La jeune pousse britannique Tandem n'est pas la seule à promettre de déployer des capacités d'intelligence artificielle afin de prodiguer des conseils personnalisés à ses clients. Elle se démarque tout de même en positionnant clairement son approche en réponse aux déficiences de plus en plus criantes des établissements traditionnels.
Conçue et développée par le responsable des données de la startup, Noam Zeigerson, la conseillère virtuelle Ada s'appuie, selon lui, sur des centaines d'algorithmes (à base d"apprentissage automatique ?) pour analyser en continu les dépenses et les rentrées d'argent sur les comptes des utilisateurs de ses applications, quelle que soit la banque dans laquelle ils sont détenus, grâce à l'outil d'agrégation intégré, et en déduire des prédictions de flux de trésorerie, de dépenses et de disponibilités à un mois… ou un an.
Ces informations, qui, par elles-mêmes, fournissent déjà un aperçu plus convaincant de leur situation aux consommateurs, sont ensuite exploitées dans le but d'accompagner leurs décisions en matière de crédit et d'épargne. L'architecte de la plate-forme ne livre pas de détails sur cet aspect, mais il est illustré, par exemple, par une des fonctions mises en avant par la marque, qui permet de constituer une réserve selon différent modes, dont l'un reposant sur l'évaluation automatique des sommes sûres à mettre de côté.
En arrière-plan du dispositif, Tandem dresse un constat, simple et évident : à la croisée (cumulative) de la perte généralisée du contact personnel dans les institutions financières historiques et de la migration massive des usages courants vers des interactions numériques, l'intelligence a quasiment disparu de la relation bancaire. Face à une telle lacune, Ada représente un moyen moderne de la ré-introduire, en profitant des progrès technologiques pour la rendre simultanément plus efficace et plus abordable.
C'est une réalité incontournable : l'interlocuteur humain, qui ne rencontre plus chacun des clients de son portefeuille qu'une ou deux fois par an, en moyenne, et qui n'est pas encore équipé des solutions d'analyse de données susceptibles de combler son ignorance profonde du contexte, des préférences et des attentes de ces personnes qu'il ne connaît pas, n'est guère en mesure de remplir le rôle de conseil qui lui est pourtant dévolu (par son titre !) et il se transforme alors, contre toute bonne volonté, en vendeur de produits.
Dans ces conditions, il ne fait aucun doute que l'intelligence artificielle, capable d'absorber de vastes quantités d'information et de les transformer en recommandations ciblées, va prendre l'avantage (pour autant que ce ne soit pas encore le cas). Et une fois cette « singularité » technique franchie, pourquoi faudrait-il donc croire que l'étape suivante, qui verrait les assistants virtuels maintenant dotés de qualités émotionnelles et capables de se substituer entièrement à un être vivant, n'est pas envisageable ?