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Les masques commencent à apparaître sur la voie publique, plus qu'avant. C'est une des premières questions que nous avions discutées sur Facebook, avant même que l'épidémie n'arrive en Suisse. Est-ce une bonne mesure de protection? On a très envie de dire que oui, et des voix s'élèvent pour demander que l'usage généralisé des masques de protection viennent remplacer les mesures de distance sociale et de confinement actuelles. Mais qu'en est-il? En deux-trois messages essentiels, voilà donc ce que l'on peut dire sur une des questions du moment: devrions-nous tous porter des masques sur la voie publique, ou non?
Sur cette question comme sur bien d'autres, des informations arrivent en temps réel. Merci de compléter dans les commentaires, surtout si vous êtes formé(e) sur ces questions.
Premier élément, il y a beaucoup d'études à l'hôpital, peu en dehors. A l'hôpital les masques protègent bel et bien, et cela donne envie de dire que dehors aussi. Sauf que: hors de l'hôpital le risque est différent, les personnes moins formées à l'utilisation des mesures de protection. A la question "que sait-on sur l'efficacité des masques dans la rue?" On est obligé de répondre qu'on ne sait pas vraiment.
Que faire quand on ne sait pas? Faire avec ce que l'on sait, du mieux que l'on peut. Et sur la base de ce que l'on sait, le plus probable est malgré tout que oui les masques protègent. Mais pas entièrement. Si l'on se base sur ce que l'on sait ils protègent...un peu. Dans une épidémie où l'on cherche à diminuer le nombre total des cas, un peu c'est en fait déjà très bon à prendre. Mais on ne doit pas confondre cela avec une protection pleine et entière pour soi, à titre individuel.
Donc, les masques seuls ne suffisent pas. Même dans les hôpitaux, où le port du masque est clairement utile et le personnel formé à son usage, pas question de se limiter à porter un masque pour se protéger. On ferme les portes, on garde les distances quand c'est possible, on se lave les mains, tout ça en plus. Il ne s'agit donc jamais de savoir si un masque est suffisant pour se protéger, n'en déplaise à ceux qui voudraient compter sur la distribution de masques pour rouvrir des secteurs entiers de notre économie. La vraie question est: est-ce qu'ajouter un masque est utile. Et là, on dirait bien que oui.
Ensuite, oui, il faut savoir s'en servir. Un masque est placé sur le visage, donc on touche son visage en le mettant en place. Un masque se contamine, donc on se contamine les mains en l'enlevant et ensuite il peut contaminer tout ce qu'il touche. Il faut donc savoir comment l'enlever, et comment le stériliser ou le jeter selon les cas. Cet aspect est une des causes d'hésitation autour de la recommandation de porter le masque pour tout le monde. Mais plutôt que de déplorer le manque de formation de nos concitoyens, mieux vaudrait enseigner le port du masque. On a après tout appris bien des choses: tousser dans son coude, se saluer sans se serrer la main, se laver les mains correctement. Pour démarrer, voici une video. Si vous allez au supermarché, il vaut mieux mettre votre masque à la maison plutôt que devant la porte. Vous serez mieux en mesure de faire juste.
Et finalement, ceux qui prennent des risques pour nous tous doivent avoir la priorité. Quand on demande à des personnes de se mettre en danger pour nous, on acquiert des obligation envers elles. Les professionnels de la santé, qu'ils soient dans les hôpitaux ou en ambulatoire, mais aussi nos caissières, nos facteurs, et toutes les personnes qui doivent en cotoyer beaucoup d'autres pour que l'essentiel fonctionne: elles doivent avoir le matériel professionnel tant que les réserves manquent.
On l'a dit, il y a les masques altruistes et les masques égoïstes. Les masques chirurgicaux, les plus ordinaires, et les masques Do It Yourself protègent en fait plutôt les autres contre soi-même. Ce sont les masques coque, ou FFP2, qui protègent celui qui les porte. Ceux-là devraient être réservés à ceux qui s'occupent des malades, que ce soit comme professionnels ou comme proches aidants. Mais justement, généralisons l'altruisme! Nos hôpitaux sont bien protégés, mais nos supermarchés nettement moins. Si les clients portaient eux aussi des masques ordinaires, les employés s'en trouveraient mieux. En attendant des stocks plus fournis, les tutoriaux pour les fabriquer soi-même fleurissent ces temps en ligne, du plus sobre réalisé par l'armée américaine, à ceux qui essaient d'être tout de même un peu plus engageants. Bon bricolage!