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Légitime débat

Publié le 01 avril 2020 par Particommuniste34200

La France est au ralenti. Hormis les travailleurs qui vivent au rythme effréné de la lutte quotidienne contre le virus, beaucoup ont pris leurs marques dans un univers ouaté, aux bruits sourds.

Il semble que le ­président de la République aimerait que cette atmosphère feutrée ­s’applique au débat démocratique. Avec un Parlement atrophié, des assemblées locales vides, les initiatives citoyennes confinées, la démocratie est déjà sous cloche. Emmanuel Macron ne souffre pourtant pas que l’opposition émette la moindre remarque sur sa gestion de la crise ou les raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là. Les ­critiques sont « irresponsables », dit-il. Pointer la pénurie de masques ou de respirateurs que tout le monde constate, aux effets terrifiants, c’est déjà trop. Alors interroger les causes ? Vous n’y pensez pas.

En effet, l’hôte de l’Élysée étend désormais son argumentaire aux gouvernements précédents. « Quand on vit quelque chose qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir pré vu il y a dix ans. » Pardon, mais si. Si le candidat à la présidentielle d’alors avait lu l’Humanité il y a trois ans, il y aurait appris de la bouche de l’urgentiste Christophe Prudhomme que « notre système n’est plus capable de répondre à une banale épidémie de grippe ». On ­savait donc.

Si, constatant son erreur, il lit nos pages aujourd’hui, il y découvrira un douloureux rappel : « À 63 reprises entre 2011 et 2018, la Commission européenne a recommandé aux États membres de l’UE de privatiser certains pans du secteur de la santé ou de réduire les dépenses publiques en matière de santé », nous dit Martin Schirdewan, coprésident du groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen.

Cette politique libérale, dogmatiquement austéritaire en Europe et en France et qu’Emmanuel Macron continue de soutenir, a une lourde responsabilité dans l’incapacité du continent à faire face au coronavirus aujourd’hui. C’est l’un des enseignements majeurs. Pour que « le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant », comme ne cesse de le répéter le président, c’est faire œuvre démocratique que de le dire.

Cédric Clérin L’HUMANITE 02 avril 2020


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