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Un toit, de Bernard Utz

Publié le 22 février 2020 par Francisrichard @francisrichard
Un toit, de Bernard Utz

Le narrateur de Bernard Utz a perdu sa femme, Célestine, et ne s'en remet pas. Au bout de quelque temps, il quitte son emploi, sur un coup de colère, et de tristesse.

Lui et Célestine avaient projeté de s'établir à la campagne et, à cette fin, avaient fait l'acquisition d'un petit terrain, tout près d'une forêt, à quelque distance d'un village.

Sur ce terrain, ils avaient décidé de bâtir Un toit. C'est ce projet qu'il veut maintenant mener à bien. Comme il ne dispose pas de gros moyens, il va le construire lui-même.

Oh ce ne sera qu'une modeste cabane, mais il pourra imaginer qu'il s'y touve avec Célestine. Il n'emportera avec lui que quelques effets et toute sa bibliothèque à elle.

Construire n'est pas une mince affaire et, ce n'est pas comme jadis, on n'est pas libre de construire ce que l'on veut: il y a des normes à respecter, qu'il ne connaît pas...

Il construit pourtant. Comme il n'est guère de distraction - il n'a ni téléphone, ni ordinateur - il se met à lire tous les livres lus par sa femme, ce qu'il n'aurait pas fait naguère.

Il construit sans se décourager par l'ampleur de la tâche; il lit, une manière d'être avec Célestine, en mettant ses yeux sur les lignes que les siens ont parcourues avant lui.

Il tient un journal dans lequel il confie, au fil des jours, les joies et les peines de sa vie solitaire, qui ne laisse pas d'inquiéter ses beaux-parents et sa soeur Rachel venus le voir:

Même si j'ai du plaisir à construire la maison, à écrire dans mon carnet ou à lire un bouquin, j'ai presque tout le temps du vague à l'âme: chaque petit bonheur, chaque découverte, j'ai envie de les partager avec Célestine.

Il n'aime pas l'expression faire le deuil employée par sa soeur: ce serait oublier Célestine qu'il aimait et cela voudrait surtout dire que leur amour, à eux deux, n'était pas éternel...

En construisant, en lisant, en écrivant, il emprunte une autre voie, celle que suggère Philippe Delerm dans un texte tiré de Et vous avez eu beau temps?, mis en épigraphe:

Car on est toujours seul face à la mort de ceux qu'on aime. Et s'il y a vraiment deuil, on a le droit aussi de ne jamais le faire.    

Francis Richard

Un toit, Bernard Utz, 120 pages, Éditions d'Autre Part


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