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Le Graveur, de Bronwyn Law-Viljoen

Publié le 17 avril 2020 par Francisrichard @francisrichard
Le Graveur, de Bronwyn Law-Viljoen

Je continue à graver, reproduisant dix fois ou plus une image que j'aime, pour me donner l'impression de faire quelque chose. Je me réfugie dans l'odeur de l'atelier, dans la sensation familière du chiffon dans ma main, du roulement de l'encre sur la plaque. (March, décembre 2005)

March Halberg est Le Graveur de l'histoire racontée par Bronwyn Law-Viljoen, laquelle se passe pour l'essentiel à Johannesbourg en Afrique du Sud, dans une maison avec jardin et atelier de gravure, dans une banlieue protégée.

Pour la raconter, l'auteure fait appel à March lui-même, à sa mère Ann, à Thea, son amie de trente ans, à Stephen, un réfugié du Zimbabwe qui, pendant une année, aura entretenu son jardin, à Helena, une galeriste contactée par Thea.

Le roman se déroule sur près de quarante ans, mais ce n'est pas une histoire linéaire. Les narrations vont et viennent dans le temps, datées de 1976 pour les plus anciennes et de 2011 pour les plus récentes (qui en font l'épilogue). 

Ann raconte, en 1976 et 1980, March et sa soeur Jane, sa cadette d'un an, et leur amie Thea, qui a quelque vingt ans de moins. Elle parle d'un temps où elle était modiste et où le vent commençait à tourner dans le ciel d'Afrique du Sud.

March meurt en mars 2007, à soixante-et-onze ans. Après la mort de sa mère en 1990, il a vécu seul dans la maison maternelle où sa soeur Jane, morte en 1980, n'aura jamais vécu, mais où Thea vient l'aider quand il a besoin d'elle:

Nous étions proches mais pas dans le sens ordinaire. Je sentais lorsqu'il avait des ennuis, même en Nouvelle-Zélande avec mes propres problèmes, John qui n'était pas bien et tous les soucis que j'avais en tête. Il n'avait même pas besoin de téléphoner, je le savais, parce qu'il y avait une connexion entre nous.

Thea se retrouve, en avril 2007, face à l'oeuvre monumentale, que March lui a léguée ainsi que sa maison, point final à leur longue relation, aussi originale que les milliers de gravures, bonnes et mauvaises, qu'il laisse derrière lui:

Malgré tout ce qu'elle m'inspirait, dit March en février 2006, c'est comme si dès les premiers jours de notre relation nous avions construit un pont dont, par consentement mutuel, nous n'avons jamais franchi le milieu, bien que ce pont nous connectât l'un à l'autre et que beaucoup de choses aient pu y circuler.

Si Stephen parle de l'homme tel qu'il le connaît pendant sa dernière année, le voyant faire du taïchi et échangeant avec lui notamment sur la poésie, Helena, qui se voit confier par Thea le sort de l'oeuvre, apprend à le connaître par elle:

Comme jamais personne n'avait écrit sur cette oeuvre, je pénétrais un territoire vierge sans être entravée par les opinions et les jugements. Je ne pouvais compter que sur mon instinct.

March était un génie. Pendant toute sa vie, personne d'autre que Thea ne le savait, hormis deux ou trois personnes, à qui il apportait et donnait des gravures (un coin du voile est levé à la fin sur le pourquoi de cette ignorance du public):

On n'avait aucune idée de combien il en avait fait ni de qui avait quoi ni d'où se trouvait l'ensemble de son travail  

Francis Richard

Le Graveur, Bronwyn Law-Viljoen, 304 pages, Zoé (traduit de l'anglais par Elisabeth Gilles)


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