Critique Ciné : Les Siffleurs (2020)

Les Siffleurs // De Corneliu Porumboiu. Avec Vlad Ivanov, Catrinel Marlon et Rodica Lazar.

On peut découvrir de ces choses parfois sur le monde et notamment ici, le Silbo, une langue sifflée ancestrale. C’est un langage tellement inconnu que parfois cela rend le tout assez surprenante. Cela créé une certaine ambiance étonnante qui donne envie de se plonger dans Les Siffleurs. Mais Corneliu Porumboiu (Le trésor) continue d’être un cinéaste fascinant par sa façon de mélanger plusieurs genres : western, polar, satire sociale mais aussi une sorte de comédie musicale qui ressort des moments sifflés. S’ajoute alors à tout cela une sorte de film d’espionnage, d’aventure où tout peut rapidement changer et surtout nous surprendre. Ce cinéaste roumain continue d’être imprévisible, délivrant des récits originaux qui sortent des sentiers battus que même le cinéma roumain a tendance à répéter parfois. A chaque film du réalisateur, on a l’impression de le voir aborder quelque chose de totalement différent tout en gardant malgré tout sa mise en scène et sa façon de voir les choses.

Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera, il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…

Les Siffleurs n’est pas sans humour (un peu comme l’était l’excellent Le trésor), mais s’avère souvent plus proche du film noir avec des références constantes et toujours travaillées. On pense naturellement à Alfred Hitchcock et plus particulièrement à Psychose (dans la baignoire à la fin du film) ou Francis Ford Coppola à de nombreuses reprises. Si ce n’est pas aussi brillant que Le trésor, Les Siffleurs sait ce qu’il veut nous raconter et je dois avouer que je ne m’y attendais pas nécessairement. Surtout que la fin est une explosion de saveurs qui permet de raccorder tout ce que le film a voulu nous compter de façon intelligente. C’est sans oublier la présence de Gilda, une femme fatale incarnée par la belle et brillante Catrinel Marlon. Chaque apparition de l’actrice se ressent comme une sotte de soleil qui viendrait éclairer une ruelle sombre et noire dans laquelle se déroule le pire de ce que le film peut faire. C’est elle qui permet à Les Siffleurs de sortir du lot pendant que le reste des personnages ne réinvente pas forcément le genre, mais sont là pour nourrir une histoire qui elle, est originale.

Note : 8/10. En bref, une sorte de polar original qui vient tout droit de Roumanie.

Date de sortie : 8 janvier 2020

Suite à la pandémie de coronavirus, Les Siffleurs a été autorisé en sortie anticipée à la chronologie des médias par le CNC.