Gouverner, c’est prévoir, dit l’adage. La crise sanitaire inouïe que nous traversons pourrait laisser croire que la catastrophe est soudaine et l’impréparation des États compréhensible face à ce malheureux coup du sort.
Or, un rapport d’information du Sénat, daté de juillet 2012, que LaMarseillaise a exhumé du cimetière des études restées lettres mortes, décrit dans les moindres détails la pandémie actuelle.
L’apparition du Covid-19 n’est pas spontanée ou tombée du ciel. C’est le résultat de plusieurs facteurs, des modes de vie aux systèmes de production et d’échanges. Face aux menaces des virus émergents, nous aurions pu anticiper, se préparer et prévenir. Voilà ce que l’on constate, effaré, à la lecture du rapport sénatorial écrit il y a huit ans ! Combien de morts auraient pu être évités si les leviers d’action clairement identifiés par les différents experts avaient été activés ? Parmi eux, le soutien vigoureux à la recherche et aux systèmes de soins.
Le prix fort
L’analyse et les préconisations des rédacteurs sont toujours d’actualité et il serait irresponsable de ne pas en tenir compte alors que nous sommes dans l’œil du cyclone. La mise en branle de toute une série de mesures pour soutenir l’économie doit s’accompagner d’un changement de pied radical.
Car c’est au nom du seul impératif économique et de l’austérité imposée aux budgets publics, qu’ont été négligées les politiques de prévention et de recherche. La vision courtermiste des dirigeants, la course aux profits et l’absence de coopération se paient au prix fort. Au prix de vies humaines.
éditorial
Françoise Verna
11 avril 2020