Le Cas Richard Jewell // De Clint Eastwood. Avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell et Kathy Bates.
A partir de l’histoire vraie d’un héros accusé à tord d’acte terroriste par le FBI lors des 100ème Jeux Olympiques en 1996, Le Cas Richard Jewell est une affaire qui méritait bien d’être mise en lumière. Le vieux briscard Clint Eastwood, du haut de ses 89 ans, continue donc de passer derrière la caméra et d’adapter des faits divers. Mais cette fois-ci il ne défend pas forcément le gouvernement américain mais décide de le critiquer. Je dois avouer que cela change un peu de ses films ultra patriotiques qui font du gouvernement un Etat sans défauts. Bien plus réussi que son précédent film (La Mule sorti en 2018), Le Cas Richard Jewell nous plonge de façon soignée et intelligente au coeur de l’erreur judiciaire de 1996. En signant un film sur les contradictions de son propre pays, Eastwood change un peu de registre et délivre son film le plus réussi depuis Gran Torino (à mes yeux). Il y a quelque chose de fort, des émotions exacerbées qui fonctionnent et des personnages auxquels on peut rapidement s’attacher. Car le destin de Richard Jewell méritait bien la lumière que le film veut mettre dessus.
En 1996, Richard Jewell fait partie de l'équipe chargée de la sécurité des Jeux d'Atlanta. Il est l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme, passant du statut de héros à celui d'homme le plus détesté des Etats-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l'expérience.
En sortant du manichéisme dont Clint Eastwood fait souvent preuve habituellement, Le Cas Richard Jewell permet à cette histoire de dénoncer le système judiciaire américain qui ne fait pas forcément cas des preuves, mais veut simplement bâcler ses enquêtes. C’est en tout cas ce qui s’est passé avec Richard Jewell, qui a par la suite été acquitté. La façon de filmer le tout est assez sensationnelle sans pour autant vouloir créer de l’esbroufe qui n’est pas nécessaire. Notamment lors de l’explosion où la séquence n’est pas là pour en mettre plein la vue au spectateur mais simplement pour raconter ce qui s’est réellement passé. L’idée de faire un film aussi proche du réel peut parfois le rendre très documentaire sur les bords, mais juste dans tout ce qu’il entreprend. Que cela soit l’histoire de la famille Jewell (et la mère incarnée par une Kathy Bates brillante, loin des rôles risibles qu’elle a pu avoir ces dernières années) ou encore le fond qui est travaillée pour critiquer de façon soignée. C’est aussi un film critique sur les médias qui ont mis sur le pilier d’exécution un homme qui avait simplement voulu sauver des vies, pas les éliminer.
Note : 8.5/10. En bref, enfin le retour de Clint Eastwood en forme derrière sa caméra avec un film documenté et hommage à un héros américain.