A la fois drogue et médicament, le cannabis fait couler beaucoup d’encre. Utilisé comme médicament depuis l’antiquité, le cannabis a connu son âge d’or au milieu du XIX ème siècle, puis fut abandonné au profit des médicaments de synthèse. Il pourrait pourtant faire son retour dans nos pharmacies…
Les différentes dénominations du cannabis SelectAfficher
Les dénominations du cannabis différent selon le lieu de production et le mode de préparation:
- L’herbe ou marijuana, correspond aux feuilles et aux sommités fleuries séchées (mélange de graines et de brindilles). Elle contient 6 à 21% de THC. Les herbes hollandaises auraient des taux plus élevés.
- La résine, appelée shit ou hashisch se présente sous forme de barrettes pouvant avoir un aspect marron et solide (Maroc), rouge (Liban), noir et maléable (Afghanistan). Elle contient 8 à 30% de THC selon le pays d’importation
- L’huile de cannabis est un liquide visqueux brun-vert à noirâtre résultant de l’extraction de la résine par l’alcool à 90° suivie d’une évaporation. Elle contient environ 60 à 80% de THC et possède de forts effets hallucinogènes.
Principe actif du cannabis SelectAfficher
Le cannabis (Cannabis sativa L) ou chanvre indien est à l’origine d’une résine riche en principes psycho actifs: les cannabinoïdes contenant environs 60 substances, dont le delta 9-tétrahydroxycannabinol (THC).
Pharmacocinétique du THC
Le THC est une substance lipophile, se liant fortement aux protéines plasmatiques (97 à 99%) et métabolisé par les cytochrome P450
Après inhalation, la concentration maximale sanguine est atteinte en 30 minutes environ. L’effet est ressenti dans les minutes qui suivent et reste détectable pendant environ 3 à 4 heures.
Après ingestion, la biodisponibilité n’est que de 20% en raison d’un premier passage hépatique. L’effet ressenti est à son maximum au bout de 1 à 4 heures et se poursuit jusqu’à 6 heures environ.
Effets indésirables du cannabis SelectAfficher
Les effets indésirables du cannabis consommé à usage récréatif sont dose-dépendant et sont considérablement augmentés par la consommation d’autres drogues, notamment l’alcool:
Troubles neurologiques
ralentissement psychique
altération de la réactivité
accentuation des symptômes d’angoisse
troubles psychiques graves en cas de fortes intoxications,
risque de schizophrénie en cas de consommation précoce et/ou soutenue
dépendance psychique avec syndrome de sevrage apparaissant dans les 48 heures suivant l’arrêt d’une consommation régulière. Dépendance physique chez les gros consommateurs
Risque d’accidents de la route mortel augmenté
Cardiovasculaires
effets indésirables cardiovasculaires surtout chez les patients coronariens (infarctus du myocarde). Augmentation de la fréquence cardiaque et du débit sanguin. Artériopathies
Effets oculaires: hyperhémie conjonctivale par vasodilatation et irritation (yeux rouges)
Respiratoires
la fumée de cannabis a des effets proches de celles du tabac mais chaque « joint » est 4 fois plus toxique que la cigarette industrielle
Effets digestifs:
bouche sèche, diminution de la motricité intestinale, diarrhées, vomissements, augmentation de l’appétit.
Cancérigène
Risques de cancer chez les fumeurs de cannabis (langue, larynx, amygdale…), mais aussi chez les enfants exposés passivement à la fumée du cannabis (rhabomyosarcome, leucémie non lymphoblastique, astrocytome)
Usage thérapeutique du cannabis
Propriétés thérapeutiques du cannabis SelectAfficher
Le cannabis possède de nombreuses actions thérapeutiques: antalgique, antiémétique, orexigène, neuroprotecteur, antiglaucomateux, antispastique.
Molécules actives et formes retenues comme médicament SelectAfficher
Molécules actives du cannabis
Le cannabis renferme de nombreux cannabinoïdes pharmacologiquement actifs mais 2 molécules naturelles issues du cannabis ont un intérêt médical reconnu: le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD).
- le THC a une action dominante sur le psychisme, la mémoire, l’humeur (euphorie). Il est responsable du risque d’addiction.
- Le CBD est dépourvu d’action euphorisante et addictive mais a des effets sédatifs, anxiolytiques, antiémétiques, anticonvulsivants, antidystoniques, anti-inflammatoires et antalgiques.
