Magazine Société

Le Malade imaginaire, de Molière, à la Comédie-Française

Publié le 05 avril 2020 par Francisrichard @francisrichard
Le Malade imaginaire, de Molière, à la Comédie-Française

Si tu ne peux aller au théâtre, le théâtre peut venir à toi... C'est ainsi que le confinement permet aux amateurs de retrouver chez eux Molière ou Shakespeare, grâce à la Boutique de la Comédie-Française ou à BBC-TV.

Aujourd'hui j'ai revu Le Malade imaginaire de Molière, dans la mise en scène de Jean-Laurent Cochet, la réalisation de Jean-Paul Carrère, la musique de Michel Magne et la version de l'édition de 1682.

La date de captation est 1974... C'est dire que j'ai pu retrouver avec bonheur les comédiens qui, quelques années plus tôt, m'ont fait aimer le théâtre (et interpréter des scènes du Bourgeois Gentilhomme à l'école) quand mes parents eurent la bonne idée de nous abonner, mes soeurs et moi, aux matinées classiques du Français.

En revoyant cette pièce du répertoire de son illustre maison, j'ai pu me remémorer à quel point Molière avait peu de considération pour les médecins de son temps, une dent de lait contre eux qui se retrouve dans plusieurs de ses comédies.

Argan (Jacques Charron), le malade imaginaire, veut absolument que sa fille Angélique (Catherine Hiegel) épouse le fils d'un médecin. Son frère Béralde (Jacques Toja) s'en étonne et lui demande sur quelle pensée il la veut donner en mariage à Thomas Diafoirus (Philippe Rondest), le fils de Diafoirus (Jacques Eyser):

ARGAN:Sur la pensée, mon Frère, de me donner un gendre tel qu'il me faut.

BÉRALDE: Ce n'est point là, mon Frère, le fait de votre Fille, et il se présente un gendre plus sortable pour elle.

ARGAN: Oui, mais celui-ci, mon Frère, est plus sortable pour moi.

BÉRALDE: Mais le mari qu'elle doit prendre, doit-il être, mon Frère, ou pour elle, ou pour vous?

ARGAN: Il doit être, mon Frère, et pour elle, et pour moi, et je veux mettre dans ma famille les gens dont j'ai besoin.

Plus loin, ils disputent des médecins:

ARGAN: Les Médecins ne savent donc rien à votre compte?

BÉRALDE: Si fait, mon Frère. Ils savent la plupart de fort belles humanités; savent parler en beau Latin, savent nommer en Grec toutes les maladies, les définir, et les diviser; mais pour ce qui est de les guérir, c'est ce qu'ils ne savent point du tout.

Plus loin ils disputent de la maladie:

ARGAN: Que faire donc, quand on est malade?

BÉRALDE: Rien, mon Frère.

ARGAN: Rien?

BÉRALDE: Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C'est notre inquiétude, c'est notre impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies.

C'est ce genre de dialogue qui permet de se rendre compte de la pertinence du propos de Jean Starobinski, qui écrivait en 1963 dans son Histoire de la médecine, parue aux Éditions Rencontre:

Si la maladie est aussi vieille que la vie, la médecine est une science jeune  

Francis Richard

Les autres interprètes sont:

Purgon: Georges Descrières

Bonnefoy: Simon Eine

Fleurant: Marcel Tristani

Cléante: Jean-Noël Sissia

Toinette: Françoise Seigner

Béline: Bérengère Dautun

Louison: Emmanuelle Milloux


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine