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A vous le studio !

Publié le 09 avril 2020 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Avec Alain Van den Abeele, j’ai eu un merveilleux fou rire en direct le matin en radio. Il en parle dans ses Mémoires. L’article paru dans L’Echo en novembre dernier le présente fort bien, sous la signature de Jean-Paul Bombaerts.

Pour les plus anciens, Alain van den Abeele (aujourd’hui 72 ans) était une voix familière à la radio dans les années septante et quatre-vingt, lorsqu’il animait les directs sur le Tour de France et les circuits de Formule 1. Il publie aujourd’hui ses mémoires qui brossent un demi-siècle dans les coulisses de la RTBF.

Peu appliqué à l’école et davantage porté sur la musique des Rolling Stones, il découvre sa vocation au contact du journaliste René Hénoumont.

Après un bref passage au Soir, il entre à la RTB (sans F à l’époque) en 1969, c’est-à-dire au moment précis où Eddy Merckx et Jacky Ickx portent le sport belge au sommet. Le Cannibale gagne son premier tour, tandis que Ickx devient vice-champion du monde de F1 et remporte ses premières 24 heures du Mans, au terme d’une incroyable arrivée au sprint.

Alain van den Abeele vit ces instants magiques aux premières loges, que ce soit à moto sur les routes du Tour ou dans les stands des grands-prix qui ressemblaient, à l’époque, à un immense bivouac.

« Les grands champions ont un rôle curatif, ils aident les gens à mieux supporter la vie de tous les jours« , estime-t-il.

Homme de réseau, il participe, en 1980, à la création du « Rallye de Bruxelles » pour voitures anciennes et, un peu plus tard, à celle du musée « Autoworld » au Cinquantenaire. Il fait même une brève apparition dans un album de Michel Vaillant (Des filles et des moteurs).

Il écorne en revanche le mythe de Luc Varenne, qui s’avère être un personnage imbu de sa personne et désagréable avec ses collègues.

Militantisme

Dans un autre registre, Alain van den Abeele dénonce le militantisme qui s’est progressivement emparé de la chaîne publique. Son entrée à Flagey coïncide avec l’arrivée d’une génération de soixante-huitards, tels André Menu, Nicole Cauchie, Hugues Lepaige, Jean-Jacques Jespers ou Jean-François Bastin. « Leur plan d’action est simple: monopoliser les journaux parlés matinaux et prêcher la bonne parole, leur bonne parole nourrie de visions marxistes-léninistes. (…) La déontologie journalistique est désormais une coquille vide. Les nouvelles qui ne plaisent pas à une certaine gauche vont à la poubelle.« 

En désaccord profond, Alain van den Abeele entre en résistance en intégrant le groupe des « Autonomes » où se retrouvent des dissidents comme Jean-Pierre Gallet, Henri Coenjaerts, Michel Konen et René Thierry, soutenus par une partie du personnel qui ne supporte plus la mainmise de la CGSP.

Ce militantisme qui prévaut à Reyers n’a guère évolué depuis, déplore Alain van den Abeele. « À longueur de journal radio ou télé, reportage, sujet, commentaire et billet d’humoriste, la RTBf nous sert une soupe tiède de militantisme de gauche à peu près sur tous les sujets: l’économie, la N-VA, l’immigration, l’islamisme, les grèves, la politique américaine ou française, etc.« 

Il regrette aussi le peu de considération dont jouissent les journalistes sportifs au sein de la maison. « Le journaliste sportif compte pour du beurre, bien que surveillé de près par des envieux. Les reportages à l’étranger, les déplacements de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, sont considérés comme des vacances. » Et il contre-attaque: « Pourquoi les fleurs de la pensée seraient-elles réservées aux philosophes, aux hérauts de l’économie ou de la politique intérieure ou extérieure?« 

Ceci étant, Alain van den Abeele admet qu’il s’est quand même bien amusé, y compris en fin de carrière lorsqu’on le sort du placard où il avait été relégué bien malgré lui pour l’envoyer en reportage aux Etats-Unis pour suivre la tournée de Sandra Kim.

Toujours, il reste fidèle à son principe de vie: « Essayer de mener une existence qui ne soit pas trop contraire à mes désirs« .

A vous le studio », Alain van den Abeele, éd. Luc Pire, 336 pages, 24 euros

A vous le studio !


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