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Zebraska, d'Isabelle Bary

Publié le 04 mars 2020 par Francisrichard @francisrichard
Zebraska, d'Isabelle Bary

Quand j'étais petit, il n'était pas rare que mon père me parle de livres. J'ai quelquefois eu la tentation d'en lire un. Je ne l'ai jamais fait. Comme tout le monde, je doutais du pouvoir des histoires.

Martin Leroy est né le 21 mai 2040. En 2055, Thomas lit un livre d'une centaine de pages que son père lui a remis de la part de sa grand-mère Léa, c'est-à-dire de Mamiléa.

Ce livre de papier s'intitule Zebraska. Mamiléa y raconte une histoire qui va l'ébranler, parce que c'est l'histoire de son père qu'elle raconte, un père de qui il tient.

Tel père, tel fils. Ils sont l'un comme l'autre des zèbres, des surdoués, autrement dit des HP, des Haut Potentiel. La grande différence, c'est que l'époque a changé.

Du temps de Thomas, les enfants divergents n'étaient pas bien considérés jusqu'au jour de la Grande Bascule, qui a eu lieu en 2027 et que Mamiléa n'explicite qu'à la fin.

En attendant, elle s'afflige que le monde de Martin, s'il a des ailes, n'ait plus d'histoires à raconter aux enfants: du sien il y avait des racines et des légendes à transmettre... 

Ce livre ébranle donc Martin, parce qu'on ne lit plus guère de livres, qui ne sont que vestiges du passé. Or, du passé, il n'est plus du tout question. Ce qui compte, c'est l'avenir.

Pour lire un livre, il faut du temps. C'est désuet et encombrant, inutile. Ça fait réfléchir, un livre: or les lunettes holographiques informent et distraient suffisamment...

Martin apprend non seulement que son père est atypique, à sa ressemblance, mais que sa grand-mère Léa a eu bien du mal avec lui, comme lui avait du mal avec les autres.

Si, à la fin, Mamiléa ne lui révélait pas ce qu'a été la Grande Bascule, Martin ne pourrait pas le concevoir, parce que tout ce qui s'y rapporte a été comme effacé des mémoires.

Quoi qu'il en soit, cette Grande Bascule, que d'aucuns prédisent au moment où Zebraska reparaît, serait d'un prix exorbitant, celui de la liberté, sauf que le pire n'est jamais sûr...

De toute façon, ce qui est sûr, comme le dit Henry Louis Mencken, qu'Isabelle Bary cite en épigraphe, c'est que l'amour est le triomphe de l'imagination sur l'intelligence...

Le livre que Mamiléa a écrit affectueusement pour Martin et dont elle lui a fait cadeau en est la meilleure preuve, parce qu'au bout du compte il lui a permis d'apprécier qui il est.

Francis Richard

Zebraska, Isabelle Bary, 320 pages, J'ai Lu (Nouvelle édition revue et augmentée, sortie le 4 mars 2020)

Livres précédents aux Éditions Luce Wilquin:

Les dix-sept valises (2018)

Ce qu'elle ne m'a pas dit (2016)

Zebraska (2014) 


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