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Covid-19 pandémie….Un français résidant au Vietnam :

Publié le 17 avril 2020 par Particommuniste34200

 « La France, ce pays en voie d’enveloppement »

(Vendredi 10 avril par auteur à lire – popularité 35%)

Sur le site de l’Obs., est paru sans commentaire le témoignage d’un français, que l’on ne peut pourtant pas taxer d’être communiste, et qui s’étonne de la différence de stratégie de lutte contre le virus, forcément liée aux moyens mis en œuvre qui sont d’une toute autre ampleur entre le Vietnam où il réside et où aucun mort n’est recensé à ce jour, et son pays d’origine.

On ressent du dépit dans ses propos, notamment dans ses préjugés anticommunistes mis en face du système qu’il est sensé défendre, le capitalisme qui est en pleine décrépitude…Entre autres j’apprécie beaucoup sa phrase de conclusion.

Encore une remarque : l’auteur se plaint de la disparition de l’Etat en France, et je pense que c’est tout le contraire. Tout communiste sait que la fonction principale de l’Etat bourgeois, c’est la répression ; et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fonction tourne à plein régime : ce ne sont pas les mutilés à vie des manifestations récentes qui nous contrediront.

PB

Michael Sibony, 33 ans, consultant indépendant en investissement immobilier, est en mission longue durée à Hanoï, la capitale du Vietnam :

« Vie d’Extrême Orient, la situation face à la pandémie ferait presque sourire si elle n’était pas tragique. Les pays progressistes imposent à leur population de se confiner et, en France, on enrobe cette privation de libertés d’un champ lexical martial et guerrier anachronique. C’est en observant de loin mon pays se débattre un constat s’impose. Au Vietnam, pays « en voie de développement », en guerre il y a cinquante ans, on compte à ce jour aucun mort (212 cas confirmés selon le décompte de l’université Johns-Hopkins, dont le suivi fait référence, NDLR). Plus petit, sa surface équivaut à la moitié de celle de la France, et plus peuplé avec 91 millions d’habitants (soit presque 40% de plus qu’en France), le Vietnam gère d’une tout autre manière la non-prolifération du virus, sans appeler à la guerre ni créer des psychoses dans les chaumières. Simplement, en confinant les personnes contaminées, en les testant et en identifiant les personnes risquant de l’être. Ces dernières sont isolées quatorze jours dans des hôtels d’Etat ou des bases militaires. Pas les autres. Quelques milliers de confinés au Vietnam, par rapport aux millions en France. Quant au reste de la population, les personnes sont incitées à rester chez elles, mais sans privation de libertés, sans ticket à imprimer pour sortir, comme si elles étaient rationnées (un confinement renforcé est entré en vigueur ce mercredi 1er avril pour quinze jours, afin de freiner la propagation du virus. NDLR).

C’est intégré : pour s’en sortir, il faut être collectif et responsable. La population entière porte le masque. Alors qu’en France en porter est considéré comme un acte presque malveillant ayant vocation à alimenter les peurs, ne pas en porter au Vietnam est une imbécilité coupable.

Bien sûr, l’Etat communiste et policier est présent. Avec leurs casquettes soviétiques et leur mini pick-up qui rappellent les petites voitures Majorettes des années 1980, ils quadrillent les quartiers en diffusant des consignes préventives avec des haut-parleurs. Toute la population reçoit un SMS quasi quotidien contenant des indications ou des avis de recherche de personnes à risque, là où, en France, on s’offusque de voir le gouvernement envoyer un seul message de ce type. Ne nous trompons pas de combat ?

La gestion de la crise n’a pas besoin d’être guerrière (d’ailleurs, par respect pour les rescapés des guerres, la décence devrait nous empêcher d’utiliser ce mot), mais simplement d’être organisée, préparée. Au Vietnam, les dépistages sont maîtrisés et utilisés en grand nombre. Ils sont même exportés, alors qu’en France même les médecins ont du mal à en bénéficier.

