Bienvenue dans ce deuxième épisode de ma nouvelle série (impromptue) sur la créativité en temps de crise. Alors qu'il était question hier des petites entreprises, nous allons aujourd'hui évoquer une idée qui pourrait s'avérer extrêmement utile pour les travailleurs indépendants, dont certains subissent une situation dramatique.
Il a suffi d'un tweet de Simon Taylor, cofondateur du cabinet de conseil 11:FS, spécialisé dans la « digitalisation » du secteur financier, pour que se constitue un collectif informel d'acteurs de la FinTech qui, en moins de 48 heures, a assemblé un concept de plate-forme, opérationnel, et a désormais engagé des discussions avec les instances gouvernementales en vue d'en faire la base d'une vraie solution d'indemnisation équitable à destination des millions de freelances que compte le Royaume-Uni.
Le problème visé est particulièrement aigu, partout dans le monde, tandis que l'économie est maintenant partiellement à l'arrêt : si les autorités de nombreuses nations ont commencé à prendre des mesures radicales pour soutenir les ménages, notamment par le versement d'aides financières aux salariés qui ne sont plus rémunérés, les personnes qui exercent une activité indépendante en sont souvent exclues, principalement pour la simple raison qu'il est difficile pour elles de prouver leur perte de revenus.
La réponse proposée s'appelle (pour l'instant) CovidCredit et elle s'appuie sur l'infrastructure de banque ouverte mise en place depuis quelques années en Grande-Bretagne (et en cours de généralisation dans l'Europe entière). Son principe est trivial : le demandeur est invité à connecter son compte principal, via les API disponibles dans tous les établissements, et les algorithmes concoctés pour l'occasion font le reste.
Concrètement, ils analysent l'historique des transactions (généralement sur une année) afin d'évaluer, en toute objectivité, le niveau moyen de revenus de l'individu au cours des périodes passées. Ils déterminent, d'autre part, les rentrées d'argent observées sur le mois en cours et la comparaison entre les deux résultats permet d'estimer la dégradation des gains, qui pourrait alors servir à étalonner une compensation juste.
Naturellement, le modèle, tel que décrit, comporte encore quelques failles et laisse ainsi la porte ouverte à de possibles abus, par exemple si une personne malintentionnée ouvre un deuxième compte, non déclaré, pour engranger des revenus « invisibles ». Il devrait pourtant être envisageable d'utiliser ce système dans un certain nombre de cas relativement faciles à contrôler. Après tout, l'urgence à laquelle font face ceux qui n'ont plus aucun moyen de subsistance mérite assurément des compromis temporaires.