Formes retenues comme médicament
Le cannabis à usage thérapeutique se présente sous forme:
- de sommités fleuries séchées
- d’extraits à spectre complet (THC + CBD)
- Formes à libération immédiates: formes sublinguales, huile séchée pour vaporisation
- Formes à libération prolongée: solutions buvables, capsules d’huile
Indications du cannabis SelectAfficher
Le cannabis peut être indiqué chez les patients atteints de maladie grave comme:
- Epilepsie sévère pharmaco-résistante
- SEP avec spasticité douloureuse
- douleurs neuropathiques résistantes
- Effets secondaires de la chimiothérapie (nausées, vomissements, anorexie)
- Patients en soins palliatifs
Quel que soit leur âge si le bénéfice est supposé favorable compte tenu de la sévérité du trouble. Il sera prescrit en dernière ligne, en cas d’échec des autres traitements
Précautions d'emploi du cannabis SelectAfficher
- Le cannabis est contre indiqué chez la femme enceinte et allaitante. Le THC traverse le placenta et passe dans le lait maternel. Le traitement durant la grossesse expose à des syndromes de sevrage à la naissance. La mise en place d’une contraception efficace pendant le traitement pour toutes les femmes en âge de procréer.
- Eviter toute conduite de véhicules et d’utiliser des machines
Interactions médicamenteuses SelectAfficher
Interactions liées au cytochrome P450
Le THC est une substance lipophile, se liant fortement aux protéines plasmatiques (97 à 99%) et métabolisé par les cytochrome P450.
Le cannabis est souvent associé au tabac. Le tabac est un inducteur enzymatique, en particulier de l’isoenzyme CYP 1A2 du cytochrome P450.
Théophylline
Interaction pharmacocinétique: de par une induction enzymatique, le cannabis diminue la concentration de théophylline. Risque de surdosage en théophylline à l’arrêt du cannabis et du tabac.
Autres médicaments
Le cannabis diminue les concentrations plasmatiques de la chlorpromazine, de la fluphénazine, de l’halopéridol, du tiotixène. Son association aux anticoagulants (un cas d’hémorragie digestive sous warfarine) allonge considérablement l’INR.
Le cannabidiol inhibe la glycoprotéine P d’où des risques de surdosage en digoxine.
Interaction pharmacodynamique:
- Addition des effets sédatifs avec l’alcool, les opioïdes et autres médicaments dépresseurs du système nerveux central. Addition des effets cardiaques avec les antidépresseurs tricycliques (apparition de tachycardie)
- Addition d’effets indésirables: un cas d’infarctus du myocarde a été rapporté avec l’association au sildénafil (Viagra®). Le sildénafil provoque des hypotensions par son effet vasodilatateur, et le cannabis une tachycardie
Recherche biologique de cannabis SelectAfficher
Dosage sanguin:
On considère qu’une concentration sanguine en THC > 1ng/ml atteste d’une consommation récente de cannabis.Dosage urinaire: Les métabolites urinaires sont détectables jusqu’à 3 semaines après la dernière prise
Dosage salivaire:
La présence ce cannabis dans la salive témoigne d’une exposition récente (entre 2 à 10 heures après la dernière consommation)
Sativex SelectAfficher
Chez les patients souffrant de sclérose en plaques gênés par une spasticité, une AMM a été accordée en France pour un spray buccal à base d’un mélange d’extraits de cannabis (Sativex®).
On estime que ce médicament permet d’améliorer la spasticité chez 1 patient sur 10.
Prescription particulière :
Médicament stupéfiant. Sa prescription initiale est hospitalière semestrielle restreinte aux neurologues et aux médecins de médecine physique. Renouvellement non restreint.
Composition :
Il est dosé à 2,7 mg de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) + 2,5 mg de cannabidiol (CBD).
Posologie :
Une période de titration est nécessaire en début de traitement. La biodisponibilité est fortement augmentée si la prise se fait en mangeant. La standardisation se fait au cours de la prise alimentaire.
La dose médiane utilisée dans les essais cliniques est de 8 pulvérisations par jour. Un intervalle d’au moins 15 minutes doit être respecté entre chaque pulvérisation.
Son usage est considéré comme abusif au delà de 16 pulvérisations par jour.
Effets indésirables :
Les principaux effets indésirables de ce médicament sont des effets psychologiques réversibles à l’arrêt du traitement. Ces principaux effets sont: désorientation, dépression, humeur euphorique, troubles dissociatifs, insomnies, anxiété, attaques de panique, agitations, hallucinations, paranoïa…
Autres effets indésirables non psychologiques : troubles du gout, nausées, sécheresse buccale, vomissements, diarrhées, aphtes…
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Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), www.sospharma.net, ma pharmacie en ligne
Dernière modification le: Fév 18, 2020 @ 15 h 05 min