En tant que citoyen français, bien intégré et favorisé, je m’étonne d’être à ce point remonté contre les dirigeants de mon pays. Pur produit du système, je ne peux pourtant plus le supporter, ni le cautionner. Nous Français, qui nous targuons, avec sans doute un peu trop d’arrogance, de gérer des projets complexes, qui vendons notre savoir-faire en organisation pour construire des lignes de train et de métro (ö coïncidence, à Hanoï par exemple, des laboratoires P4 comme à Wuhan (ville au centre de la Chine et point de départ de l’épidémie) et des avions partout dans le monde, nous voilà incapables et réduits au chaos de décisions hésitantes, au choix de vie ou de mort des patients, et d’un virus dont les modalités de transmission ne résistent pourtant pas à la rigueur des gestes simples.

Où est l’état protecteur ?

  Le Vietnam, Etat presque insignifiant en matière de puissance économique, avec des infrastructures supposées défaillantes, s’avère méticuleux organisé. Il endigue ce virus de manière humaine et appliquée, pas à pas, puisque les cas sont encore comptés individuellement, et non pas en enfermant ses millions d’habitants chez eux. Où est l’Etat totalitaire ? Où est l’Etat protecteur ? Lequel est en faillite ?

Comme les expats qui ramènent leurs denrées préférées lorsqu’ils reviennent de leur pays d’origine, je me suis retrouvé, au moment de rentrer en France, à remplir ma valise de plusieurs litres de gel hydro alcoolique et de dizaines de masques, achetés dans une pharmacie quelconque de Hanoï. La pharmacienne a eu l’air surprise de me voir embarquer son stock. J’ai eu du mal à lui expliquer que nous savons fabriquer des TGV, mais que produire du savon, c’est trop compliqué. Et que lorsque les stocks manquent, au lieu d’avoir l’honnêteté intellectuelle d’assumer la non-préparation, on préfère expliquer que les masques sont inutiles voire dangereux.

Les pays en voie de développement veulent entrer dans une société de consommation, créer des infrastructures, un système de santé et d’éducation performant. Ils veulent du progrès en ont une définition, aussi contestable soit-elle.

En France, quel notre désir ? Où est notre progrès ? Nos institutions meurent en silence, les citoyens ne font plus confiance à l’Etat et aux services publics. Justice, Education, Santé….Ce qui faisait le rayonnement de la France et représentait un idéal à atteindre pour d’autres, se réduit comme peau de chagrin. Là encore, ouvrir les yeux sur les pays dits « en développement » que nous regardons de notre piédestal nous apprend une chose fondamentale : un pays sans Etat est un pays mort. Que devient l’Etat lorsque toutes ses émanations, toutes ses traductions les plus concrètes, s’évanouissent ?  Rien.

Que devient un pays sans Etat pour le défendre ? Rien. Même le libéralisme théorique dans la version keynésienne nous dit que ce sont des compétences fondamentales et le socle de l’Etat.

Cette crise sanitaire majeure met en lumière non pas la force d’un virus, mais la faiblesse et l’orgueil de notre pays supposé développé. Elle met en lumière la destruction de ce qui faisait notre beauté, notre idéal. Notre esbroufe aussi, puisque notre incompétence ne trompe plus personne, si ce n’est nous et notre gouvernement. Comme le serpent du « Livre de la jungle » qui s’autohypnose sans que ses interlocuteurs sont partis. Les beaux trains et les beaux avions ne nous servent à rien si nous ne sommes pas capables de protéger les plus fragiles d’entre nous. Den pays développé, nous nous sommes réveillés en pays enveloppé, avec un mal de crâne carabiné. Enveloppé d’un tissu soyeux, confortable, mais qui limite ses mouvements. Comme un linceul. Nous sortirons de cette crise, mais il faudra en tirer des leçons, demander des comptes (les bons, cette fois pas ceux des comptables) ; et surtout, se regarder dans le miroir au lieu de regarder nos mirages.

Et pour poser la bonne question : en tant qu’individu et en tant qu’Etat, vers quoi voulons nous aller ?


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