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Sam, d'Edmond Vullioud

Publié le 09 avril 2020 par Francisrichard @francisrichard
Sam, d'Edmond Vullioud

Avant, tu n'étais déjà pas bavard, après, tu ne le fus plus du tout.

Après la mort de sa mère, Samuel est devenu muet. Dès lors il a été considéré par tous les gens de sa ville comme l'enfant imbécile ou le crétin municipal. S'il ne parle plus, ou très peu, il dessine à la perfection

Il est devenu le souffre-douleur de son père qui ne s'est pas remis de la disparition de sa femme. Il est devenu la proie du fils du pasteur, un peu plus âgé que lui, à la fois flatté et furieux de ne pas savoir lui dire non.

On lui a dit que la vengeance est un vilain sentiment. Cela ne l'empêche pas de l'éprouver et de passer à l'acte, mais d'une manière tellement indirecte qu'elle ne peut être comprise par ceux qui en sont l'objet.

Ce qui peu à peu le sort de son mutisme, c'est la reconnaissance que lui vaut son don pour le dessin. Doué d'une mémoire visuelle hors du commun, il restitue sur tous supports ce qui s'offre ou s'est offert à ses yeux.

Ses vengeances, au lieu de l'enfoncer, le font échapper sans qu'il le veuille à la maltraitance et à l'abus. Le dessin, puis la peinture, lui valent une reconnaissance comme artiste et, du coup, une certaine indépendance.

Cette indépendance, toute relative donc, est l'occasion pour lui de découvertes sur l'existence qu'il n'aurait pas faites autrement. Mais, moins mutique, il se rend compte du confort que procure le fait d'être mal considéré.

Il vaut mieux en quelque sorte être pris pour un imbécile et ne pas l'être que l'inverse... Quoi qu'il en soit il est impressionné par la devise de l'institution pour enfants comme lui, où il a été placé pendant un temps:

Tout ce qui mérite d'être fait mérite d'être bien fait.

En matière d'art, cette devise, il la fait sienne. En matière de vie personnelle, c'est autre chose, car, s'il l'applique dans certains domaines, dans d'autres il se montre plus malin et chanceux qu'aspirant à la perfection.

Le tutoiement de Sam dans le récit, qui se déroule avant, pendant et après la Grande Guerre, le rend proche, mais il reste lointain par l'emploi d'expressions de l'époque, remarquablement restituée, qui sont désuètes.     

Francis Richard

Sam, Edmond Vullioud, 432 pages, BSN Press


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