Critique Ciné : Le Lac aux Oies Sauvages (2019)

Le Lac aux Oies Sauvages // De Diao Yinan. Avec Hu Ge, Gwei Lui Moi et Liao Fan.

J’ai toujours été fasciné par les polars asiatiques. Il y a une vraie force dans la mise en scène, la photographie mais surtout l’écriture. Si le cinéma européen et américain n’a de cesse de proposer les mêmes choses, le cinéma asiatique a le mérite de faire des propositions originales pourtant parfois calquées sur des sujets déjà abordés ailleurs. Avec ce polar qui faisait partie de la sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 2019, Diao Yinan nous livre un récit époustouflant. Train de Nuit (2007) était un joli film sur la justice chinoise sur fond de relation entre des personnages. Avec Le Lac aux Oies Sauvages il emprunte intelligemment aux polars occidentaux pour en faire quelque chose de très ancré dans la culture de son pays. Afin de rendre le tout plus réaliste, Le Lac aux Oies Sauvages s’inspire d’un fait divers survenu en 2012 à Wuhan (quelle ironie, ou pas). Afin de donner corps à son récit et ses personnages, Diao Yinan utilise une narration intelligente et soignée qui jongle entre les plusieurs moments, tout en créant des révélations petit à petit et de plus en plus intéressantes.

Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.

Du coup, avec ce film c’était direction Wuhan, dans la province du Hubei où tout commence ici (mais où tout a commencé pour notre confinement). La façon que Diao Yinan met en scène l’histoire est fascinant, oscillant entre des plans de nuit à l’ambiance de polar sombre très marquée, et d’autres scènes en journée qui rappellent un genre très particulier de cinéma asiatique que j’aime beaucoup. Et notamment son précédent film, Train de Nuit. Grâce à tout un tas de références et des ambiances diverses, Le Lac aux Oies Sauvages est un vrai melting-pot réussi qui se savoure du début à la fin comme une friandise noire et virtuose. Notamment pour le côté femme fatale des années 40 ou 50 prêté à cette jeune prostituée au bord du lac. Il y a bien évidemment des courses poursuites, du suspenses, mais des moments plus doux et légers (qui pourraient parfois faire penser à Hitchcock dans Sueurs froides). En somme, Le Lac aux Oies Sauvages est une vraie claque à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

Note : 10/10. En bref, une claque.

Date de sortie : 25 décembre 2019