Presque humble, en tout cas modeste dans ses propos, donc à contre-emploi, le président Macron a tenté de fixer un cap, lundi soir, alors que la France, comme tous les pays du monde, traverse une crise sanitaire, sociale et économique sans précédent provoquée par la pandémie de coronavirus.
La date du lundi 11 mai permet de tracer un horizon. Même si cela ne sera que le début d’un lent déconfinement dont les contours et la stratégie n’ont pas été très clairement expliqués.
L’annonce la plus spectaculaire est la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées à partir de cette date. Avec l’argument d’éviter une rupture d’égalité. On estime entre 5 et 8% les enfants coupés de tous liens avec le système éducatif depuis un mois. Et la privation de la cantine précipite des familles dans une précarité grandissante à la limite de l’indigence.
Une partie de la France a faim
C’est une des autres annonces notables : le versement d’une aide exceptionnelle (dont il n’a pas dit le montant), et «sans délai» aux familles les plus modestes et aux étudiants précaires.
Trois ans après son élection et une politique dévolue aux premiers de cordées avec une politique fiscale asséchant les services publics, Emmanuel Macron mime l’inflexion ; affirme qu’il faut « nous réinventer, moi le premier» ; salue ceux que ses choix ont jusqu’alors méprisés : les sans-grade qui nettoient, soignent… Ces «Français réfractaires» à sa révolution libérale. Un mea culpa assumé.
Mais le fait qu’il n’est pas remis à sa place le patron du Medef, qui veut faire payer aux salariés la crise, laisse planer un gros doute sur sa subite conversion.
14 avril 2020