Par Antho et Sylvain
Des ultra-nationalistes dénoncent le spectacle de Paul McCartney qui aura lieu à Québec, sur les plaines d’Abraham. Mais pourquoi donc?
Parce qu’il s’agit d’un «maudit anglais», bien évidemment!
Ces ultra-nationalistes affirment que Paul McCartney est un britannique, donc qu’il n’aurait pas l’autorité morale pour se produire sur les plaines d’Abraham. Et qu’ont-ils en guise d’argumentaire, désuet soit-il?
Son anoblissement par la reine d’Angleterre, ce qui ferait de lui, selon les ultra-nationalistes, un symbole du colonialisme britannique des temps modernes. McCartney le colonisateur! Et quoi encore? Céline la colonisatrice? Car, pour y avoir assisté, Céline chantait bel et bien quelques chansons en français, à Las Vegas! Elle ne s’est pas pour autant fait lancer des tomates!
Ces hystériques et paranoïaques ultra-nationalistes, dits «souverainistes», font passer l’ensemble des indépendantistes québécois pour des attardés et des réactionnaires de pacotille aux yeux du monde entier. Le spectacle n’ayant pas encore eu lieu, il est impossible de prétendre, tel un médium, ce qui ressortira du discours de McCartney, s’il en fait un, car là n’est pas le but de son invitation!
Et d’abord, ne s’agit-il pas de la fête de la fondation d’une ville? Alors où est le problème? S’il y a problème, je crois qu’il se trouve surtout dans l’esprit paranoïaque de nos ultra-nationalistes! Est-ce que McCartney s’empêche d’aller chanter en Allemagne sous prétexte qu’ils ont été en guerre le siècle passé? Est-ce que les artistes français, de France, s’empêchent de faire des tournées en Allemagne ou en sol britannique de par les historiques conflits du passé?
Est-ce que Québec, les plaines d’Abraham en l’occurrence, seraient trop prestigieuses pour y laisser chanter un «anglais»? Certains à Québec diront que les remparts anglais sont moches et que les remparts français étaient beaucoup plus beaux, mais qu’est-ce que ça change et où est le rapport? Un rempart est un rempart! Et j’y vois là, dans la réaction précoce des ultra-nationalistes, un rempart raciste.
Sommes-nous, au Québec, à ce point maladif des conflits du passé? Et quand, exactement, le temps aura t-il effacé les centenaires cicatrices pour permettre à des gens de chanter en anglais, en chinois ou en espagnol à Québec?
Également, il serait naïf de croire, avant d’en avoir la preuve, que le spectacle de l’ex-Beatle ait quelque dessein politique que ce soit. Ce n’est certainement pas la chanson «Let it be» qui va contribuer à notre assimilation! Même Falardeau devrait en convenir!
Ce qui est ironique dans tout ça, c’est que ces Falardeau et Curzi écoutent peut-être, secrètement, la musique des Beatles dans leur sous-sol… Plus d’un milliard d’album des Beatles ont été vendus à travers la planète, donc les chances sont très probables pour que ces ultra-nationalistes ou leur entourage en aient quelques-uns chez eux, que ce soit sur vynil, sur CD, ou en MP3 (volés sur internet)!
Pourquoi acceptent-ils qu’une chanteuse, qui se produit en anglais à travers le monde (et qui vit en anglais dans un autre monde) fasse un spectacle dans la vieille capitale, mais n’acceptent-ils pas qu’un britannique originaire de Liverpool puisse en faire autant? Deux-poids, deux mesures?
Chers ultra-nationalistes, si vous aimez à ce point le Québec, vous devriez être contents que Paul McCartney vienne se produire ici, étant donné la visibilité internationale qu’il vous apportera. Et puisque certains d’entres vous faites partie du Parti Québécois (un parti bourgeois), ne serait-il pas naturel de laisser aller votre opportunisme inné? Vous faites d’habitude n’importe quoi pour attirer l’attention sur notre cause qu’est l’indépendance, jusqu’à prôner la conciliation de classes! L’auto-détermination passe par l’indépendance certes, mais pas nécessairement par le nationalisme…
Antho et moi désirons nous dissocier de ces ultra-nationalistes dits «souverainistes» et nous appelons les indépendantistes de toute part à ne pas plier à ce nationalisme étroit. La paranoïa et l’ultra-nationalisme ne font que nous diviser, ce qui fait bien sûr le bonheur des bourgeois minoritaires et parasitaires qui ne peuvent que mieux régner sur nous, les majoritaires prolétaires.
OUI à l’indépendance du Québec, NON au nationalisme!
(On accusera les artificiers du 400e de colonisateurs quand on aura des preuves!)