Au premier abord, il n'est nul besoin d'une application spécifique pour gérer les prêts d'argent entre membres d'une famille ou entre amis. Malgré tout, Zirtue existe, aux États-Unis, pour cette seule mission et, sans être indispensable, sa solution peut s'avérer très utile afin d'éviter bien des discussions ou des situations embarrassantes…
Le principe est extrêmement simple : si vous avez besoin d'une aide ponctuelle – dans la limite d'un montant de 20 à 10 000 dollars remboursable en 1 à 24 mois – et que, comme il arrive fréquemment, vous préfériez vous adresser à une personne de votre entourage plutôt qu'à une institution financière, il vous suffit d'enregistrer en quelques gestes votre demande dans le logiciel, qui la transmettra à son destinataire (par la même voie), en prenant en charge, au passage, les détails pratiques de la transaction.
Concrètement, la procédure de sollicitation exige de l'emprunteur qu'il fournisse les coordonnées de son compte bancaire, de manière à non seulement pouvoir recevoir rapidement les fonds attendus mais également, et surtout, dans le but d'effectuer automatiquement les transferts correspondant aux remboursements de la dette, les mouvements étant assurés par virement interbancaire, seul moyen universel autorisant les échanges entre particuliers, sans nécessiter d'intermédiation de la part de Zirtue.
Naturellement, au regard de son positionnement de facilitateur excluant toute intervention directe dans les flux monétaires, la startup n'apporte aucune garantie de bonne fin des opérations. De ce point de vue, c'est la confiance accordée à un proche, renforcée par la formalisation d'un contrat moral et, donc, l'automatisation des versements (suspendus en cas de défaut de provision, toutefois), qui reste prévalante. Et, à tout le moins, le système élimine, la plupart du temps, les relances gênantes lors de retards de paiement.
En guise de facteur d'attractivité, Zirtue instaure systématiquement un taux d'intérêt de 5% sur les prêts conclus, dont il semblerait peut-être plus judicieux de laisser la mise en place à l'appréciation des utilisateurs. Cependant, ce qui me semble le point noir du dispositif est son modèle économique, basé sur un prélèvement fixe de 5% sur chaque emprunt – couvrant les charges (notamment de transferts d'argent) et la rémunération de l'entreprise –, ce qui paraît relativement élevé pour le service réel rendu.
En réalité, la viabilité de l'approche est difficilement concevable, du moins sur un format autonome. Et, en cette période très particulière, où les gestes d'assistance entre individus risquent de prendre beaucoup d'importance, il serait plus pertinent et efficace que des banques s'emparent de l'idée et développent un service de ce genre (via une plate-forme telle que PayLib, par exemple, en France ?), ce qui réduirait les coûts de fonctionnement et accroîtrait la fidélité des clients. À défaut, il ne faudra pas être surpris quand Zirtue, consciente de ses limites, ajoutera de nouvelles fonctions, plus concurrentielles.