Le Covid-19 paralyse le monde entier. Au Sri Lanka, les actions du gouvernement vont vite. Chacun vit de nouvelles aventures ... 😉
Dans mon dernier article, je vous racontais le départ des huit belles dames venues passer 12 jours dans ce beau pays et qui ont dû partir finalement il y a deux jours au lieu de demain, en urgence car le gouvernement avait décidé de fermer toute arrivée de passagers au pays. Pas d'avion qui arrive = pas d'avion qui part donc, par sécurité, elles sont toutes parties. Ce furent déjà quelques stress à gérer !
Je suis restée à la Villa, là où nous venions de passer huit jours ensemble, à réfléchir à mon avenir. Devais-je rester au Sri Lanka, là où tout semble encore plus calme ? Devais-je rentrer en Suisse, où sont mes habits d'hiver que j'ai laissés en passant quand je suis venue au Sri Lanka le 11 février, ou devrais-je rentrer au Québec directement ?
Changement de cap
Je me suis levée hier matin et tout s'est déroulé quasi tout seul. Ce qui m'est venu clairement a été que, pour éviter de contaminer éventuellement ma soeur ou mes cousins du fait qu'il se pouvait que je côtoie un porteur du méchant virus dans le déplacement entre le Sri Lanka et la Suisse, je ferais mieux de rentrer au Québec, même si cela me faisait de la peine de ne pas être avec eux durant cette épreuve que nous vivons tous.
J'ai aussi appris que je pourrais recevoir une indemnité des deux paliers de gouvernements (Québec et Canada) durant ma quarantaine obligée chez moi à mon retour. Fort intéressant dans ma situation actuelle car le contrat qui m'attend(ait), d'avril à fin juillet, était d'accueillir des étudiants étrangers qui viennent en immersion française à Québec... Pas sûre que je puisse travailler là et mes ateliers vont probablement être annulés aussi au Québec, en tout cas en avril.
J'ai alors facilement trouvé un billet d'avion. Malgré le prix astronomique, je l'ai acheté. Je sentais que tout était juste ainsi. Tanpis pour l'argent, m'a dit une amie. J'arriverai à Montréal mardi soir prochain à 20h10. Aller à Québec en avion m'aurait coûté encore 350 $ + le taxi jusqu'à la maison, arrivée au milieu de la nuit...
J'ai donc décidé de prendre une chambre d'hôtel à l'aéroport de Dorval et le bus le lendemain matin pour Québec. Tout était en place et je sentais que tout était juste sur ce nouveau cap. Juste un peu triste de rentrer toute seule chez moi.
J'ai continué ma journée à régler quelques affaires et à discuter avec des amies par internet quand l'une d'elles, un autre de mes anges-gardiens, m'a proposé de venir me chercher à l'aéroport de Dorval et de m'amener à la maison à Québec directement. Wow... quel cadeau ! " Je travaille au IGA tous les jours et je n'ai pas peur ! " m'a-t-elle dit franchement. Merci mon Dieu de m'envoyer cette belle amie !
J'ai donc annulé la chambre d'hôtel et le billet de bus... Nous étions hier.
Tout était calme dans la maison. Souper avec le proprio de la Villa et deux couples en sécurité chez lui pour quelques temps qui parlent l'anglais couramment, ce qui n'est pas mon cas, qui ne parlent pas fort et que j'entends mal avec le chant du temple en arrière-fond. Bref, ce n'est pas intéressant pour moi d'être avec eux même s'ils sont charmants. Je vais regarder un film sur Netflix...
Ce matin, j'ai un peu la binette à terre. Encore trois jours à tenir dans cette solitude à 32 o C à l'ombre sous le ventilo. Après avoir été avec du monde en permanence ces derniers temps, le choc est un peu rude et je n'ai pas envie de me parler et de me raisonner. J'ai le droit de ne pas avoir la frite, après tout. J'ai tenu durant tout le voyage malgré les aventures avec l'agent de voyage qui a failli me plomber. Je laisse aller...
