Le 13 mars, du côté du pont de Brooklyn, à l’intersection des avenues Flatbush et Atlantic, le nouvel orchestre de Brooklyn jouera pour la première fois nouvel arrangement orchestral de AGUAS DA AMAZONIA de Philip Glass.
AGUAS DA AMAZONIA de Philip Glass a été composé à l’origine sous forme d’ébauches pour piano (Seven or Eight Pieces for a Ballet) puis interprété ensuite par le groupe de percussions brésilien UAKTI. En 2015 l’arrangeur Charles Coleman en a réalisé une orchestration qui a été enregistrée par Kristjan Jarvi, le MRD Orchester de Leipzig et l’Absolute ensemble, enregistrée par OMM. Pour la première de cette pièce à New York, le chef d’orchestre et fondateur du Brooklyn Orchestra, Olivier Glissant, originaire de Martinique, a réalisé sa propre version orchestrale.
Le Brooklyn Philharmonic, fondé en 1954 et dirigé par Philipp Glass pendant cinq ans dans les années quatre – vingt- dix, a cessé ses activités en 2012 après avoir crée les deux premières symphonies de Glass.
Richard Guérin propose une interview du chef d’orchestre Olivier Glissant pour évoquer le concert du 13 mars.
RG : J’ai vécu à Brooklyn pendant de nombreuses années. Les gens de Brooklyn connaissent l’histoire du Brooklyn Philharmonic et de la Brooklyn Academy of Music, de sa disparition en 2012. Parlez-moi un peu de votre orchestre, du Brooklyn Orchestra et de vos espoirs artistiques pour le groupe.
OG: Deux impulsions principales sont à l’origine de la création de cet orchestre. Tout d’abord, mon intention était d’essayer de donner une plate-forme de plus à la musique nouvelle et contemporaine, aux compositeurs contemporains en activité, dont les œuvres sont jouées beaucoup moins que des classiques établis et bien connus. J’espérais aussi élargir le répertoire orchestral afin d’inclure davantage de musique d’aujourd’hui, qui ne correspond pas nécessairement au moule classique. Je voulais pouvoir expérimenter la musique de différentes cultures, d’une part pour attirer un public qui ne connaît pas le monde symphonique et d’autre art, proposer aux amateurs de musique classique traditionnelle de nouvelles œuvres et de nouvelles perspectives.
La population de Brooklyn est incroyablement diversifiée et je voulais créer un ensemble qui refléterait cet aspect multiculturel et développer son répertoire en conséquence afin d’offrir une représentation plus globale de la musique d’aujourd’hui.
RG : Parlez-moi du programme que les gens entendront le 13 mars
OG : Le concert aura lieu au Roulette Intermedium de Brooklyn. Nous présentons une nouvelle orchestration symphonique de « Aguas da Amazonia », écrite par Philip Glass pour Uakti, un ensemble brésilien qui ne joue que des instruments qu’ils construisent. J’ai toujours été fasciné par cette pièce, et je voulais présenter une version orchestrale qui n’exigeait pas ces instruments spéciaux ou ces joueurs, afin de permettre à un orchestre symphonique régulier de la jouer. J’ai grandi dans les Caraïbes, à l’intersection des Amériques et ai été profondément influencé par la musique de toutes les parties du continent mais surtout par la musique brésilienne. Voilà comment je me suis connecté à Philip Glass au départ. Nous présentons également deux de mes pièces, « Echaurren » (Sketches of a Continent), pour orchestre à cordes, et « Egyptian Nights » pour orchestre complet.
Echaurren est le vrai nom du peintre chilien Roberto Matta. Mon père (poète mais aussi grand critique d’art) a écrit des textes pour de nombreux artistes, notamment lors de leurs expositions à la Galerie du Dragon à Paris, et j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’entre eux. La galerie était le passage vers l’Europe pour beaucoup de grands artistes latino-américains du 20ème siècle, tels que Wifredo Lam, Roberto Matta, Agustin Cardenas, Pancho Quilici (dont j’ai utilisé la peinture pour l’affiche de concert). Ces artistes m’ont profondément influencé et je voulais leur rendre hommage

