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Soixante-neuf ans, neuf cents de moins que Mathusalem à l'heure de sa mort...

Publié le 19 mars 2020 par Francisrichard @francisrichard
Soixante-neuf ans, neuf cents de moins que Mathusalem à l'heure de sa mort...

Soixante-neuf plus neuf cents: il me reste du temps à parcourir en ce monde si je veux égaler la durée de vie de Mathusalem. Autant dire tout de suite que c'est mal parti, même si, comme de juste, je ne sais ni le jour ni l'heure...

On dirait que j'ai eu une bien mauvaise idée de prendre ma retraite il y aura bientôt un an. Depuis ma santé n'a fait que se dégrader. Jusque-là, certes, je ne ménageais pas ma monture. Maintenant elle semble se venger.

A deux maux s'est ajouté un troisième plus sérieux, puisqu'au cours des trois dernières semaines, j'ai subi quatre examens pour en déterminer la gravité: une IRM, une vingtaine de biopsies, un scintigraphie osseuse et un scanner.

Le bon côté des choses est que j'ai appris quelque chose: je sais maintenant d'une manière bien concrète, pour ne pas dire charnelle, ce que ces mots abstraits veulent dire et je sais que leur réalité n'est pas des plus agréables.

Confinement oblige, je ne sors plus que pour faire des courses ou un peu d'exercice, ce qui se limite à la marche puisque les piscines sont fermées et que mon problème d'équilibre physique m'interdit de courir ou d'aller à vélo.

Saint Thomas d'Aquin disait: Timeo hominem unius libri (je crains l'homme d'un seul livre). Avec moi, il n'aurait pas de crainte à avoir. Je suis entouré de livres et ce ne sont pas des objets inanimés, ni de simple contemplation.

Ce que je ne fais jamais (je lis les livres d'une seule traite, quitte à perdre haleine), aujourd'hui je l'ai fait. J'ai en effet picoré des livres que j'aime et dont les couvertures m'attiraient. De ce butinage anarchique, j'ai fait mon miel.

Avoir vu et photographié l'oiseau ci-dessus m'a donné envie de relire Le chant du cygne d'Anton Tchekhov, où j'ai relevé ceci: Là où il y a de l'art, du talent, il n'y a ni vieillesse, ni solitude, et la mort elle-même n'est la mort qu'à moitié...

En ce temps où beaucoup d'hommes, au sens d'êtres humains, semblent saisis par l'hubris, une phrase tirée des Pensées de Blaise Pascal m'a paru être vraiment de circonstance: Les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres...

A mon âge, qui n'a plus rien de canonique, je sais que je ne sais rien et qu'il me reste tant à apprendre. Aussi, ce que se dit sagement Marc-Aurèle dans ses Pensées, me parle-t-il: Tant que tu vis, tant que cela t'est permis, améliore-toi.

Au moment où les libertés individuelles sont mises à mal, où on prend des mesures quoi qu'il en coûte et où on ose dire que l'État paiera, je me réconforte en lisant des chapitres des Harmonies économiques de Frédéric Bastiat:

Toucher à la liberté de l'homme, ce n'est pas seulement lui nuire, l'amoindrir, c'est changer sa nature;  c'est le rendre, dans la mesure où l'oppression s'exerce, imperfectible; c'est le dépouiller de sa ressemblance avec le Créateur; c'est ternir, sur sa noble figure, le souffle de vie qui y resplendit depuis l'origine.

En relisant les lignes ci-dessus, j'acquiesce à ce que dit Paul Valéry dans un de ses cahiers: Il suffit d'avoir écrit soi-même pour savoir à quel point ce que l'on écrit diffère de soi-même et combien ce qu'on n'écrit pas est plus important...

Il me paraît important d'ajouter toutefois qu'à mes yeux, l'amitié est ce qu'il y a de plus précieux. J'en ai eu la preuve récemment quand une personne m'a blessé verbalement et qu'une amie m'a réconforté en m'écrivant ces mots:

J'ai bien compris que tu es vraiment dans le don.

En tenant ce blog-notes, qui, à l'origine, était une manière de noter ce que ma mémoire défaillante oublierait, j'essaie depuis un certain temps déjà de partager avec ceux qui ont l'amitié, ou pas, de me lire, ce qui me semble digne d'attention.

Francis Richard


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