Je vais faire une vingtaine de longueurs dans la piscine. Ça me remonte le moral. Je dis bonjour à un des deux couples qui passent, charmants.
En revenant dans ma chambre, je parle avec Sophie via Whatsapp, mon amie française établie pas très loin de la Villa depuis trois ans avec son mari. Ce fut notre prof de yoga durant le séjour avec le groupe de belles dames. Elle m'invite à aller séjourner chez elle jusqu'à mon départ.
C'est là que commencent les aventures du jour...
Je descends voir Devinda, le proprio de la Villa, et lui demande, si je vais chez Sophie, si je peux quand même utiliser son taxi pour aller à l'aéroport lundi, en passant chez mon amie Devi pour aller chercher mon autre valise, la principale, celle avec ma puce de téléphone et ma clé de maison au Canada ainsi que mes habits d'hiver. Sauf qu'elle habite une région à risques déjà sous couvre-feu depuis deux jours...
Il me répond que son taximan est maintenant réfractaire, par peur du virus, d'aller à l'aéroport, etc...
Je remonte dans ma chambre parler à Sophie. Elle me donne le numéro de téléphone d'un chauffeur de taxi qu'elle connait bien. Je tente de le rejoindre. Les lignes sont surchargées. Impossible de le joindre.
Sophie m'annonce alors que le gouvernement vient d'annoncer un couvre-feu depuis ce soir à 18h à lundi prochain 18h et se demande si je ne ferais pas mieux d'aller à l'hôtel proche de l'aéroport. Rien qu'à penser être dans un hôtel confinée pendant trois jours, mon coeur s'effrondre.
Devrais-je rester à la Villa, aller chez Sophie ou à l'hôtel à Negombo près de l'aéroport ?
Je descends voir Devinda qui me dit que, même s'il y a couvre-feu dans la journée de lundi, je devrais pouvoir quand même aller à l'aéroport en montrant mon billet d'avion sur mon téléphone mobile aux policiers qui nous arrêteront, c'est sûr.
Il me dit ensuite pouvoir éventuellement quand même convaincre son chauffeur de taxi de venir lundi avec moi à l'aéroport mais pas chez mon amie, c'est sûr. Il a déjà peur de l'aéroport alors, en région infestée et sous couvre-feu, encore moins ! D'autre part, si je pars avec son chauffeur, la permission qu'il aura obtenue de la police sera pour un trajet de la Villa à l'aéroport, pas de chez Sophie et pas en passant par chez mon amie pour aller chercher ma valise. Compliqué, tout ça...
Devrais-je rester à la Villa pour avoir ce chauffeur quand même ou aller m'installer chez Sophie quand même, à 30 minutes au sud de l'île ? Pendant quelques minutes, je sens que je commence à me résigner à rester à la Villa mais vraiment à contre-coeur.
Je tente de rejoindre le taximan de Sophie. On n'arrive à se parler que par SMS. Il accepte de m'amener à l'aéroport depuis chez Sophie à un prix tout à fait raisonnable.
Devinda me confirme que la région dans laquelle se trouve mon amie est une zone à risques et est déjà sous couvre-feu depuis deux jours, que ça va prendre une permission de la police pour y aller, etc.
Il me dit de ne pas y aller, d'oublier ma valise, que je la prendrai l'an prochain, que mes amis ne pourront probablement pas venir non plus me l'amener à une sortie d'autoroute avant l'aéroport car ils sont sur le chemin mais n'auront pas de permission de sortie non plus. Ouffff... j'ai des choses importantes dans cette valise dont j'ai besoin au Québec...
Plusieurs nouvelles solutions semblent être ensuite possibles, comme d'aller chercher une permission écrite de la police du coin pour que le.... enfin bref, je vous la fais courte tellement c'était un imbroglio ce matin !!!
Finalement, le taximan de Sophie, enfin rejoint par téléphone, dit que ce ne sera pas nécessaire de demander une permission de police. Il a appelé et semble avoir de bons contacts dans la police locale. Il sera là à 13h lundi chez Sophie. Marché conclu.
