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Baron Noir (Saison 3, 8 épisodes) : la France politique

Publié le 01 avril 2020 par Delromainzika @cabreakingnews

Après deux saisons a monter en épingle la renaissance (puis la mort) du Parti socialiste, Baron Noir décide de changer la donne cette année avec les municipales puis l’élection présidentielle. Rickwaert est sorti de prison suite aux magouilles de financement illégal de la campagne. L’ancien Baron Noir rêve maintenant d’être Président de la République et toute la saison va alors construire son personnage et surtout les éléments qui vont le construire petit à petit comme quelqu’un de présidentiable. Kad Merad est plus habité que jamais par son personnage et ses ambitions, rendant la course d’autant plus palpitante et pleine de retournements de situation.

Plus que jamais collée à l’actualité, la série aime nous offrir des surprises : l’idée de créer une Europe fédérale entre la France et l’Allemagne (le projet Françallemagne), le référendum pour supprimer la fonction présidentielle et la transformer en assemblée parlementaire (un peu comme la IVème République), le changement de camps de Rickwaert qui rejoint Debout le Peuple (une sorte de copie réussie de La France Insoumise) et la chute du PS (un peu ce qui s’est passé lors des dernières élections présidentielles). La série est plus que jamais documentée, jouant remarquablement avec l’ambiance qui règne en France : celle d’une France divisée, qui n’a pas confiance en la fonction Présidentielle. Le pessimisme ambiant qui règne tout au long de la saison permet de construire une saison plus sombre, plus noir que jamais.

Rickwaert apparait alors comme le sauveur de cette histoire, un personnage gris mais carriériste : ambivalent, complexe, sincèrement attaché au populisme, à l’idée que toute la gauche pour s’unir mais aussi contre l’extrême droite. Les retournements de situation s’enchaînent (notamment lors de l’apparition d’un youtubeur qui va gagner en popularité et devenir une sorte de Philippe Poutou mais aimé par les français). La façon dont Baron Noir déconstruit la politique et décrypte tous les petits jeux de pouvoir est intéressant. Certains partis sont même réellement mis en scène (le Rassemblement National, les Républicains, le Parti socialiste) pendant que d’autres, créés de toute pièce : La France Unie (équivalent de La République en Marche) ou Debout le Peuple (La France Insoumise).

Certains personnages, autrefois importants, vont rapidement disparaître comme Cyril Balsan incarné par Hugo Becker. Ce dernier manque un peu à la saison pour sa jeunesse et la fraicheur. Surtout que son personnage reste fascinant sur bien des points, notamment dans son combat fait par convictions politiques. C’est donc dans ce genre de moments que la série fait en sorte de faire son bingo avec tous les éléments qui permettent justement d’ancrer le récit politique dans tout ce que l’on peut voir. Jusqu’au bout, la série s’anime de façon intelligente et soigne sa ligne éditoriale afin de faire de la politique à la fois spectacle mais aussi beaucoup plus ancrée dans les valeurs actuelles des partis. Certains personnages sont aussi anecdotiques comme celui d’amant de Dorendeu incarné par Alex Lutz. Ce n’est pas ce que la saison a fait de mieux, surtout qu’il n’a pas l’occasion de réellement se développer.

C’est dans sa façon d’utiliser tous les rouages de la politique et de la Constitution de la Vème République que Baron Noir brille. Elle utilise tout ce que existe en mécanique politique afin de faire des propositions intéressantes et intelligentes. Rien n’est surréaliste dans la série, tout est plausible et c’est l’une de ses forces. Cela rend le récit accrocheur mais aussi terrifiant car l’on peut imaginer que tout ce qui arrive dans Baron Noir peut arriver un jour.

Note : 8/10. En bref, la politique fascine et est probablement le point de départ des meilleurs thrillers.


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