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Sofia kenin : le jeu des deux scénarios

Publié le 02 février 2020 par Francky
 Sofia Kenin
On connait l'histoire. Une joueuse remporte son premier tournoi du Grand Chelem puis, les premiers mots qui lui viennent sont généralement les suivants : "C'est incroyable", "Je suis au paradis", "Je ne réalise pas", "C'est un rêve qui devient réalité", etc, etc... Seulement voilà, à un moment donné, il faut redescendre de son nuage en évitant de se vautrer et retourner au combat. C'est là que ça se complique car, on en a vu des joueuses disparaître de la circulation ou n'être plus que l'ombre d'elles-mêmes après avoir obtenu le graal. Regardez Jelena Ostapenko, par exemple. Victoire à Roland-Garros en 2017 à la surprise générale et après ça, la longue et douloureuse descente dans les abysses. Presque trois ans plus tard, on n'a pas l'impression qu'elle soit totalement remise de ses émotions. Et Garbiñe Muguruza ? Après son sacre à Roland-Garros en 2016, elle connut une fin de saison mitigée et sortit même du top 10 en 2018, devenant un fantôme sur les courts. Toute la problématique est là : d'abord savoir gérer un tournoi puis, savoir gérer l'après, ce qui s'avère probablement encore plus compliqué. Qu'en est-il de la nouvelle lauréate de l'Open d'Australie ? Kenin va-t-elle nous faire un syndrome Ostapenko ou pas ? Deux scénarios sont possibles :
Scénario n°1 : Kenin confirme.
On a pu constater, tout au long de la quinzaine australe, que la petite américaine d'origine russe possédait un sacré mental. À bien y regarder, son parcours a été tout sauf une sinécure. Un troisième tour cahin-caha contre la chinoise Shuai Zhang, un premier set poussif en huitièmes de finales contre la pépite Cori Gauff, une demie où elle aurait pu perdre en deux manches contre l'enfant du pays, Ashleigh Barty, une finale mal embarquée contre l'expérimentée Muguruza. Bref, il s'en est fallu de peu pour que Kenin fasse ses valises plus tôt. Oui mais, elle est allée au bout. Et pourquoi ? Parce que la demoiselle a su à chaque fois endosser son armure et repartir à la bagarre, comme une grande. À ses qualités tennistiques indéniables (bien qu'elle ait encore une grosse faiblesse sur second service), elle a ce petit plus qui a fait la différence : un mental en béton armé qui force le respect. Alors pourquoi pas ? Pourquoi ne pourrait-elle pas confirmer ? Avec une telle force de caractère, elle serait capable de gravir des montagnes, de se rapprocher un peu plus du top 3, de gagner un gros tournoi Mandatory dès cette année, pourquoi pas un autre Grand Chelem (elle avait atteint les huitièmes de finales à Roland-Garros l'année dernière en dominant Serena Williams au troisième tour). Choyée et entraînée depuis toujours par son père, avec qui elle semble entretenir une relation fusionnelle, elle a un tel talent, une telle détermination qu'on la voit mal finir comme Ostapenko même si rien n'est acquis... 
Scénario n°2 : Kenin s'écroule.
Un tournoi du Grand Chelem se prépare, se vit et s'achève. Une fois que la fête est finie, se pose la fameuse question de "l'après" et même du "juste après". Que se passe-t-il ? D'abord, c'est l'ascenseur émotionnel, la montée au septième ciel (mots qu'a repris Kenin elle-même dans sa conférence de presse d'après-match à l'issue de la finale). Elle vient de gagner l'Open d'Australie, super, mais c'est maintenant que les difficultés commencent vraiment : gérer l'événement, savourer sans abuser, ne pas demeurer trop longtemps en suspension au risque de se faire mal en retombant sur terre. Ensuite, se soumettre au sollicitations médiatiques, ô combien nombreuses, de la télévision à la radio, en passant par internet et la presse écrite. Tout le monde va vouloir Sofia Kenin, tous les plateaux télés vont se l'arracher, chaque mot qu'elle va prononcer en public va être analysé, décrypté, décortiqué. Dans chaque ville où elle va se rendre pour disputer des tournois, elle va être attendue, regardée, observée, épiée, étudiée, critiquée. Mentalement, elle va devoir consentir à de nouveaux efforts alors qu'elle a déjà beaucoup puisé dans ce domaine durant quinze jours à Melbourne. Toutes les joueuses qu'elle va affronter sur le court ne voudront qu'une chose : la battre. Battre la championne de l'Open d'Australie, l'ajouter à leur tableau de chasse. "L'après", voilà le grand danger pour Sofia Kenin. Si elle ne tenait pas le choc, ce serait alors le début d'une chute sans fin, comme d'autres ont chuté avant elle...
Crédit Photo : Saeed Khana/AFP.

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