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Scandale ! Les «obligations pandémies» ne servent qu’au bonheur des spéculateurs…

Publié le 07 avril 2020 par Particommuniste34200

La pandémie peut rapporter gros quand les marchés financiers sont promus dans la gestion de la crise.

La Banque mondiale a émis en 2017 des « obligations pandémies » ou pandemic bonds qui ont suscité un gros engouement des opérateurs boursiers comme les fonds de pension à la recherche de placements lucratifs. L’institution financière internationale a plaidé un mode de financement « innovant » pour lever 320 millions de dollars sur les places financières afin de constituer un fonds mondial dévoué au combat contre les pandémies qui tel le virus Ebola ravageaient alors surtout les pays du Sud désargentés.

Un recours aux conditions drastiques et cyniques

Une affaire en or puisque les « investisseurs » de ces « bonds » se sont vu offrir des taux d’intérêt allant de 6 % à… 14 %. Le contrat précise bien que tout ou partie du capital pourra être utilisé pour soutenir les pays touchés par le fléau. Mais ce recours est assorti de conditions aussi drastiques que cyniques : il faut un minimum de 250 morts dans le pays d’origine, plus de 20 chez un voisin et l’observation d’un délai de 12 semaines après que l’OMS a déclaré l’état de pandémie.

Des conditions que l’institution financière et les gestionnaires des marchés ont jugé non remplies, sans susciter beaucoup d’émotion, lors de la dernière épidémie d’Ebola (près de 2 300 victimes). Au prétexte que l’épidémie était limitée à un seul pays : la République démocratique du Congo.

Le coronavirus a tout pour faire sauter la banque. Mais les détenteurs de pandemic bonds s’agrippent aux règles comme Arpagon à sa cassette afin de repousser l’échéance du moindre versement. Jusqu’ici, en dépit de la crise sanitaire mondiale, aucun pays n’a rien reçu du fonds réputé « innovant » de la Banque mondiale. L’OMS ayant déclaré la pandémie en janvier, les premiers versements ne devraient arriver au compte-gouttes qu’en ce mois d’avril, après l’échéance de 12 semaines.

L’urgence, elle, n’est pas dans le contrat. Les pouvoirs publics nationaux et internationaux devraient pouvoir en tirer un seul enseignement : pour être efficace, il va falloir se passer des « bonds ».

Bruno ODENT

Scandale ! Les «obligations pandémies» ne servent qu’au bonheur des spéculateurs…
07 avril 2020 (Jacob Silberberg/Panos-REA)

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