C'est alors que je prends (enfin) le temps de regarder les actualités locales et réalise que l'info était erronée : ce n'est pas lundi à 18h que se termine le couvre-feu dans toute l'île mais lundi à 6h du matin ! Cela me semblait aussi plus logique vu que les gens travaillent le lundi.
C'est alors que tout s'est mis en place bien plus facilement évidemment. Plus besoin de permission de police, de contrôles routiers ni autres aventures éventuelles entre chez Sophie et l'aéroport lundi soir... Oufff....
Tout s'arrange
Le couvre-feu commence néanmoins ce soir, vendredi, à 18h. Sophie a besoin de quelques denrées pour nous alimenter ce week-end. Les gens font la queue jusqu'en-dehors des magasins qui sont pris d'assaut. L'attente est longue. Les gens sont les uns sur les autres. Pas de possibilité d'avoir un mètre entre deux car les magasins sont petits ici. Certains portent un masque mais pas tous.
Nous fuyons la foule et nous arrêtons chez un petit marchand de fruits et légumes au coin de la rue qui nous accueille avec le sourire et ne nous traite pas de Corona comme le font certains, sûrs que c'est un Blanc qui a infesté le Sri Lanka au départ. Ravitaillement fait, nous allons luncher dans un beau resto au bord de la plage, en préparation pour un week-end où nous resterons confinés à la maison.En revenant, à la maison, je m'arrête quand même au bureau de police pour m'assurer de l'heure de levée du couvre-feu de lundi - confirmé à 6h du matin - et de comment je pouvais faire pour récupérer ma valise chez mes amis en zone à risques. Le policier m'a gentiment répondu qu'il suffit que j'aille à la police dans leur région pour avoir une permission.
Une fois cette annonce faite à mon amie, elle me dit de ne pas venir chez elle car ses voisins ne veulent pas de Blancs dans le quartier. Elle va elle-même demander une permission pour venir m'amener ma valise à la sortie de l'autoroute pas loin de chez elle lundi après-midi.
Si tout se passe bien, je vais donc pouvoir partir avec mes deux valises. Je n'aurai cependant pas le temps de faire le tri et en laisser une à mon amie, comme je fais chaque année avec les vêtements que je ne mets qu'ici.
D'ailleurs, c'est la première fois que j'ai deux valises de 23 kgs incluses dans un billet d'avion (signe ?) ). A 775 $US l'aller simple, ils peuvent bien m'offrir ce cadeau ! J'espère que la nourriture sera bonne !
Origine du Covid-19 au Sri Lanka
Contrairement à ce que la plupart pensent au pays, ce ne sont pas les touristes blancs qui ont amené le virus au Sri Lanka, en tout cas pas au début de l'épidémie, nous a bien expliqué Devinda, le proprio de la Villa. En fait, c'est un Chinois, en premier, puis deux Srilankais qui rentraient... d'Italie.En fait, ces deux hommes étaient malades en Italie mais les Italiens ne voulaient pas les traiter car il semblent ne pas aimer ces étrangers et les font passer en dernier dans les centres médicaux, et encore. Les deux malades ont donc décidé, à coup de Paracétamol pour faire baisser la fièvre, de prendre leur voiture et de faire 800 km depuis Milan via le Luxembourg pour aller prendre l'avion à Bruxelles. Frontières ouvertes dans l'espace Schengen...
Une fois arrivés au Sri Lanka, ils ont été testés positifs au Covid-19 mais la contamination avait commencé dans l'avion, l'aéroport, les transports publics, etc...
Pour finir...
Alors voilà... Je suis maintenant en sécurité chez Sophie et son mari, dans leur jolie maison près de Galle, loin du train et de la route passante comme à la Villa. Après dix jours là, d'ailleurs, ça fait tout drôle, ce silence srilankais : les oiseaux chantent, les chiens aboient, les tuktuks passent au loin... Ces doux sons sont bien agréables à mes oreilles.La suite des aventures au début de la semaine prochaine !
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Dominique Jeanneret
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