« Le secteur de l’aide à l’autonomie des personnes âgées est un bon exemple de cette difficulté de notre cerveau à produire des idées radicalement nouvelles. Disposant à la fois d’une forte demande et d’aides financières, la proposition d’innovation dans ce secteur s’est pourtant pendant longtemps limitée à des dispositifs de détection de chute – majoritairement des colliers ou des bracelets – souvent jugés non satisfaisants et très stigmatisants par les personnes âgées et leur entourage.
Alors que tous les signaux étaient au vert pour favoriser la production de nouvelles innovations, aucune alternative originale se semblait émerger. Les aspects économiques et organisationnels n’étant pas en cause, une autre explication devait être trouvée pour expliquer ce phénomène. Les scientifiques ont alors proposé l’hypothèse suivante : parfois, si l’innovation n’émerge pas, c’est tout simplement parce que le cerveau humain éprouve naturellement des difficultés à produire des alternatives originales aux produits existants.
Lorsque nous éprouvons des difficultés à générer de nouvelles idées, notre cerveau est ainsi le premier responsable : en effet, être créatif et inventif n’est pas particulièrement son point fort. »
Il est parfois tentant d’incriminer le manque de ressources ou de volonté pour justifier le manque d’innovation. Ici, l’exemple de l’aide à l’autonomie montre qu’en réalité, les freins sont bien plutôt à trouver dans notre propre cerveau, dans sa préférence pour les automatismes et les réflexes, ce que l’on appelle les « autoroutes de la pensée ». Oser sortir de l’autoroute et aller chercher les chemins de traverse demande un effort particulier, mais heureusement, c’est une gymnastique qui s’apprend !