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La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernement

Publié le 18 juillet 2008 par Lozsoc

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernement

juillet 18th, 2008 Posted in France, Sarkozisme et bling bling

Il fut un temps – oh pas si lointain ! – où un certain Nicolas Sarkozy, la main sur le cœur, jurait devant une France assoupie vouloir devenir, entre autre chose, le Président qui allait revaloriser les allocations chômage.

A l’époque, ses objectifs étaient aussi ambitieux que sa volonté de se retrouver à l’Elysée était farouche. Ainsi, courant 2007, il n’avait pas hésité à donner aux Français un chiffre : avec lui, les indemnités chômage seraient portées pendant une année à 90% du montant du dernier salaire net afin, prétendait-il, que les chômeurs soient incités à retrouver rapidement un emploi (comme si tout dépendait d’eux…).

Cette promesse, bien sûr, ne s’est jamais concrétisée. Il s’agissait seulement d’une carotte pour s’attirer les suffrages de personnes qui, naïvement, étaient susceptibles de croire à ses boniments. D’ailleurs n’avait-il pas proclamé qu’« ensemble tout devenait possible » ? Qui n’a pas rencontré, dans son entourage, l’un de ces naïfs lui disant : « Après tout, il est peut-être sincère ?… Pourquoi ne pas lui donner sa chance ? Il a l’air dynamique… » Comme si Sarkozy était un homme nouveau alors qu’il était membre ministre depuis 2002!

Ensemble, tout devient possible… On a vu que cela pouvait être le cas très partiellement. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy s’est auto-augmenté de plus de 172% mais qu’il s’est empressé d’oublier ses mensonges de campagne électorale. Non seulement l’augmentation des indemnités chômage ne s’est pas vérifiée, mais le gouvernement UMP a en plus imaginé le contraire, c’est-à-dire un système pervers qui institutionnalise la précarité et culpabilise le chômeur.

La culpabilisation est un procédé classique, que les psychiatres connaissent bien, et qui est utilisé par les manipulateurs. Elle consiste à reporter une responsabilité sur autrui en espérant que celui-ci éprouve de la culpabilité, et donc une baisse générale de l’estime de soi, afin que de ce sentiment naissent des attitudes et des comportements avantageux pour l’auteur de la culpabilisation.

C’est très exactement dans cet esprit que la loi dite de « l’offre d’emploi raisonnable » a été votée cette semaine par la majorité UMP-Nouveau « Centre ».

Pour résumer ce texte inique, est considérée comme une offre d’emploi « raisonnable » faite au chômeur celle qui obéit aux deux critères cumulatifs suivants :

  • 1) l’offre doit être compatible avec les qualifications de la personne en recherche d’emploi ;
  • 2) elle doit porter sur un emploi rémunéré à au moins 95 % du salaire antérieurement perçu.

Le second de ces critères s’érode avec le temps et subit quelques aménagements. Après six mois d’inscription aux Assédic, est réputée raisonnable l’offre qui porte sur un emploi rémunéré à 85% du salaire antérieurement perçu et si le temps de trajet en transport en commun est entre le domicile et le lieu de travail, d’une durée maximale d’une heure ou d’une distance de moins de 30 kilomètres. Puis, au bout d’un an, le chômeur doit accepter un emploi rémunéré à hauteur des indemnités chômage versées par les Assedic.

Si le chômeur refuse deux de ces offres dites « raisonnables », il sera purement et simplement radié des listes Assedic et perdra ses droits. Il sera donc expulsé du circuit normal des échanges, c’est-à-dire socialement disqualifié et, hélas, probablement de manière irrémédiable.

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernement

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernementL’objectif de cette loi n’est donc pas de créer de l’emploi mais bien de supprimer des chômeurs afin d’améliorer les statistiques de l’emploi et de faire croire que grâce à Nicolas Sarkozy et l’UMP la situation du pays s’améliore.

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernementL’objectif de cette loi est de mettre sur le marché du travail une main d’œuvre taillable et corvéable à merci, c’est-à-dire des millions de gens qui se trouveront dans l’obligation d’accepter, en réalité, absolument n’importe quoi. Parallèlement à cela, les salariés se verront dans l’obligation de travailler plus pour gagner proportionnellement moins. De leur côté, les retraités ont été grugés par la droite. Inactifs et actifs sont donc entraînés dans un système de précarité généralisée. La société française subit un nivellement par le bas. Ce nivellement est facteur de violence, de désespérance sociale, d’éclatement des cellules familiales, etc.

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernementL’objectif de cette loi est de reporter la responsabilité de la situation économique et sociale du gouvernement vers les chômeurs. Il est d’accoutumer progressivement les gens à l’idée qu’ils sont les seuls responsables de leur situation présente et que les pouvoirs publics ne peuvent rien pour améliorer leur sort. L’idée est également d’amener les gens en recherche d’emploi à se demander en quoi ils sont responsables de la situation qu’il déplore.

En instillant ce raisonnement parfaitement saugrenu dans l’esprit des citoyens, le gouvernement peut espérer ainsi se dédouaner à bon compte. En d’autres termes, si le chômage augmente, il faut comprendre que c’est exclusivement de la faute des chômeurs qui sont ainsi ravalés au rang de feignasses.

La culpabilisation systématique des citoyens comme méthode de gouvernement

Ce raisonnement est appliqué dans tous les domaines chaque fois que le gouvernement UMP veut dissimuler ses échecs.

Nous l’avons vu, par exemple, avec les franchises médicales où le patient, notamment le malade chronique, est présenté comme le responsable principal du trou de la sécurité sociale.

Pour prendre un autre exemple, nous avons montré que pour le logement social, les opérations d’accession sociale aidée à la propriété seront prises en compte dans le calcul du quota de 20% de logements sociaux dans chaque commune. Ce qui permettra de dédouaner les communes délinquantes (UMP) qui préfèrent payer de fortes amendes plutôt que de favoriser la mixité sociale sur leur territoire.

De façon plus générale, la culpabilisation va de pair avec la recherche du bouc émissaire. C’est la méthode de l’UMP et de son allié croupion, le Nouveau « Centre ».

Mais la perversité du sarkozisme ne s’arrête pas là. Elle est si profonde et sa capacité de nuisance si forte qu’elle annihile toute opinion divergente et prive la Nation de débats publics fondamentaux pour son avenir.

En effet, à chaque contre proposition émanant des organisations syndicales et/ou des partis d’opposition – dont le Parti socialiste –, le gouvernement rétorque obsessionnellement que, lui, agit et fait ce que les gouvernements précédents n’ont pas su faire. Profitant en outre de la complaisance du système médiatique et de la paresse de nombreux journalistes politiques, le gouvernement UMP traite ses interlocuteurs d’incompétents, quand il ne fait pas tout pour les accuser d’être inaudibles ou de souffrir de problèmes psychologiques.


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