N’assumant pas le fiasco de sa gestion de la crise, le président des États-Unis menace de couper les vivres de l’Organisation mondiale de la santé.
Fin février, tout était « sous contrôle » et, finalement, le coronavirus, « ce ne pourrait être qu’un ou deux cas durant une courte période de temps », foi de Donald Trump. Cinq semaines plus tard, 400 000 cas positifs sont recensés et plus de 10 000 morts ont été enregistrés aux États-Unis. Il faut donc un coupable. Que le président américain a désigné dans un tweet mardi : « L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est vraiment plantée. Étrangement, ils sont largement financés par les États-Unis et pourtant très centrés sur la Chine. Nous allons nous pencher avec attention sur le dossier. »
Lors de sa conférence de presse quotidienne, il a menacé de couper les vivres à l’agence spécialisée de l’ONU avant de se montrer, peu après, moins définitif. Il reproche notamment à l’OMS d’avoir critiqué sa décision de fermer les frontières avec la Chine. La tentative de diversion intervient alors que, ces derniers jours, de nombreuses enquêtes et révélations mettent en lumière le fiasco total de la gestion de la crise sanitaire par l’administration Trump.
Solidifier l’électorat républicain
Le New York Times a révélé lundi, qu’un mémo rédigé par Peter Navarro, conseiller au commerce de Trump, alertait, dès la fin janvier, que la crise déclenchée par l’épidémie pourrait mettre la santé de millions d’Américains en jeu et placer l’économie en état de péril. L’alerte a été ignorée. La semaine précédente, le magazine progressiste The Nation rendait public un document élaboré par le Pentagone dès 2017 qui anticipait la survenue d’une nouvelle épidémie, soulignant que, faute de préparation, celle-ci occasionnerait une pénurie de matériels (respirateurs, masques) et de lits. Exactement ce qui s’est produit ces dernières semaines.
Désigner comme bouc émissaire un organisme international trouvera un écho favorable au sein de l’électorat républicain, réfractaire au multilatéralisme, et c’est bien de cela dont il s’agit pour Trump : solidifier sa base.
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