Il faut dire d'abord que c'est un roman foisonnant et qu'il se présente comme l'histoire de plusieurs individus et famille ,vivant dans des endroits différents du globe et dont les destins multiples ne sont réunis que par le fait qu'un arbre ou une forêt , à un moment, occupent leurs vies.
Ces chapitres du début, évoquant ces différents destins, pourraient se lire séparément.Ils sont chacun une sorte de petite nouvelle qui toute amènent a réfléchir sur notre monde et son comportement à l'égard des arbres et plus largement de la nature. J'ai une préférence pour deux destins parmi tous ceux qui nous sont racontés: celui de Nicholas Hoef et de sa famille et celui de Patricia Westerford .C'est un livre bâti ensuite comme une chorale, les personnes dont on lit le destin, au début du livre, se retrouvent ensuite, quelques années après, et tous vont lutter contre la déforestation, contre l’abattage d'arbres On assiste a des rapprochements amoureux et ces couples vont participer a de grandes actions citoyennes pour s'opposer à la destruction de grands arbres plus que centenaires. Ils vont lutter par tous les moyens pacifiques possibles contre les forestiers aidés par la police.Le long récit de cette lutte forte où les autorités et les puissances économiques utilisent abusivement la force est remarquable de vérité. La lutte dérape ,un jour, dans des actes violents qui vaudront des poursuites a certains.
C'est lorsque l'auteur a découvert que des séquoias séculaires allaient être abattus qu'il en a été bouleversé et qu'il a entrepris ce grand roman chorale à la gloire des arbres.
C'est un livre militant en ce sens que l'auteur nous donne a voir les méfaits de l'homme, son non -respect de la nature, ses "crimes " contre les arbres, des arbres qui nous ont précédé dans ce monde et qui sont pourtant nécessaires à la survie de l'humanité. Il évoque aussi le travail de ceux qui veulent assurer une protection juridique à la nature et ,ici, aux arbres, leur donner des droits, leur permettre d'accéder aux tribunaux, à la justice. Comme le dit l'auteur beaucoup de ceux qui, aujourd’hui, ont accès à la Justice n'y avaient pas accés dans le passé: les esclaves, les femmes, les enfants
Dans un procès Patricia Westerford qui a écrit un livre a succès sur les arbres et leurs pouvoirs est entendu et elle évoque cette phrase que lui a dite son père: "Rappelle-toi! Les hommes ne sont pas l’espèce suprême qu'ils croient être. D'autres créatures-plus grandes, plus petites, plus lentes, plus rapides,plus vieilles ,plus jeunes, plus puissantes-mènent la danse, fabriquent l'air et dévorent la lumière diu soleil. Sans elles il n y a rien." p.307) Certains seront condamnés alors que la légitime défense aurait dû leur valoir l’acquittement.Et l'un des condamnés a cette phrase: "Bientôt nous saurons si nous avions tort ou raison"!
C'est un livre -et ils sont finalement assez rares- d'où l'on sort changé et le lire en cette période d'épidémie qui remet tant de choses en question conforte dans l'idée que des revirements déchirants dans nos modes de vie sont nécessaires.
- Je mets, ici, cette vidéo dans laquelle Philippe Noiret lit merveilleusement un recit de Giono consacré à un berger planteur d'arbres dans ce pays de haute Provence sec et désolé.Je pense que ce récit est dans le droit fil du roman de Powers et que l'auteur l'aurait aimé. Et voilà aussi artiste qui va très bien avec ce roman.