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Cascade

Publié le 01 mars 2020 par Nicolas Esse @nicolasesse

On monte. On monte. Un pas après l’autre, entre les sapins.
On monte.
La dernière trace s’efface.
La dernière trace.
Le dernier signe.

Encore une seconde et il n’y aura plus qu’un champ lisse et blanc. Derrière s’ouvrira un passage étroit, un léger méplat taillé dans le flanc aigu de la montagne.
Une ligne en dévers. Le poids sur le pied droit. Ça dure, ça dure et c’est désagréable, ce déséquilibre. Tout le poids, tout le temps, sur une seule jambe. Je m’arrête, je soulage, je fais le héron. Le virage arrive enfin. Je repars dans l’autre sens et la pente bascule de l’autre côté.

J’entame une nouvelle diagonale. Trop de pente, il faut déchausser. Mes skis sur l’épaule, je continue à pied. Un pas après l’autre, avec application, j’entame la neige au poinçon.
J’avance, sur la ligne d’une hanche.
Le dernier oiseau s’est tu.
Reste le bruit du vent qui transporte les fragments de l’écho soyeux d’une cascade.
L’eau coule dans le silence.
Il fait froid.

Chaque pas une autre seconde, chaque pas un ailleurs bleu où viennent s’échouer tous les bruits du monde. L’eau frissonne au contact des rochers. Je me hisse lentement sur l’épaule de la montagne.
Tout est calme, il reste juste ce bruit, ce murmure mouillé qui monte du sillon sombre et étroit que j’ai laissé dans mon dos.

Juste le bruit de l’air,
Juste le bruit de l’eau.

Cascade


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