intenses!). Témoigner d’une époque me semble utile, non ? Nous sommes en 1968.

« L’album Vol 714 pour Sydney, qui fut l’objet de mon interview inédite de Hergé, sortit enfin. Stéphane et moi étions aux anges. Pourtant, Hergé ne vint jamais dans Dimanche Musique, alors que tous les autres grands de la BD y étaient venus au moins une fois : Roba, Morris, Goscinny, Peyo, Tibet, Franquin, Walthéry, Attanasio, Uderzo, Greg, Dupa, Graton, etc.

Un cocktail très sélect fut organisé pour la sortie du 22e album des aventures de Tintin. Il se tenait en fin d’après-midi, juste après l’émission pour jeunes. Or, ce jour-là, j’y accueillais l’ancien chanteur des Chaussettes Noires. Le taciturne Eddy Mitchell était venu seul de Paris en train et je devais le reconduire à la gare du Midi. Je lui proposai plutôt de prendre un taxi car je devais me rendre au plus vite au cocktail Hergé.

A l’évocation du nom du dessinateur, son attitude changea du tout au tout, il se mit à me poser toutes sortes de questions pour finir par me demander s’il pouvait m’y accompagner. Il prendrait un train plus tard. Ma première réaction fut étonnante : j’étais en costume, chemise et cravate, comme il se devait pour une telle mondanité, mais lui portait un blazer vert pomme, qui me paraissait extravagant.

Comme Eddy insistait vraiment, j’allai discrètement passer un coup de fil à Jean-Paul, l’attaché de presse. Il me dit bien sûr que cela ne poserait pas de problème pour l’entrée. Dans la voiture, j’expliquai au chanteur ce que je savais de Hergé et cet album avec Lazlo Carreidas, sosie de Marcel Dassault et Rastapopoulos tourné en ridicule, mais il en connaissait autant que moi ; fan et grand connaisseur de bande dessinée qu’il était.

Eddy Mitchell voulut être présenté à Hergé, ce que je fis avec un commentaire du style « C’est un artiste, un jeune chanteur qui vient de Paris... » pour atténuer la gêne que j’avais toujours vis-à-vis de sa tenue. Lors de ce lancement, Hergé m’expliqua que pour éviter de trop signer des dédicaces comme d’habitude, il avait fait imprimer directement sur les exemplaires de presse un « Bien amicalement », mais que c’était une mauvaise idée car chacun voulait qu’on y ajoute un mot plus personnel et son propre nom. Ce qu’il fit avec sa gentillesse légendaire ! »

Avec Hergé en studio en janvier 1969. Jean-Paul Vanderelst, l’attaché de presse rit dans le fond…

Hergé et Eddy Mitchell


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