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LA MARSEILLAISE OCCITANIE – La CGT pointe de graves insuffisances, que masque mal une posture martiale « qui annihile les résistances au nom de l’unité nationale »

Publié le 05 avril 2020 par Particommuniste34200

Injonctions contradictoires, sous-équipement en masques, gel, respirateurs, gouvernement par ordonnances, atteintes au droit du travail, restriction à l’extrême des libertés individuelles… Les représentants héraultais et gardois du syndicat sont partagés entre colère et inquiétude.

Nous sommes en guerre.» L’expression, martelée six fois par un Emmanuel Macron martial à l’occasion de son allocution télévisée mardi 16 mars, a marqué les esprits.

« Sur le moment, je n’ai pas trouvé très heureuse la formule ni la tonalité guerrière de ce discours dans un pays déjà fortement angoissé… Mais on comprend mieux la logique de ce qui en découle, puisque le fait d’être en guerre justifie un certain nombre de choses, dont une loi dite d’urgence sanitaire comportant des ordonnances et des décrets qui détricotent le code du travail », analyse le représentant départemental de la CGT de l’Hérault, Serge Ragazzacci. Allusion aux mesures permettant, notamment, d’allonger le temps de travail hebdomadaire jusqu’à 60h ou d’imposer, via un accord d’entreprise ou de branche, la date des congés payés ou des RTT des salariés. « On nous dit que tout ça ne s’appliquera que le temps de la crise sanitaire, mais le texte va jusqu’à fin décembre… Par ailleurs on a déjà vu des choses à durée déterminée s’inscrire durablement dans la loi. On a donc des raisons de s’inquiéter», considère le syndicaliste héraultais.

« On est en train de prendre une sacrée dérive »

Au delà des brèches ouvertes dans le Code du travail, cette déclaration de guerre sanitaire « justifie également un tas de mesures relatives aux restrictions des libertés individuelles. Il ne s’agit pas de revenir sur ce qui relève de la protection des citoyens ou le besoin de faire en sorte que le confinement soit observé. Par contre, les moyens employés en terme de surveillance contrastent énormément avec ceux qui sont déployés pour assurer la sécurité de celles et ceux qui continuent à aller travailler», estime Serge Ragazzacci. Qui énumère : contrôles, couvre-feu, barrages, attestation, nouvelle attestation… « Il y a quelque chose d’extrêmement fort à l’encontre des libertés individuelles, mais dans le même temps on incite un certain nombre de secteurs économiques à reprendre le boulot, qui pour nous ne sont pas des secteurs essentiels », insiste le responsable CGT héraultais. Il cite l’exemple d’Airbus à Toulouse : « Cela représente des milliers de salariés. Quand on regarde la sous-traitance, c’est énorme. Et eux ont des masques! Est-ce qu’on ne pouvait pas stopper les chantiers d’Airbus pendant 15 jours ?»

Un point de vue partagé par son homologue gardois, qui ne mâche pas ses mots : « Le Président de la République dit qu’on est en guerre ? Eh bien c’est un crime de guerre de faire travailler des salariés qui ne sont pas ou insuffisamment protégés. Et c’est aussi un crime de guerre de laisser reprendre des industries non essentielles, qui privent de masques et de protections les salariés qui sont en première ligne, à savoir les soignants, mais aussi ceux qui sont en 2ème et 3ème lignes : les personnels des transports, des commerces, etc.», dénonce Bruno Rivier.

« C’est un mensonge d’état de dire que le gouverment n’est pas responsable du manque de masques. Il y a quelques années , lors de la grippe H1N1, on avait une énorme réserve. A l’époque, le ministre de l’Economie, qui n’était autre que le Président actuel, a refusé qu’on renouvelle les stocks. Et que dire des fermetures de centaines de lits en réanimation?», rappelle le cégétiste gardois.

« On n’était pas du tout préparé à cette crise sanitaire, renchérit Serge Ragazzacci. Tous les jours, les médecins rappellent le manque de lits, le manque d’effectifs, le manque de moyens. Ça fait des années qu’on dénonce la casse de l’hôpital public. Ce qui arrive est la synthèse de tout ce qu’on craignait, à l’hôpitâl mais aussi dans les Ehpad. Il y a eu un gros mouvement social dans les maisons de retraite, à l’époque on a réclamé des créations de postes qui aujourd’hui manquent pour venir en aide aux personnes âgées. Aux dires mêmes du gouvernement, il faudrait isoler les résidents, les gérer quasiment individuellement dans leur chambre… mais il n’y a pas le personnel suffisant ! », illustre le responsable de la CGT de l’Hérault.

Avant d’insister, une fois encore, sur le lexique martial utilisé par Emmanuel Macron, «un vocabulaire inadapté qui a surtout pour but de nous faire entrer dans ce dispositif qui annihile les résistances au nom de l’unité nationale : on suit les chefs, on réduit l’ensemble des libertés publiques et on stigmatise les oppositions. Sinon, nous devenons des traîtres… Je trouve tout ça préoccupant pour la suite. On est en train de prendre une sacrée dérive »

Amélie Goursaud

LA MARSEILLAISE OCCITANIE – La CGT pointe de graves insuffisances, que masque mal une posture martiale « qui annihile les résistances au nom de l’unité nationale »
05 avril 2020

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